Une Sagesse qui s’incarne  

Une Sagesse qui s’incarne

 

Pierrette Daviau, Deborah

Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ?
[…]
Il est là le bonheur, il est là
 ! Il est là ! 

Christophe Maé

Cette question de Christophe Maé n’est-elle pas celle que toutes les personnes se posent un jour ou l’autre ? « Il est où le bonheur, il est où ? ». Pour moi, cette interrogation en rejoint une autre : « Elle est où la Sagesse ? Elle est où » ? Et cela me rappelle le cri de Job se demandant : « Mais la Sagesse, d’où provient-elle ? Où se trouve-t-elle, l’Intelligence ? » (Jb 28,12). D’où vient-elle donc la sagesse ? Puis-je répondre moi aussi : « Elle est là la Sagesse, Elle est là ! » Et si c’était vrai ? Si elle n’était pas cachée aux yeux de qui ouvre son cœur pour en connaître la demeure ? Ne serait-ce pas formidable ?

Oui, comme plusieurs personnes, je me suis souvent demandé à quelle enseigne se loge-t-Elle, la Sagesse ? Comment la trouver ? Où est-Elle ? Est-Elle vivante, active dans ma vie ? Puis-je dire comme Maé qui affirme « il est là le bonheur », « Elle est là, la Sagesse, Elle est là ! » ? Mais si j’y pense, si je regarde autour de moi et en moi, je peux la voir à l’œuvre.

N’est-Elle pas là quand je manifeste mes valeurs de tolérance, mes paroles d’indulgence, mes efforts de cohérence entre paroles et actions ? N’est-Elle pas présente et agissante quand la délicatesse et la bienveillance inspirent mes contacts ? La Sagesse, Elle est certes là quand je déploie mes potentialités, mes dons pour offrir le meilleur de moi-même à mon entourage. Et quand la douceur et la tendresse s’expriment dans mes gestes compatissants, dans ma quête de vérité ou dans ma recherche du bien commun.

Mais, pas évident de devenir comme cette Sagesse à acquérir : « […] pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde, féconde en bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie » (Jc 3,17).

Mais Elle est où encore la Sagesse ? Sans doute qu’Elle s’incarne dans ma vie quand je réclame du sens, de l’engagement, de la foi. Quand j’affirme mon espérance devant des situations destructrices, des mouvements décourageants, des évènements désespérants… Oui, Elle est là quand je m’applique à pratiquer la modération, à m’éloigner de l’excès, à être pondérée, à cultiver le bon sens, la prudence, l’absence de hardiesse.

« Moi, la Sagesse, j’ai pour demeure la prudence, j’ai découvert la science de l’opportunité […], je détiens conseil et succès ; moi j’aime ceux qui m’aiment et ceux qui sont en quête de moi me trouveront » (Pr 8,12;14;17).

Elle est où la Sagesse ? Elle est sans doute auprès de moi quand je participe à son activité créatrice, à la régénérescence du Cosmos. Car, ainsi que le proclame l’Écriture, Elle a joué un rôle immense dans la création de l’Univers, dans la création de l’être humain. Lorsque je m’implique dans la spiritualité de l’écologie, quand je protège l’environnement, je crois participer à cette Sagesse présente dès l’origine du monde.

« Le Seigneur m’a engendrée, prémices de son activité, prélude à ses œuvres anciennes. J’ai été sacrée depuis toujours dès les origines, dès les premiers temps de la Terre. Quand les abîmes n’étaient pas là, j’ai été enfantée » (cf. Pr 8,22-26).

Elle est là la Sagesse avec moi et avec toute personne en quête de bonheur, d’amitié, de rapprochement. Elle est là ; elle me désire : « Au sommet des hauteurs qui dominent la route, à la croisée des chemins, elle se dresse ; près des portes qui ouvrent la cité, sur les lieux de passage, elle crie : c’est vous braves gens que j’appelle, ma voix s’adresse à vous les humains » (Pr 8,1-4).

Et on me questionne : elle est où la Sagesse ? Puis-je affirmer qu’Elle vient de la Ruah du Tout-Puissant ? Elle désire me rendre habile, créative, capable d’inventer mon avenir, de travailler à mon bonheur, à celui des autres. C’est Elle qui parfois me donne l’intelligence pour comprendre certains mystères de la vie, pour m’expliquer ou m’aider à interpréter des situations confuses. Pourrait-Elle rendre prophétique grâce à l’expérience vécue en la recherchant ?

« La Sagesse est pour qui la cherche un trésor inépuisable, celles et ceux qui l’acquièrent gagnent l’amitié de Dieu et deviennent des prophètes » (Sg 7,14 et 27).

Comme Christophe Maé, je peux errer de tous bords et de tous côtés, mais ce que je désire surtout, c’est l’amour, l’amitié. La Sagesse ne veut que mon bonheur, ma pleine réalisation, mon épanouissement. Plus elle prend racine en moi, plus je veux l’approfondir ; plus je la cherche, plus je la trouve ; plus je deviens Sagesse, plus mon goût inné de bonheur, d’une vie réussie prend forme, se réalise.

« Je fus maître d’œuvre à son côté, objet de ses délices chaque jour, car, je fais mes délices jour après jour, jouant en sa présence en tout temps, jouant dans son univers terrestre, et trouvant mes plaisirs parmi les enfants des humains » (Pr 8,27-31).

Elle est là la Sagesse. Elle désire être communiquée, rayonner, être proclamée à celles et ceux qui m’entourent. Oui, la Sagesse me sollicite à vivre intensément. Tout comme les sages de l’Ancien Testament, Elle m’invite à délaisser le superficiel, à dépasser les apparences pour m’attacher de plus en plus à sa présence qui s’incarne dans mon quotidien et dans celui des autres êtres créés.

« Heureux∙se si tu m’écoutes, si tu veilles chaque jour à mes portes et en garde les montants. Car qui me trouve a trouvé la vie et il [ou elle] obtient la faveur de Yahweh » (Pr 8,34-35).

Elle est où la Sagesse ? Elle est là, la Sagesse : Elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du fils unique venu du Père (cf. Jn1,14).