ÉDUCATION À LA CONSCIENCE FÉMINISTE UNE PETITE HISTOIRE VRAIE SUR LA DIFFERENCE ENTRE LES SEXES

ÉDUCATION À LA CONSCIENCE FÉMINISTE UNE PETITE HISTOIRE VRAIE SUR LA DIFFÉRENCE ENTRE LES SEXES

Permettez-moi d’aborder un sujet aussi sérieux que l’éducation par une anecdote afin d’éveiller votre conscience joyeusement !

Nous sommes au début des années soixante-dix. Mon amie se nomme Thérèse. Elle a trois fils adolescents et un mari. Seule représentante du sexe féminin de cette cellule familiale, elle les convoque un jour autour de la table en les avisant de mettre une chemise ou un chandail blanc car c’est de la plus haute importance. Au centre de la table de la cuisine, elle a disposé un bol creux d’un assez grand format à moitié rempli d’eau. Ses hommes prennent place autour de la table. Thérèse reste debout.

Elle prend la parole et leur dit sur un ton de ras le bol : « Je vous avertis que je suis tannée de frotter les murs pleins de taches jaunes qui entourent le bol de la toilette ». Afin d’être bien comprise, elle accompagne sa déclaration d’une démonstration éloquente. Elle va chercher un pichet rempli de jus de tomate, se place au-dessus du grand bol creux à une distance équivalente à celle que vous imaginez facilement. Précisons à environ un pied et demi au-dessus du plat. Elle verse le jus de tomate avec un jet plus ou moins aligné au centre du plat. Il arriva ce qui devait arriver. Les chandails blancs de son mari et de ses trois fils sont éclaboussés de plusieurs dizaines de petits points rouges ! ! !

Thérèse leur dit :  » Vous avez deux choix : puisque c’est le fait que vous urinez debout qui salit le bas des murs, vous le laverez vous-mêmes à tour de rôle chaque semaine ou bien vous urinerez assis quand vous utiliserez la salle de bain familiale. Qu’ont-ils choisi pensez-vous ? ? ? Eh oui … faire pipi assis !

Quand mon amie raconte ce fait à ses frères, ils s’empressent de dénoncer à hauts cris qu’elle a castré psychologiquement ses fils et son mari. Qu’en est-il 30 ans plus tard ? Ses fils lui ont redit dernièrement qu’ils faisaient toujours pipi assis, dans la salle de bain familiale de « leur maison ». Les belles-filles remercient avec le sourire leur belle-mère pour ce geste » éducatif ». Quant à Thérèse, elle est divorcée et grand-mère d’une petite-fille et de trois petits-fils adorables ! Comme quoi faire pipi assis quand on est un homme n’empêche pas d’être viril et d’engendrer. Quand le partage des tâches entre les sexes ne se fait pas, prenons les grands moyens !

De l’individu « elle » à la collective

Il n’est pas rare depuis les dix dernières années de croiser des jeunes femmes dans la vingtaine qui sont sensibilisées à la violence subie par les femmes ici et ailleurs.

Plusieurs connaissent l’existence des ressources comme les Centres de femmes, les Maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, les Centres de santé qui offrent, entre autres, des services aux lesbiennes et les Calacs qui s’occupent d’agressions sexuelles vécues par les femmes. La plupart de ces organismes recrutent durant l’année des jeunes femmes stagiaires et des étudiantes en emploi d’été . Ces dernières ont l’occasion de remettre en question leurs préjugés sur le féminisme lorsqu’elles sont confrontées à des interventions concrètes auprès de femmes de tous âges aux prises avec de vrais problèmes d’injustice. Elles découvrent aussi la solidarité de leurs aînées avec les femmes d’ailleurs pour dénoncer des conditions de vie souvent pires qu’ici. Par exemple , elles signent des pétitions sur Internet pour une femme jugée le plus souvent par la loi des hommes et menacée d’être lapidée dans un pays musulman à l’autre bout de la planète. Pourtant lorsque nous demandons à ces femmes presque adultes si elles sont féministes, la réponse se fait timide et hésitante.  » C’est quoi le féminisme « , demandent-elles ? ? ?  » Oui je peux dire que .,. mais je n’ai pas vraiment de raison personnelle de l’être.  » Elles semblent d’accord avec le féminisme parce que les autres femmes sont brimées dans leurs droits, violentées ou discriminées. Elles comprennent que nous avons mené de dures luttes. Elles nous en remercient. Pourtant, plusieurs Leurs chums, leurs patrons, leurs collègues et leurs maris sont leurs « alter égaux ». Il n’y a pas de problème pour elles au sujet de leur sexe.  » Il faut inclure les gars dans la lutte avec nous « , disent plusieurs. d’entre elles. Tant mieux dans un sens mais … Tout se passe comme si la conscience personnelle n’enregistrait pas les données qui font la démonstration noir sur blanc du sexisme encore présent dans nos institutions et dans la vie quotidienne. Faut-il souffrir personnellement dans sa chair de femme pour devenir consciente de l’inégalité entre les sexes ? Faut-il un premier enfant ? Un premier congédiement ? Un parent malade ? Un divorce ?

Nous avons appris à nos filles à s’affirmer. Elles ont accès à l’université plus facilement. Le monde est-il pour autant équitable face à elles ? Non ! Ce monde est toujours aux hommes qui définissent majoritairement les règles du jeu politique, économique et religieux. Le savoir est un chemin privilégié pour l’éveil de la conscience, mais s’il n’est pas accompagné d’une bonne dose de courage, de solidarité et de passion pour la justice et la dignité des personnes, son pouvoir sera puissant, mais au service d’une élite, et non inventif.

Nos filles acceptent le féminisme comme raison sociale. C’est bien mais ça n’est pas suffisant. Elles s’afficheront sans doute plus jeunes que nous de manière personnelle. Être féministes d’âge en âge reste cependant un rêve à transmettre aussi à nos petites-filles. Peut-on se prendre à rêver que l’éducation à la conscience féministe fasse partie du programme d’éducation comme c’est le cas actuellement au primaire pour l’éducation au respect de l’environnement ? Apprendre à développer des relations égalitaires, donc sans abus de pouvoir, ne fait-il pas partie d’une écologie humaine saine et cohérente ?

Conclusion

L’éducation est un champ professionnel encore largement investi par les femmes. Les générations de nos filles influenceront sans doute le contenu des futurs programmes d’enseignement. Elles veilleront à ce que nous ne reculions pas.

Un dernier mot que je vous laisse sous forme de question. Si nos filles prennent le beau risque de suivre nos traces féministes, seront-elles aussi des femmes chrétiennes ? Pour ma part, je suis loin d’en être sûre ! Faites-moi savoir votre opinion là-dessus en m’envoyant un courriel à : beaulieuyo@hotmail.com Je vous lirai attentivement et vous reviendrai dans un prochain numéro.

Yolande Major, Myriam