LA COLÈRE, UNE ÉMOTION MAL ACCEPTÉE

LA COLÈRE, UNE ÉMOTION MAL ACCEPTÉE

Francine Dumais, Houlda

Peu d’entre nous se sentent à l’aise face à leur colère ou à celle des autres. Cette émotion est même considérée négativement ainsi que les personnes qui l’extériorisent. L’Église catholique la range d’ailleurs dans les péchés capitaux, qualifiés ainsi parce qu’ils peuvent en provoquer d’autres pires.

Qu’est-ce qui nous fait tant craindre l’expression de la colère ? C’est qu’on la confond souvent avec la violence. Une personne en colère élève souvent la voix sous l’influence de cette émotion. Peut-être craint-on qu’elle en vienne à crier puis à perdre le contrôle de ses actes ? Bien sûr, on constate fréquemment une escalade dans l’expression colérique : au début, on parle fort, puis on crie, on heurte brutalement les objets et parfois on frappe l’interlocuteur qui nous nargue. C’est pourquoi, enfant, on se faisait fréquemment interdire d’exprimer notre colère mais plutôt inviter à la réprimer. D’une émotion ouverte et franche, on la transforme ainsi en attitudes sournoises, en ironie ou en moqueries et même en mauvais tours.

Dans certaines circonstances, chez les adultes, on l’accepte plus facilement, par exemple, en politique, dans les campagnes électorales ou lors de certaines sessions parlementaires. Cependant une politicienne n’a pas le droit de montrer trop d’agressivité dans ses interventions sans se faire ridiculiser. Pensons à Pauline Marois lorsqu’elle plaidait cet automne avec émotion pour le maintien de la prédominance du français au Québec. Certains ont estimé qu’elle criait. À l’audition, j’ai plutôt perçu une sensible vibration dans sa voix. Il est vrai que la colère est très mal vue chez les femmes que l’on considère parfois comme hystériques dont le terme est d’origine grecque et signifie « utérus », organe typiquement féminin.

Bref la colère serait acceptable et ne ferait pas tant de dommages dans nos relations si nous apprenions à nous affirmer et à parler posément face à notre entourage. Ainsi on nous écouterait avec respect, sans crainte ni impatience parce que nous n’aurions pas besoin d’injurier les autres ou les circonstances en expliquant ce qui nous agresse ou nous fait souffrir. Cela nécessite un apprentissage à tout âge et certains auteurs comme Marshall B. Rosenberg ont développé une expertise dans la communication non-violente.  Dans un monde globalisé, où la puissance militaire est vue comme moyen de dissuasion ultime par sa force de frappe, une éducation à la paix et à la non-violence devient urgente chez nos leaders politiques qui ne savent pas vraiment comment communiquer pacifiquement entre eux et face à leur propre peuple.