LE DÉBAT SUR LA PORNOGRAPHIE : POUR ADULTES SEULEMENT

LE DÉBAT SUR LA PORNOGRAPHIE : « POUR ADULTES SEULEMENT »

par  Hélne Vézina

D’où vient cette difficulté de continuer la lutte contre la pornographie, de pousser plus loin nos revendications, d’obtenir des résultats positifs sur le changement social espéré ? Pourtant, ces dernières années il y a eu une montée d’énergie ; des groupes de pression se sont formés ; on a produit des films et des vidéos sur la violence faite aux femmes par le biais de la sexualité, avec des objectifs de conscientisation, pour lutter contre cette exploitation du corps des femmes servant de bénéfices aux producteurs de pornographie.

On peut se demander quel type d’éducation sexuelle une société se donne  à long terme et rapprocher cette lutte à celle du droit l’éducation sexuelle des enfants à l’école. Quelle alternative offre une société où l’industrie pornographique est rentable et même en pleine expansion, industrie qui continue de reproduire les valeurs de domination de l’homme sur le corps de la femme ? Le non-respect de la réalité des femmes dans leur façon de vivre leur sexualité que véhicule la pornographie constitue en soi une éducation répressive et faussée à la base pour les personne qui la reçoivent. Prenons en exemple les films qui associent la jouissance  à des actes de brutalité, de mutilation du corps de la femme (hard core) (d’où vient cette soif de la torture ?) comme si le plaisir découlait de la violence •••

C’est au nom d’un certain droit pour les hommes à des sensations, ou d’un soi-disant plaisir, que se fait l’apprentissage d’une sexualité vécue en fonction de ces modèles et scénarios (de comportement et non d’être).

La   crainte d’un éveil précoce de la sexualité des enfants est soulevée, mais au fond qu’est-ce qui est plus menaçant ? – de recevoir une éducation où l’enfant prend conscience de sa sexualité selon les étapes de son développement ou de recevoir une éducation par le biais de personnes qui associent plaisir/domination/pouvoir / mépris du corps de la femme, de son potentiel érotique ?

Certaine contestent le droit  à l’éducation sexuelle des enfants alors qu’une grande partie des adultes ne sont pas  conscients de l’aliénation (dans le sens de perte d’identité) qu’ils subissent en consommant des revues et films pornographiques. Est-ce un hasard si 99 % des violeurs sont des consommateurs de porno ? (Le Temps fou, avril 1982, p. 9)

C’est ce débat sur les valeurs qu’on voudrait susciter, afin de transformer à 1ong terme notre type de relation et d’éducation sexuelles, afin de contrecarrer et d’amoindrir les effets de la propagande pornographique sur la population.