À contretemps. Gérer moins, vivre mieux

À contretemps Gérer moins, vivre mieux

Marie Gratton

Le livre que je prends plaisir à vous présenter ici, les membres de L’autre Parole ont appris qu’il était en gestation au cours de nos rencontres des dernières années. Le fruit a si bien mûri, et Fides l’a si bien mis en marché qu’un large public devrait trouver agrément et profit à le parcourir lentement pour en apprécier pleinement la saveur et la profondeur.

À contretemps est un livre écrit avec un plan très détaillé. Il comporte un « Avant-propos » qui nous fait entrer dans le cheminement de notre auteure. Suit une « Introduction pour élargir la perspective ». Vient ensuite une première partie intitulée « La force du courant ». Suivent alors trois chapitres. Le premier, « De l’usine à la maison », le deuxième « Discours de la méthode », le troisième « De l’usine à la société : un transfert de valeurs ». Et pour finir, une « Conclusion ». Vous aurez deviné que chacun de ces trois chapitres comporte plusieurs subdivisions. Christine Lemaire ne fait pas que discourir sur la méthode, elle en use.

La deuxième partie s’intitule « La route et le paysage ». On y retrouve le chapitre 4 « Troubles de vision », le 5e « Question d’équilibre », et le 6e « Quelques réhabilitations afin d’équilibrer la marche ». Suit une « Conclusion ».

La troisième partie s’intitule « Conduire en Angleterre ». Les chapitres 7, 8 et 9 portent les titres suivants : « Dégager l’essentiel », « Le temps vivant » et « Sur la route ». Ils sont suivis d’une « Conclusion ». Le livre tout entier nous vaut une ultime « Conclusion » appelée « Autre temps, autres mœurs ». Quant à l’« Épilogue », j’avoue l’avoir lu les larmes aux yeux. En le parcourant à votre tour, vous comprendrez pourquoi. Finalement, nous avons droit à deux « Annexes », à une « Bibliographie » et à des « Remerciements ».

Après tout cela, j’ai sentiment de ne vous avoir encore rien dit. À contretemps n’est pas un livre qui se résume facilement. Si les titres de certains chapitres peuvent sembler énigmatiques, c’est qu’ils sont inattendus, tant et si bien que notre curiosité s’en trouve éveillée. J’ai eu l’impression en le lisant d’être entraînée dans une sorte de spirale où les expériences familiale, professionnelle, culturelle et spirituelle de l’auteure se déploient sous nos yeux, dans une logique irréprochable, et en même temps sur un ton imprégné de fantaisie, dans un style à la fois alerte et travaillé.

Christine Lemaire a tout fait : des études universitaires en Histoire, elle est une diplômée des Hautes Études Commerciales, a mené une carrière dans une importante entreprise, où elle a mis à profit ses connaissances en marketing et en gestion des personnels. Puis elle a décidé de « moins gérer » pour « vivre mieux ». Ce n’est pas une mince affaire que de retourner à la maison pour élever deux enfants, et tenter de reprendre son souffle après avoir mené tambour battant une vie trépidante.

Le livre comporte, à mon sens, avant toute autre considération, une fascinante réflexion sur le temps, sur sa gestion, grâce à un agenda, bien sûr, et sur l’évaluation scrupuleuse de son usage à travers la tenue d’un journal quotidien et d’un bilan annuel. Je disais plus haut que je m’étais sentie comme entraînée dans une spirale. J’y ai découvert en raccourci une vie riche d’expériences diverses et stimulantes, où le sérieux de la réflexion s’enrichit d’une foule d’exemples et d’anecdotes racontées souvent avec un humour qui charme et un accent de vérité qui émeut.

La bibliographie comporte un grand nombre d’ouvrages où il est question du temps, avec toutes ses composantes philosophiques, psychologiques, sociales, et j’en passe. « Glisser sur le temps », le « maîtriser », le « reconquérir », ralentir pour mieux le sentir passer, le « perdre » pour en jouir, ou parfois le sacrifier en le consacrant à l’essentiel, une fois qu’on l’a découvert… Apprendre à faire du sacré avec son temps ! Une excellente façon de mettre en lumière les « oui » de notre vie qui la valorisent, au lieu d’insister sur les « non » qui la déprécient.

Toute vie humaine est une histoire sacrée qui se déroule dans un temps qui parfois nous sert et parfois nous trahit. Le temps que Christine Lemaire a consacré à l’écriture de ce livre l’a très bien servie. Quant à moi, la réflexion que j’y ai trouvée sur le temps et sur son usage ― un sujet qui m’a habitée tout au long de ma vie — m’a rendue un peu plus sage. Quel bonheur ce serait, si tous les livres lus en faisaient autant !