BALLADE DES EXILÉES psaume 137

BALLADE DES EXILEES

inspirée du psaume 137

PSAUME POUR UN TEMPS DE DISGRACE

Marie Gratton Boucher – Myriam

Au bord des fleuves de tous les exils
auxquels nous condamne le patriarcat,
nous nous tenons debout,
le temps n’est plus aux larmes,
aux peupliers d’alentour
reste hissée la bannière de nos combats.

Et c’est là que nos geôliers osent
nous demander des cantiques,
les ravisseurs de notre liberté chrétienne
nous commander des chants de joie.
« Chantez-nous, disent-ils,
un cantique de soumission,
là seulement vous trouverez
votre salut et votre gloire. »

Comment chanterions-nous
un cantique à l’Esprit qui libère
sur une terre où l’on nous traite en étrangères ?
Si je t’oublie, liberté chrétienne,
Que ma droite… et ma gauche se dessèchent !

Que ma langue s’attache à mon palais
si je perds ton souvenir,
toi qui fraternisas avec Jeanne,
Salomé, Marthe, Marie et la Samaritaine.
Mourront mes soeurs et mes filles,
mes frères et mes fils,
emportés par un même malentendu,
si je ne mets pas ton message libérateur
au plus haut de ma joie !

Souviens-toi de nous,
inaugurateur de la nouvelle Alliance,
contre les défenseurs et les détenteurs
du pouvoir patriarcal
que perpétue ton Église.

Souviens-toi de nous quand ils disent :
« Femmes, vous n’avez pas de place parmi nous,
tenez-vous à l’écart, restez soumises.
Quel autre honneur vous faut-il ?
Comme soeurs, comme mères, comme servantes,
mésestimeriez-vous, ingrates, le privilège
d’être l’escabeau de nos pieds ? »

Patriarcat dévastateur,
nous n’appelons pas contre toi le feu du ciel,
déjà tu trembles sur tes bases,
nous ne souhaitons pas que tu paies davantage
le prix des maux que tu nous valus.
Heureux cependant qui saisira les signes des temps
et brisera les jougs qui nous oppriment,
qui pavera la voie pour le retour des exilées.
Heureux les hommes de bonne volonté
prisonniers eux aussi de la forteresse patriarcale
qui souhaitent remiser les trônes,
descendre les ponts-levis et combler les fossés.

Au bord des fleuves de tous les exils,
nous nous tenons debout,
le temps n’est plus aux larmes,
(peut-être n’est-il même plus aux revendications).

Au bord des fleuves de tous les exils,
fortes de ta mémoire, fils de Marie,
pour la justice,
nous bâtissons !