Chocolat,

Chocolat,

le livre : pour saliver, rire et pleurer

L’auteure, Joanne Harris, situe son roman entre le Mardi gras et le lundi de Pâques. Elle nous tient en haleine en présentant l’éphéméride ou le récit des événements quotidiens survenus dans la vie d’une propriétaire de chocolaterie et dans celle du curé du village. Le profane et le sacré, le chocolat et l’hostie, les plaisirs et les mortifications, la joie de vivre et la culpabilité : voilà le va-et-vient qui anime ce roman.

Si le décalage de quelque trente ans qui marque les discours des deux protagonistes ne permet pas d’en faire un grand roman, il ne faut pas renoncer pour autant aux plaisirs que ce récit vous apportera. En effet, l’auteure sait établir une dynamique intéressante entre deux mondes : le monde du curé du village qui tient un discours archaïque et le monde de Vianne, la propriétaire de la chocolaterie, qui présente une manière de vivre teintée des revendications féministes des années 70.

De plus, à parcourir ce roman, vous aurez le loisir de vous enivrer des parfums de la rosé, de la vanille, des senteurs du gingembre, des épices… Vous saliverez en pensant aux cerises à l’eau-de-vie, aux pralinés, aux amandines, aux nids de caramel filé garnis d’oeufs en sucre et surmontés d’une poule en chocolat bien dodue. Enfin, vous serez tentés de parfumer vos chocolats chauds à l’alcool et votre café aux copeaux de chocolat à la Praline.

C’est aussi un livre sur l’amitié entre femmes, entre générations et entre âmes seules. C’est un roman sur les difficultés rencontrées quand on accède à une nouvelle classe sociale et que l’on refuse le passé. C’est un conte sur l’ancienne et la nouvelle façon de vivre les relations mère-fille. C’est le récit de l’autre,  l’étrangère ou l’étranger qui arrive dans une petite communauté tricotée serrée. Enfin, c’est la joie à préparer la fête tout autant qu’à la vivre.

Il n’est donc pas surprenant qu’on ait fait un film de ce roman car, en le lisant, me sont venus à la pensée d’autres films d’hier et d’aujourd’hui comme Harold et Maude, Le Festin de Babette et Les enfants du Marais.

MONIQUE HAMELIN

Chocolat par Jeanne Harris, traduction Anouk Neuhoff. Libre Expression 2000.