DES FANTOMMES D’EUCHARISTIE ?

DES FANTOMMES D’EUCHARISTIE ?

par Joce-Lyne Biron

présentait une entrevue avec la codirectrice du Centre Don

Quichotte à Washington1, Dolly Pomerleau. Cette entrevue portait sur les femmes qui célèbrent l’Eucharistie aux Etats-Unis.

Il y a sept ans s’est amorcé un mouvement en vue de l’ordination des femmes dans l’Eglise catholique. L’Eglise officielle, hiérarchique et patriarcale s’y oppose, mais il n’en demeure pas moins que de nombreuses femmes se sentent appelées par le Seigneur et par leur communauté.

Bien que Mgr Malone, qui dirige le secrétariat du Comité des évêques sur la doctrine, la recherche et les pratique pastorales, dit que « les Eucharisties de femmes sont des fantômes d’Eucharisties », plus de cinq cents américaines catholiques n’en célèbrent pas moins l’Eucharistie au cours d•activités « underground ». Ces femmes sont, comme au commencement de l’Eglise, appelées par leur communauté composée de femmes, mais aussi d’hommes. Certaines militent en vue de la reconnaissance officielle de leur ministère par l’Eglise ; d’autres croient que cette reconnaissance serait superflue, car les communautés dans lesquelles elles célèbrent considèrent qu’il s’agit d’Eucharisties véritables.

Il y a quelques années, 40 % de l’opinion catholique américaine se disait favorables â l’ordination des femmes ; ce pourcentage croîtrait de 2 % par année.

Pour madame Pomerleau, c’est imposer des limites à la liberté de Dieu que de ne pas ordonner les femmes qui le désirent : « Si l’on dit que Dieu ne peut pas appeler les femmes à devenir prêtres, c’est un  blasphème. »

Consacrer l’Eucharistie, c’est un acte courageux que des femmes accomplissaient dans le secret jusqu’à l’an dernier. L’Eglise imposera-t-elle des sanctions qui pourraient aller jusqu’à l’excommunication ? Dolly Pomerleau ne le croit pas, ou alors il ne pourrait s’agir que de cas très rares. En effet, que risquent les célébrantes ? Très peu, les femmes n’ayant aucune fonction officielle, aucun pouvoir dans l’Eglise.

Par contre, quand cinq cents femmes, fidèles au « Faites ceci en mémoire de moi » sont des rassembleuses d’hommes et de femmes, cela ne peut pas ne pas faire avancer la cause de la justice et la liberté dans l’Eglise.

Il y a des rêves deliberté et de justice – si ­non des utopies – qui sontporteurs d’espérance et qui font vivre. Peut-êtrequ’un jour ceux qui exercentl’autorité dans l’Eglise apprendront-ils à l’exercerpleinement. Ils permettront ;

 

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ils accepteront qu’il n1’y aitplus ni homme, ni femme, maisdes êtres qui acceptent depousser le risque de la liberté, jusqu’à donner cette liberté ; c’est cette conditionseulement que des vies defemmes – et d’hommes – peuventêtre fécondes.

Le Centre se consacre à la défense de la justice sociale. On lira aussi avec intérêt « Les femmes américaines célèbrent », dans Femmes et hommes dans l’Eglise, septembre 1981.