Un brin d’humour Des fleurs et des couleurs dans la grande noirceur

Un brin d’humour

Des fleurs et des couleurs dans la grande noirceur

Soeur Rosé Lebrun et soeur Blanche Leroux, deux soeurs grises, reçoivent du père Alonzo Paradis, un père blanc encore vert, malgré de longues années passées sur le continent noir, une invitation qu’elles ne peuvent refuser. Il leur propose de recruter parmi leurs connaissances des responsables pour animer différents groupes de fidèles qui vivent sous sa tutelle en terre de mission. Nos deux zélées religieuses songent tout de suite à offrir leurs services, mais leur supérieure, Fleurette Duclos, ne l’entend pas de cette oreille, et désigne d’office les soeurs Marguerite Després, Rose-Aimée Desrosiers, Flore Duval, Jacinthe Fleury, Anémone Dubois, Fleur-Ange Descôteaux, Amaryllis Laforêt, Violette de Beaumont, Pâquerette Deschamps, Églantine Desjardins et une jeune postulante, Daisy Field. Les abbés Trefflé Bellefleur et Hyacinthe Jasmin s’offrent à les accompagner. Toutes ces fleurs cueillies en leur jeunesse par le Seigneur sont prêtes, obéissance oblige, à s’épanouir à l’ombre des grands baobabs et des luxuriants palétuviers.

Le père Alonzo Paradis voit rouge en recevant cette liste. « Ces bonnes sœurs n’ont rien compris. Ce sont uniquement des hommes, des aumôniers qu’il me faut. Qu’elles restent plantées dans l’ombre de leur couvent, qu’elles apprennent enfin quelle est leur place ! » II repasse donc sa commande avec, cette fois, un grand luxe de précisions. Soeur Rosé et soeur Blanche se remettent à la tâche. C’est ainsi qu’elles ont trouvé des aumôniers pour encadrer ou bénir…

les écoliers : l’abbé Cédaire, > les responsables des activités sportives : l’abbé Cyclette, > les infirmes : l’abbé Quille, > les agents du fisc : le père Cepteur, > les sorciers de village : le père Spicace, > les musiciens de village : le père Cussionniste, > les vieillards : le père Durable, > les militants politiques à tendance communiste : le père S. Troïka, > les militants pour des réformes fiscales : le père Équation, > les mineurs : le père Foreuse, > les jardiniers : le père Venche, > les sages-femmes : le père I. Durale, > les soldats en congé : le père Missionnaire, > les prisonniers : le père A. Perpette, > les religieuses : l’abbé Névole,> l’aumônier des aumôniers : le père Imé.

Je vous laisse deviner si, en recevant ces propositions, le père Alonzo Paradis a ri jaune, s’il est entré dans une colère noire ou si, ayant enfin vu la lumière, il aura dorénavant une peur bleue de la grande noirceur.

MARIE GRATTON, MYRIAM