DORIS LESSING : PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 2007

DORIS LESSING : PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 2007

Louise Melançon, Myriam

Quand le choix du comité Nobel pour le prix de littérature a été connu, en ce 21 octobre 2007, les médias ont manifesté leur surprise tout autant que la récipiendaire elle-même, l’écrivaine britannique, Doris Lessing. Son nom ayant été longtemps sur la liste, on croyait que la candidature de la vieille dame de Gondar Gardens n’était plus d’actualité.

Née en Iran le 22 octobre 1919 (elle obtient donc le Nobel à la veille de ses 88 ans !), elle passa la première partie de sa vie en Afrique, dans l’ancienne colonie britannique de Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe). Elle en parlera dans la première partie de son autobiographie, Dans ma peau (Albin Michel 1995). Elle fut connue surtout par Les enfants de la violence, saga en cinq volets qu’elle écrivit au cours des années 1950 et 1960, sorte d’autobiographie détournée à travers le personnage central de Martha Quest. Elle obtient le prix Médicis étranger 1976 pour son livre Le Carnet d’Or écrit en 1962. Ce livre dont le personnage, Anna Wulf, est une romancière qui écrit son journal à travers divers Carnets (noir, rouge, bleu, jaune…) est devenu un icône du féminisme des années 60-70. On trouve dans ces carnets des réflexions sur l’Afrique, la politique, les rapports aux hommes et l’érotisme, l’analyse jungienne et les rêves… Même si elle met en scène des femmes surtout, elle n’accepte pas de se voir dans la peau d’une féministe dogmatique… Elle qu’on surnommait “le Tigre” dans son enfance, refusait toutes les catégorisations, toutes les étiquettes. Rebelle, sauvage, avec son franc-parler, Doris Lessing est une femme engagée (elle quitta le parti communiste en 1956…), longtemps interdite de séjour en Rhodésie et encore indésirable au Zimbabwe pour ses propos critiques au sujet de Mugabe. Elle a souvent suscité la controverse, en particulier avec les féministes. En 2001, au festival du livre d’Edimbourg, elle disait que les féministes étaient devenues “horribles avec les hommes”. Et lors de la parution de son dernier livre Un enfant de l’amour (Flammarion, 2007), de passage à Paris, elle réitérait ce jugement : “Après avoir fait une révolution, beaucoup de femmes se sont fourvoyées, n’ont en fait rien compris. Par dogmatisme. Par absence d’analyse historique. Par renoncement à la pensée. Par manque dramatique d’humour.” (Le Monde des livres, 28 septembre 2007)

Je considère, personnellement, que c’est précieux d’avoir de ces femmes libres qui nous rappellent que le féminisme peut être une idéologie – comme toutes les autres – qui risque de réduire la réalité au nom d’une perspective trop étroite, ou d’un plan d’action de lutte très ciblée1.

1. Pour cette présentation, je me suis servi de diverses lectures faites sur Internet.