Es sens de femmes

Es sens de femmes

 

Dans le désert qui précède l’enfantement

J’ai erré longuement pensant être seule.

Prise dans le désarroi, j’ai traîné mon linceul

Comme une vieille peau marquée par l’isolement.

Guidée par la conscience, je me suis éveillée.

Le passage franchi, vaincu, m’a libérée.

À la vie, j’ai affirmé mon intégrité.

Réceptacle vierge, j’incarne la pureté.

Oh mon dieu que c’est lourd que de naître « n’être » femme !

Ils n’ont point voulu de la pureté nouvelle,

Prisonnière dans un sexe renié. En tutelle.

Porteuse du cycle infernal de toutes les femmes.

Qui suis-je donc ? Comment construire mon identité ?

Toutes les références sont biaisées, tout est faussé.

Une honte sortie d’un imaginaire désaxé

Me vide, me contraint. Je suis dépossédée.

L’homme-dieu a créé un monde à son image

Où le pouvoir se définit dans l’oppression.

Patriarcat ingrat, tu causes la destruction.

Hors du partenariat, tu imposes l’esclavage.

Le silence exprime la terreur des humiliées :

Femmes impuissantes, confuses, déprimées,

Paralysées dans une morbide passivité,

Elles demeurent toujours dans l’improductivité.

Captives entre leur intelligence et ce mal « mâle » d’être,

Elles n’ont que le doute pour se sentir vivantes.

Sensibles à leur vivacité en attente,

Elles ressentent le besoin de se reconnaître.

Conscientes qu’elles laissent étouffer leur liberté,

Elles portent une réflexion pour de la nouveauté.

Initiatrices dans la créativité,

Elles proposent un changement de mentalité.

Les femmes se rallient entre elles, démasquent les leurres,

L’exploitation et les situations d’abus.

Elles revendiquent des droits, des actions reconnues

Qui invitent à la mise en place d’un monde meilleur.

Chaque être a le droit de vivre en toute dignité.

Chaque être a le droit de vivre dans la prospérité.

Chaque être a le droit de vivre en sécurité.

Chaque être a le droit à sa sexualité.

Ce mouvement de mondialisation solidaire

Où les femmes marcheront pour transmettre leur foi,

Laissera des traces afin d’enseigner la voie

Qui éclairera les pas de ce millénaire.

L’essence de femme que je porte dans l’éternité,

Je la vis comme un trésor à partager

Dans l’intimité, dans la collectivité.

Vivons des relations dans l’authenticité.

JOHANNA LEBLANC, JULIE LANGEVIN

En toute sororité, 7 janvier 2000