Exploration de l’univers d’Eugen Drewermann
De plus en plus d’ouvrages d’Eugen Drewermann sont maintenant accessibles en français. Mais une question se pose : par où commencer si on veut, d’une part, se familiariser avec les thèmes majeurs qu’il déploie dans une oeuvre qui, d’année en année, semble vouloir s’amplifier sans fin et, d’autre part, ne pas s’y perdre faute de points de repère ? Une sorte d’itinéraire de lecture paraît d’autant plus utile qu’on estime n’avoir qu’un temps limité à consacrer à l’exploration de la pensée de cet auteur, devenu comme on dit « incontournable » pour qui s’intéresse aux grands débats théologiques actuels et pour qui consent à se laisser sinon séduire, du moins questionner, par ce penseur audacieux et prolixe. Drewermann est aussi à l’aise dans l’univers de la psychanalyse que dans celui de l’exploration des grands mythes propres à toutes les cultures et à toutes les grandes religions en passant, bien sûr, par la théologie dogmatique et morale.
De Drewermann tout le monde connaît Fonctionnaires de Dieu ; c’est par cette porte que je suis personnellement entrée dans son oeuvre, et c’est elle qui m’a ouvert l’appétit. Mais si une pareille brique vous rebute, je vous invite à entrer dans l’oeuvre drewermannienne par Les Voies du coeur. Le livre est composé de deux parties. Dans une première vous trouverez deux conférences du Dalaï Lama. Malgré l’immense admiration que je porte à ce remarquable chef religieux tibétain, j’avoue avoir été un peu déçue par leur contenu. Dans la deuxième portion du volume vous retrouverez Eugen Drewermann et quelques-unes de ses préoccupations fondamentales. Il consacre à un commentaire sur le Pater des pages vibrantes et poétiques dignes de figurer dans une anthologie.
Dans Dieu immédiat, une série de courts entretiens avec une journaliste, on voit défiler les thèmes que d’autres ouvrages viendront approfondir. Mais le genre littéraire s’y prêtant, les formules lapidaires contribuent à accentuer l’expression d’une pensée critique, et parfois même caustique, à l’égard de l’Église institutionnelle.
L’Église doit-elle mourir ? est aussi un ouvrage où l’auteur répond succinctement, beaucoup trop à mon gré, à quelques questions qui reviennent à maintes reprises dans l’ensemble de son oeuvre. Le titre est cependant trompeur et a dû être choisi pour accrocher le public. Les éditeurs français prennent souvent ce genre de liberté avec les titres allemands de Drewermann ; on peut le regretter.
Les opinions divergent quant au féminisme professé par le théologien de Paderborn. Pour se faire une idée quoi de mieux que de lire L’Évangile des femmes.
Une amie m’a dit avoir été très touchée par Quand le ciel touche la terre. Je me propose de le lire très bientôt.
Si vous disposez de plus de temps et si l’appétit vous est venu en mangeant, plongez plus avant dans l’univers drewermannien ; ne ratez pas au passage La Parole qui guérit et Dieu en toute liberté ! Mais quel dommage en choisissant de renoncer à tant de possibles !
MARIE GRATTON, MYRIAM
Bibliographie
. Fonctionnaires de Dieu, Paris, Albin Michel, 1993.
. Quand le ciel touche la terre, Prédication sur les paraboles de Jésus, Paris, Stock, 1994.
. Les Voies du coeur, non-violence et dialogue entre les religions. Dalaï Lama et Eugen Drewermann, Paris, Cerf, 1993.
. Dieu immédiat, Entretiens d’Eugen Drewermann avec Gnewndoline Jarczyk, Paris, D.D.B., 1995.
. L’Église doit-elle mourir ? Un entretien avec Felizitas von Schônborn, Paris, Stock, 1997.
. Dieu en toute liberté — Psychologie des profondeurs et religion, Paris, Albin Michel, 1996.
. La Parole qui guérit, Paris, Cerf, 1993.
. L’Évangile des femmes, Paris, Seuil, 1996.