Féminisme et religion au Québec à partir de 1960

Féminisme et religion au Québec à partir de 1960 (résume d’une communication présentée à la Société Canadienne pour l’étude de la Religion, à Frédéricton, le 3 juin 1977)

Cette recherche poursuivait comme objectif global de montrer qu’il existe au Québec un début de conscientisation face à la situation de la femme dans l’Eglise, particulièrement dans l’Eglise catholique.

Dans un premier temps, j’ai dressé un inventaire des événements et des témoignages qui indiquent qu’il y a une ouverture progressive à la participation de la femme. Quelques déclarations des évêques canadiens, les dossiers de l’Archevêché de Montréal, de la CRC (Conférence Religieuse Canadienne), la présence des femmes dans la pastorale paroissiale, diocésaine, dans l’enseignement de la théologie, des articles dans les revues Maintenant, Relations, L’Eglise Canadienne, des thèses de maîtrise et de doctorat, un nouveau projet de regroupement des théologiennes, constituent un bilan favorable à une émergence plus forte des femmes dans le milieu religieux.

Dans un deuxième temps, consacré à l’analyse et à l’évaluation du matériel recueilli, j’ai remarqué que les interventions des Québécoises font à la fois preuve d’un esprit critique et créateur. Plusieurs critiquent une Eglise qui leur apparaît une société cléricale aliénante pour les femmes, peu cohérentes dans la pratique avec des affirmations théoriques d’égalité des sexes et prônant trop exclusivement la maternité pour les femmes. Un petit nombre d’entre elles perçoivent que les femmes sont passives, peu sensibilisées à leur situation d’infériorité dans l’Eglise et conséquemment ne s’engagent que très peu dans des fonctions décisionnelles. Finalement, plusieurs femmes démontrent un désir de créativité allant de l’humanisation des structures à l’émergence de nouveaux ministères.

Dans un troisième temps, j’ai tenté de situer les efforts québécois par rapport à l’ensemble de l’entreprise féministe telle qu’elle se présente aux Etats-Unis, en Europe, en Ontario.

En conclusion. j’ai énoncé six observations :

1. Les Québécoises connaissent, elles aussi, leur Révolution tranquille. Constatant l’emprise progressive du mouvement féministe à travers le monde, elles commencent à réagir. Le militantisme du milieu américain ; l’ouverture des Eglises protestantes provoquent les Québécoises à revendiquer une plus grande participation au plan religieux. Les forces extérieures finiront par leur faire prendre conscience que l’époque du matriarcat est révolue et qu’il faut opter pour une égalité sans réticence dans l’Eglise comme dans la société.

2.        Les Québécoises croient plus en la force de la vie que dans les écrits et la prise de parole. Peu de femmes tentent de défendre leurs idées par la plume ou par des conférences. d’une part, les femmes travers le monde n’ont pas de tradition de ce côté-là ; d’autre part, elles savent expérientiellement que la vie finira bien par triompher des obstacles. Toutefois, des dossiers, des articles de revues sont publiés plus fréquemment sur les femmes et par les femmes au sujet de la religion.

3.        Le ton des interventions des Québécoises est plutôt conciliant, montrant peu d’agressivité. Elles n’osent pas afficher leurs divergences avec 1’autorité hiérarchique masculine, ni bousculer un clergé perçu comme « assez compréhensif ».

4.        La concertation des femmes en vue d’une amélioration de leur participation dans l’Eglise est faible et lente à créer, Les femmes qui prennent des initiatives en ce sens doivent être persévérantes.

5, Devant les portes qui souvent progressivement devant elles, les Québécoises s’engagent de plus en plus aux divers niveaux de la pastorale paroissiale, diocésaine et dans des organismes nationaux. Elles sont aussi attirées par l’étude, l’enseignement et la recherche dans le domaine théologique.

6. Les femmes au Québec s’engagent dans une tâche surtout positive. Elles ne désirent pas majoritairement 1’accession au ministère sacerdotal, tel qu’il existe actuellement ; elles essaient de découvrir de nouveaux ministères qui répondront à leurs aspirations et à leurs capacités.

Rimouski   Monique Dumais