FRANCHIR LE MIROIR PATRIARCAL

FRANCHIR LE MIROIR PATRIARCAL

Monique Dumais, Houlda

3 avril 2007, Michel Maillé des Éditions Fides m’informe par courriel que les exemplaires de l’ouvrage sur Théologies et genres, sous le titre de Franchir le miroir patriarcal viennent d’être livrés à leur nouveau bureau.  Allélluia !  Il s’agit des actes du congrès de la Société canadienne de théologie de l’automne 2001.  La patience très persévérante vient à bout de tout. Et le produit est toujours d’une grande actualité.

Seize auteures et auteurs ont donné des éléments d’analyse théologique très pertinents sur les genres féminin et masculin. La liste de leurs contributions est amplement significative : Introduction, Michel-M. Campbell ; « Penser le genre dans la théologie catholique »,  Marie-Andrée Roy ; « La question du genre.  Un féminisme théologique en contexte québécois », Denise Couture ; « Le poids du “genre” dans les fondements bibliques de l’exclusion des femmes du sacerdoce ministériel », Olivette Genest ; « Résister au texte pour repenser les “genres” ? Expérimentation herméneutique à partir de Rm 1, 18-32 », Alain Gignac ; « La figure de Phoébé (Rm 16, 1-2) : un modèle pour repenser les ministères féminins aujourd’hui », Sylvie Paquette Lessard ; « Analyse de genre et recherche-action en pastorale », Pierrette Daviau ; « Développement et Église : infiltration par le genre ? », Martine Floret ; « La prostitution et le rapport à la prostitution, un lieu privilégié pour l’analyse des rapports de genres dans l’Église et la société », Jean-Guy Nadeau ; « L’autre de la différence : la femme. Une perspective irigarienne », Mélany Bisson ; « Genre et altérité : enjeux sociaux, psychiques et religieux. Violence ou personnalisation ? », Claude Mailloux ; « Homme et femme dans la pensée organique », Jean Richard ; « Les aidantes en milieu naturel et le temps. Essai de théologie pratique », Anne-Marie Chapleau, Nicole Bouchard et Claude Gilbert ; « Pour une éthique du souffle et du nomadisme », Monique Dumais ; « La reconstruction féministe de Dieu/e chez Rosemary Radford Ruether, Sallie McFague et Elizabeth A. Johnson », Hélène  Businger-Chassot ; « L’être masculin selon Jean-Paul II : le gardien des identités sexuelles et génériques originelles », Patrick Snyder.

Et je termine l’ouvrage que j’ai dirigé par une

Invitation finale

 Franchir, traverser le miroir patriarcal, faire le passage vers un ailleurs. Alice ne désire-t-elle pas toujours le pays des merveilles ?  L’invitation d’aller de l’avant se fait pressante tout au long des multiples textes de ce volume. Je n’ai cessé de l’entendre selon des voix diverses et variées en les lisant et relisant pour la finalisation de la publication.

« Passons sur l’autre rive. » (Mc 4, 35). La requête se manifeste depuis plusieurs siècles.  Mais il est toujours difficile et déstabilisant de quitter les territoires connus pour cheminer sur des voies nouvelles.  La tradition, les interprétations exégétiques, les orientations morales pèsent lourd dans une direction où les hommes ont des droits acquis et les femmes des devoirs à remplir. Pourtant, des traces se faufilent, des appels émergent, des champs herméneutiques s’élargissent.

L’écoute devient un processus nécessaire pour faire advenir les changements. La qualité de la réception fait encore défaut dans nos institutions et milieux ecclésiaux. Pourtant, les signes des temps sont visibles au milieu de l’évolution de nos sociétés contemporaines. De même, les colloques et congrès prennent place pour montrer les urgences et les attentes dans la compréhension des genres.  L’Esprit souffle, ne le sentons-nous pas ?  Nos raisonnements et nos logiques dépassés ont-ils fait tarir toutes nos émotions de créativité et d’attente d’un monde nouveau ?

Une théologie du passage se profile avec bonheur.  Les passages sont si nombreux dans notre vie chrétienne : des ténèbres à la lumière, des lieux d’esclavage à la terre promise de la libération, de la maladie à la santé retrouvée, de la mort à la vie, de la mort à la résurrection en Christ.  « La puissance de la résurrection » (Ph 3, 10) est toujours à l’œuvre  et façonne la glaise de nos origines.  Comment ne pas nous laisser inviter par ces passages et leur donner en pleine liberté et en toute espérance des possibilités de réalisation ?

Cet ouvrage m’apparaît comme une immense invitation à passer les frontières patriarcales. Hommes et femmes pourront enfin trouver des terres inexplorées ou oubliées qui leur permettront de s’exprimer et d’agir selon leur désir originel,  de tracer sans crainte et avec audace leurs voies d’accomplissement.