La poésie marinière

La poésie marinière

Léona Deschamps, Houlda

En haute mer,

dans le silence de la mer écoutante,

entre les replis mouillés de son silence mariné de sel et baigné de soleil,

des bancs de mots glacés de lune et crépitants d’étincelles

frissonnent devant le filet de la poésie.

 Doucement,

au rythme musagète de ses émotions,

des brochettes de mots poissonneux s’entassent dans le réseau des mailles.

Capture magique !

Anguille – brochet, Carpe – épinoche,

Hareng – morue, Perche – truite, Sardine – saumon,

Brochet – sardine, Carpe – truite, Épinoche – morue.

 Vivement,

au gré des raz de marée,

des mots de lames de fond apparaissent à fleur d’eau,

dans l’inconscience de la poésie.

Capture surprise !

Anémone – coquillage, Étoile–de-mer,

Éponge – méduse, Huître – perlière.

 Avec ces mots doux et vifs,

les ressacs agiteront des courants de vie amoureuse

ou briseront aux falaises des milliers de vagues à l’âme.

 Avec ces mots doux et vifs,

les gerbes d’écumes accueilleront, comme des bateaux ivres,

des flots d’illusions et d’allusions au bonheur.

 Avec ces mots doux et vifs,

la marée adossera à la passion des vagues,

diverses angoisses oppressantes accompagnées d’anxieux souvenirs.

 Avec ces mots doux et vifs,

au rythme des courants marins, s’étendra, au sable du songe,

l’écoute de la mémoire du monde pour délier l’obscur poème de ses origines.

 Mais, la poésie marinière, née en haute mer à l’heure de la marée montante,

née dans l’émerveillement des mots poissonneux et des mots de lames de fond,

s’envola joyeusement vers la plage où la rêvaient, sous le soleil du midi,

des milliers de poètes…