ITINÉRAIRE DE PROMENADES D’ÉTÉ
Durant les longues soirées d’été ou pendant les vacances, quel plaisir de se balader sur les routes de nos alentours ou d’un peu plus loin ! Pourquoi ne pas en profiter pour visiter des lieux qui chantent encore la mémoire de femmes, maîtresses d’oeuvres impérissables. Ils sont nombreux ces lieux et elles sont nombreuses nos aïeules à avoir laissé leurs marques tangibles sur notre terroir. Nous allons passer un pacte, vous voulez bien ? Je vous parle de trois de ces lieux, ici dans la région métropolitaine, et, en retour, vous nous écrivez vos propres découvertes afin que l’an prochain nous puissions inviter nos lectrices, dans ce même feuillet de L’autre parole, à emprunter, à leur tour, les sentiers dont vous nous aurez parlé. Allons-y !
Jeanne Mance
A Montréal même, au 251 avenue des Pins ouest, coin Saint-Urbain, près de l’Hôtel-Dieu, voici le CENTRE JEANNE MANCE. On y trouve le tombeau de cette laïque ainsi que de nombreux souvenirs de sa vie et de son oeuvre. Fondatrice de Montréal, en même temps que monsieur de Maisonneuve, elle s’installe dans le Vieux-Montréal, rue Saint-Paul, en 1642, pour soigner les marins et les autochtones. Elle devient la première infirmière en Amérique du Nord ! En 1861, l’hôpital déménage sur le site de l’actuel Hôtel-Dieu de Montréal. Les restes de Jeanne Mance, son exemple et son souvenir seront gardés pour nous par les soins des Hospitalières de Saint-Joseph, congrégation de religieuses fondée par Jérôme Leroyer de la Dauversière.
Il faut appeler soeur Thérèse Payer au 844-3961 et prendre rendez-vous. Avec elle, en visitant le Centre Jeanne-Mance, la belle chapelle de l’Hôtel-Dieu ainsi que de toutes petites chapelles parsemées dans les jardins, on remonte le chemin de l’histoire toujours actuelle du dévouement des soignantes professionnelles, bénévoles ou simplement maternelles. On découvre les gestes posés, souvent issus de luttes avec les autorités politiques ou ecclésiales, qui ont donné à la charité et à la bonté quotidiennes des femmes leurs lettres de noblesse dans la vie publique.
Marguerite Bourgeois
Un peu plus vers le sud, précisément à Pointe Saint-Charles, en passant par la rue Wellington, on arrive à la ferme Saint-Gabriel où se trouve le musée Saint- Gabriel dont l’adresse civique, dans l’annuaire, est le 2146 de la rue Favard, mais dont l’emplacement réel porte le nom de Place Dublin. Numéro de téléphone :
935-8136. Tous les jours de la semaine, sauf le lundi, des visites guidées ont lieu : à 13h30 et à 15h, et le dimanche à 13h30, 14h30 et 15h30. Ici, nous rencontrons Marguerite Bourgeoys, fondatrice, au dix-septième siècle, de la Congrégation Notre-Dame destinée à l’enseignement. C’est dans ces bâtiments du Musée, où sont conservés les beaux meubles du XVIIe et XVIIle siècles tout entourés des souvenirs et d’objets de ce temps, que Marguerite Bourgeoys a abrité, de 1663 à 1673, les Filles du Roy. Elle les avait d’abord recueillies dans le quartier près du port de Montréal. Voulait-elle les soustraire aux avances des matelots ? L’imagination populaire peut le penser et ce serait tout à l’honneur de Marguerite ! La ferme n’a-t-elle pas toujours été un lieu idéal pour la santé de nos futures reproductrices ? Quel joli spectacle champêtre que celui de ces belles filles s’ébattant dans les champs, humant l’air du fleuve en s’adonnant à des travaux qui les préparent à assumer dignement leur futur rôle. Fortes et saines filles appelées à peupler le Québec, elles n’ont pas failli à leur tâche, pas plus, d’ailleurs, que leurs arrières-petites-filles dans les confortables instituts familiaux de la Congrégation Notre Dame… car nous avons sans doute quelques grand-mères parmi ces nobles filles du roy ! Nous leur rendons grâces !
Trêve de plaisanterie affectueuse, et rendons grâces aussi à la Congrégation Notre-Dame. Évolution aidant et clientèle changeant, (des filles du roy à celles de la bourgeoisie canadienne-française), elle a su lutter avec astuce et ténacité contre la société patriarcale, autant civile qu’ecclésiale, pour former des bachelières ès arts, ouvrant ainsi aux femmes les portes de l’enseignement supérieur et, partant, celles des lucratives professions libérales. A l’instar du sacerdoce, condition essentielle pour accéder aux postes de pouvoir dans l’Église, ce cher baccalauréat l’était, en ce temps-là, pour accéder au pouvoir que donne le savoir. On se devait donc de reconnaître la capacité des femmes à discuter d’égales à égaux, des grandes questions qui concernent la vie en société et le devenir de l’humanité ! C’est sans doute pour tout cela que Marguerite Bourgeoys fut canonisée en 1982 !
Madeleine de Verchères
La rive sud de Montréal a, elle aussi, ses sites historiques et ses itinéraires enchanteurs. A une trentaine de kilomètres de la sortie des ponts qui enjambent le fleuve, on emprunte la route 132 vers l’est, jusqu’à Verchères. Madeleine du même nom nous y attend, du moins le monument élevé à la mémoire de la jeune héroïne. Magnifique cambrure et regard insolent, Madeleine De Verchères défendit en 1692, sa vie et peut-être son honneur… en laissant entre les mains de ses assaillants Iroquois, le foulard de tête qui aurait pu la perdre (piètre trophée de chasse). Ce monument est situé dans le parc fluvial près du quai. La rue pour y accéder est difficile à identifier mais comme le monument est visible de la
route, on finit par y arriver. Dans le village on trouve aussi un musée, une très belle église et surtout, tout le cachet des villages anciens. Sur le chemin du retour, il faut chercher à rouler sur les routes qui longent le fleuve. À Varennes, on trouve, outre un ancien pensionnat de pierres grises garni d’un longue galerie sur l’avant qui abrite maintenant l’hôtel de ville(l), une belle église et une statue de Mère d’Youville, fondatrice de la communauté des Soeurs Grises, notre prochaine sainte. Et jusqu’à Saint-Lambert en passant par Boucherville, ce ne sont, à droite, que fleuve, chalutiers qui passent tout près, et îles semées ici et là sur un fond de métropole besogneuse. À gauche, les opulentes maisons anciennes, résidences secondaires des familles riches côtoient la même opulence moderne de banlieusards heureux ou chanceux. Toutes ou presque, elles sont belles et c’est un vrai régal pour le goût architectural des visiteurs, autant par le plaisir des yeux que, pour le connaisseur érudit, par celui de critiquer.
BON ÉTÉ ! BONNES VACANCES ! BONNES RANDONNÉES !
Judith Dufour – Vasthi