Journal de confinement (Extraits)

Journal de confinement (Extraits)

Monique Hamelin, Vasthi

Jour 1 du confinement

Notre fille nous annonce le confinement des 70 ans et plus. Les marches en solo ou en duo restent permises. Soulagement.

Trois jours après le confinement

Autour de moi, de nombreuses personnes acceptent difficilement le confinement. Elles résistent. Moi, habituellement si tatillonne sur ma liberté, j’accepte, je ne m’oppose pas… Je ne comprends pas ma réaction. Je regarde des films, je lis des romans.

Et tout à coup, je me rends compte que je reproduis les comportements du mois de septembre 1956. L’on m’avait annoncé que je resterais au lit, pas d’école pour moi, pour le moment. Le moment a duré deux ans. C’était, là aussi, un problème de santé qui me confinait à la maison. Je me remets au travail, j’écris pour la collective et pour mes petits-enfants.

Après trois mois de confinement, un petit bilan

La photographie revient dans ma vie — souvenirs de mes marches urbaines qui tournent autour de 5 km 3 à 4 fois la semaine.

Les marches en solo qui passent par un lacis de sept parcs me permettent de réfléchir, de me retrouver, de voir, de sentir le printemps qui arrive. La nature est primordiale pour moi.

Mon club de lecture continue, nous échangeons par écrit… puis c’est la nouvelle : l’une de nous, qui n’était plus présente depuis quatre ans pour cause de santé a attrapé la COVID-19, c’est rapidement le décès. Nous sommes dix femmes qui se réunissent mensuellement de septembre à juin, Antoinette avait été des nôtres pendant 35 ans. Personne ne pouvait être là pour elle, ni sa famille ni ses amies et personne ne peut être là pour sa famille… Elle qui aimait tant nous réunir autour de sa table…

Les chocs se multiplient :

  • Le choc des statistiques québécoises : un plus grand nombre de femmes sont atteintes.
  • Le choc de découvrir les horreurs des CHSLD : les décès, le manque de personnel, le manque de soins.
  • Le choc que l’âge me confine à la maison au lieu d’aller donner un coup de main.
  • Le besoin d’échanger avec d’autres pour mieux comprendre ce que cela révèle de notre société se fait sentir.
  • Et c’est le choc de la mort de George Floyd aux États-Unis.
    • Le racisme qui se manifeste avec de plus en plus de haine…
    • Tant aux États-Unis qu’au Canada, les problèmes raciaux pour les personnes noires tout comme pour celles des Premières Nations n’ont pas changé autant qu’on le souhaiterait depuis 50 ans, pas plus que ceux des femmes. La parole se libère dans l’espace public. Un grand pas.
  • Après quelques jours, je me reprends, l’urgence de continuer à lutter pour une société plus juste, plus équitable est là.
  • Faire des pas… Je crois fermement que : Le tout est plus que la somme de ses parties. Donc, le             « Ensemble, nous sommes plus fortes, l’on peut avancer, s’épauler, se soutenir, j’y crois, je continue mon engagement ».