La Bible des femmes, un livre de 1898 réédité.

La Bible des femmes,

un livre de 1898 réédité.

 

En 1974, un groupe de femmes de Seattle(Coalition Task Forcé on Women and Religion) se lançait dans la réédition du livre  de l’américaine Elizabeth Cady Stanton, The Woman’s Bible, paru la première fois en 1898 . Preuve que 1e féminisme. N’est pas né en 1970 !

L’entreprise de Elizabeth Çady Stanton avait pour but « de reviser seulement les textes et chapitres qui se réfèrent directement aux femmes et aussi ceux dans lesquels elles sont exclues de façon marquante » (p. 5), environ un dixième des Écritures. Vingt-cinq femmes faisaient partie dudit comité de revision ; elles se sont attachées à la traduction et à la signification des mots et textes de la version originale (version anglaise de 1888), à une meilleure connaissance de l’histoire biblique. Elles appuient leurs critiques sur une traduction de la Bible réalisée par une seule femme, Julia Smith.

La Bible des femmes s’inscrit nettement dans la tradition libérale protestante.  Elizabeth Cady Stanton déclare : Les seuls points de tout l’enseignement ecclésial sur lesquels je diffère, c’est que je ne crois pas qu’aucun homme n’a jamais vu ou parlé avec Dieu, je ne crois pas que Dieu a inspiré le code mosaïque, ou dit aux historiens ce qu’ils affirment que Dieu a dit au sujet de la femme, car toutes les religions sur la face de la terre la dégradent, et aussi longtemps que la femme accepte cette situation qu’elles lui assignent, son émancipation est impossible .. Peu importe que la Bible soit écrite en hébreu ou en grec, dans la version anglaise, elle n’exalte pas la femme ni lui apporte aucune dignité. (p. 12)

Ce livre se présente· matériellement comme une collection de textes bibliques suivis de commentaires. Ceux-ci sont une critique très forte visant à démontrer l’origine patriarcale de la Bible et à faire accéder à une meilleure compréhension de l’égalité entre l’homme et la femme. Je me sers d’un commentaire sur le premier chapitre de la Genèse pour l’illustrer.

Le premier chapitre de la Genèse n’est pas le rapport de .la création du monde. Il est une description de la nature composée de 1’être humain, cet être qui est à la fois mâle et femelle. Le pronom personnel· « il » appartient à sa nature extérieure ; et les personnages qui illustrent cette nature et l’ordre de son développement sont des hommes. Le pronom « elle » appartient à la nature intérieure et tous les personnages – moins nombreux qui l’illustrent, sont des femmes.  »Hommes et femmes il les créa. » (p. 145)

Notons aussi que Elizabeth C. Stanton fait remarquer que les femmes dans le Nouveau Testament ne sont pas dans une meilleure situation que dans la révélation juive. · .

En fait, leur position inférieure est montrée plus clairement et avec plus d’emphase par les Apôtres que par les Prophètes et les Patriarches. Il n’y a pas de telles orientations spécifiques pour la subordination des femmes dans le Pentateuque comme nous en trouvons dans les Épîtres. (2e partie, p. 113)

La Bible des femmes demeure un livre original, stimulant et qui il faut connaître pour qui s’intéresse à une étude sur les femmes dans la religion judéo-chrétienne. Il faudrait toutefois y apporter des éléments nouveaux de réflexion à partir de ce que nous vivons et connaissons aujourd’hui.

Monique Dumais