LA FEMME COURBÉE DE L’ÉVANGILE, An 1982
Bonne Nouvelle de Jésus-Christ selon…
Par Jacqueline Champoux
En ce temps-là, Jésus parcourait les routes de la Belle Province. Arrêt dans une église de banlieue, un dimanche d’octobre, le Seigneur trouva une femme percluse, dominée depuis dix-huit ans par des oppressions qui la courbaient comme un vieil arbre.
Elle n’avait ni voix,
Ni audace,
ni espoir.
Tous les dimanches, elle s’amenait, drapée dans sa souffrance,
dans son secret,
dans son silence.
Pour certaines gens du voisinage, c’était une femme retardée,
aliénée,
battue,
bafouée.
Pour d’autres, c’était une choisie,
Une sacrifiée,
une sainte.
Ce dimanche-là, passant par une allée latérale, Jésus vit cette loque humaine, seule,
courbée,
muette.
Il s’approcha d’elle, la toucha et lui dit : « Femme, ma soeur, te voilà délivrée de ta pesanteur. Redresse-toi, prends conscience
de ta dignité,
de tes possibilités,
de ta liberté.
Je veux que tu retrouves la place qui te revient dans ce monde qui est le tien.
Ton fardeau avait, je le sais, la pesanteur des siècles ; l’oppression de la femme n’est-elle pas la forme la plus lointaine, la plus universelle d’annihilation et d’exploitation humaine ••• ? Comme je le déplore ! Depuis des siècles, les femmes sont les grandes silencieuses dans nos temples,
dans nos synodes,
dans nos conciles,.
dans nos rencontres au sommet,
dans nos assemblées législatives,
dans nos palais de justice.
Comme je le déplore ! Depuis des siècles, les femmes sont les grandes absentes : absentes des événements sociaux,
politiques, religieux ;
de nos cegeps,
de nos commissions scolaires,
absentes de nos mairies
Femme, Soeur, redresse-toi ! Il est temps que tu rejettes les schémas de domination,
de soumission,
d’intériorité
que les religions et les cultures séculaires ont imposés à ton esprit.
Toi qui as porté si longtemps le poids des contraintes psychologiques,
sociales,
politiques,
spirituelles.
Crie ta libération ! La Bonne Nouvelle, la voici :
ce que les hommes n’ont pas reconnu,
ce que les hommes ont méprisé
parce que VÉCU de femmes faibles,
silencieuses,
voilées,
sacrifiées,
voilà qu’aujourd’hui je fais éclater la
GRANDEUR de ce VÉCU
A la face du monde. »
absentes aux commandes gouvernementales, absentes de la direction de nos universités,
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