L’AMOUREUSE

              L’AMOUREUSE

Où est-il mon bien-aimé,

Celui que mon cœur attend ?

Sur les chemins, j’ai erré

En criant son nom au vent.

 

Je suis malade d’amour

Chaque fois que je le vois.

Il m’entraîne chaque jour

Vers une nouvelle voie.

 

Mon bien aimé est semblable

À un faon , une gazelle.

Il est fin comme du sable.

Mon amour est éternel.

 

Son teint est frais et vermeil,

Et son regard me captive.

La nuit je reste en éveil.

Mon cœur va à la dérive.

 

Son discours est envoûtant.

Je l’écoute avec plaisir.

Son aspect, des plus charmants,

Provoque en moi le désir.

 

Ses lèvres sont comme des lis.

Ses mains, tels des globes d’or,

À l’apparence si lisse,

Me jettent souvent un sort.

 

Son ventre est comme l’ivoire,

Il invite à la caresse.

Je suis émue à le voir,

Mon cœur s’emplit de tendresse.

 

Mon bien aimé est à moi,

Je ne peux le partager.

Je deviens folle de joie

Quand je le vois arriver.

 

Je succombe à ses baisers,

Le désir parcourt mon corps.

Je frissonne émerveillée,

Ses bras me soutiennent fort.

 

Je l’entraîne vers la chambre

Où ma mère m’a conçue.

Nous faisons l’amour, oints d’ambre,

Je me sens toute éperdue.

 

J’appartiens à mon aimé,

Qui m’a choisie entre toutes..

Ma vie lui est destinée,

Lui, mon compagnon de route.

 

Quand il me quitte au matin,

Je deviens désespérée.

Lors de son retour enfin,

Je me sens fort soulagée.

 

C’est l’histoire d’un amour

Que le Cantique nous chante.

Il exalte sans détour

La beauté des corps qu’il vante.

 

Que penser de ce langage

Utilisé par l’Amante ?

Devons nous tourner la page,

Et la traiter d’impudente !

 

Il est proche le passé

Où il était interdit

D’évoquer la nudité,

Sous peine d’être honni.

 

Si l’homme pouvait chanter

Son amour sans soucis,

La femme était façonnée

Pour ne pas agir ainsi.

 

Qu’il est bon de retrouver

Dans la Bible ce poème.

Dieu n’est donc pas offensé

Par l’appel du corps qui aime. 1

 

(Ct 1-8).