L’AUTRE GENESE (dans la revue 32 de L’autre Parole)

L’AUTRE GENÈSE

I

A l’origine était l’amour

et l’amour était Vie immanente.

De son éclatement

jaillit l’être humain: femme et homme il surgit;

Unicité de nature, dépendance de vie

Autonomie de chaque être.

À l’origine était l’harmonie:

Lien et non sujétion,

Égalité et responsabilité.

Puis vint le chaos…

II

A l’origine est l’amour

cette énergie créatrice

cette lumière jaillissante

qui anime des femmes,

des hommes libres

Mais cet amour

s’est obscurci

s’est détérioré

dans des relations de domination

entre les humains,

entre les hommes et les femmes.

Chaque lutte

pour recouvrer notre dignité de femme,

pour modeler notre identité,

pour déployer notre autonomie,

annonce une aube nouvelle

et ouvre un jardin tout rempli

d’arbres chargés des fruits de la plénitude.

III

À l’origine était I1 AMOUR tel un milieu NOURRICIER:

– profondeur des eaux fertiles,

– exubérante richesse du jardin,

– rondeur cosmique d’un sein fécondé

D’où germa la VIE

Et la vie humaine prit forme en femmes et en hommes

qui, par l’expérience de la séparation

accèdent au désir, à la liberté et à la responsabilité

Appelés à prendre soin les uns des autres,

ils sont soumis à des ténèbres, à des errances et à des échecs

D’où les déséquilibres

les oppositions

les rapports de force

les dominations: LE PÉCHÉ

À travers ces moments de chaos, les femmes et les hommes

poursuivent leur recherche incessante

de plénitude, de communion, d’unité

par les combats de la justice

par les alliances de paix,

par les gestes de charité

par la force de la solidarité.

 

Marqués au sceau de l’AMOUR NOURRICIER,

les femmes et les hommes, en continuant

l’oeuvre de création, contribuent à

l’avènement des RETROUVAILLES PROMISES

autour de la Table du Festin 

IV

A l’origine était l’Amour

et de ses rondeurs plantureuses

jaillit la Vie, femmes et hommes.

 

La terre était belle de ses prairies verdoyantes,

des marées ondoyantes.

Les fruits et les légumes aux couleurs rutilantes

offrent à leur bouche le plaisir des saveurs.

 

Le soleil dore la peau et les amoureux parlent à la lune.

Les lionnes superbes se couchent près des gazelles endormies.

L’aigle mange avec l’agneau.

La création exhale des parfums odoriférants de rose,

de lilas, d’oranger et de romarin.

Toutes ces choses sont belles et bonnes,

offertes à leur contemplation. 

Et la routine s’installa…

Ce fut la longue litanie des sept jours de la semaine:

le lundi, le lavage; le mardi, le repassage; le mercredi, le reprisage; le jeudi, le ménage; le vendredi, le magasinage; le samedi, le popottage; le dimanche, le priage!

L’instinct de propriétaire prit le dessus: on commença à clôturer les jardins et à vouloir contrôler son voisin.

Les hommes voulaient contrôler le ventre de leur compagne pour les réduire au rang de vierge ou de putain.

Et la terre, qui était belle, prit des allures MORTIFÈRES.

Le souffle de Vie sourd des profondeurs des entrailles des femmes et LA PAROLE se fait libération. En se donnant la main, elles s’affranchissent du désordre patriarcal et se tiennent

Déboutes!