L’AUTRE PAROLE A PASSE L’EPREUVE

L’AUTRE PAROLE A PASSE L’EPREUVE

 

 

J’ai assiste au colloque organisé par le collectif L’autre Parole, en août dernier, et j’ai le goût de livrer ici les réflexions que cette rencontre m’a suggérées. Avec le recul du temps, et l’arrivée de l’automne, il est vrai que la fièvre des « jours chauds » s’est estompée quelque peu, mais il n’en reste pas moins vrai pour moi, que ce colloque aura représenté justement l’aboutissement ultime d’une recherche que je poursuivais seule depuis plusieurs années, mais que je sentais sur le point d’accoucher, depuis quelque temps.

 

Pourquoi quelques mois ? Je l’ignore. Certains ont dit que le vent avait changé de caté avec la venue du printemps dernier ! Cela je l’ai senti aussi et je l’ai vécu pleinement, comme toutes les femmes que j’ai vues, cet été, prendre la parole d’une façon si authentiquement vraie. Et à ce colloque en particulier, où chacune est venue courageusement dire ce qu’elle avait le goût de dire, son vécu, ses angoisses, ses interrogations ; interrogations qui se sont converties en cours de route en affirmations, en dialogues, en échanges.

 

Pour moi, s’il est une constatation générale qui se dégage de cette rencontre de deux jours, c’est à  ce niveau que je la situerais ; au niveau de cette parole commune à laquelle nous avons très vite accédé et qui s’est avérée sans doute la plus profitable, puisqu’elle a permis à chacune de se dire véritablement.

 

Par ailleurs, tout ce que chacune a entendu également de ce que les autres avaient à  dire a constitué autant de paroles non dites auxquelles elle communiait entièrement. Sans croire que cela était possible, nous découvrions, en quelques heures, à l’intérieur d’un groupe multi-disciplinaire, une parole universelle, une véritable parole de femmes, une autre parole.

 

Celle, sans doute dont r vent les hommes mis en situation semblable, celle-là même qui sous-tend toute expérience vécue et qui dans un second souffle, peut être traduite, selon son appartenance ou pour son compte personnel, dans un langage théologique, sociologique, philosophique, psychanalytique ou autre.

 

S’il en était que de cela, ce colloque aura été, selon moi, une nécessité quasi totale. Mais il y a eu plus, beaucoup plus. Et ici ce que je peux en dire représente une perception très personnelle des choses.  Perception qui demeure encore floue, mais que je tenterai de résumer le plus clairement possible, même s’il s’agit là justement de quelque chose qui se définit mal, et qui plus est, a toujours été porté comme préjudiciable surtout pour les femmes. Je veux parler des contradictions inhérentes, à mon avis à toute démarche de ce genre, et auxquelles quelqu’un d’autre a aussi fait allusion. Or, selon moi, celles-ci n’ont pas été escamotées ; du moins personnellement, je n’ai pas tenté de les fuir, et ce faisant, elles ont constitué un dynamisme extraordinaire. Il y a très longtemps, que je ne m’étais sentie aussi libre face aux autres et plus précisément à l’intérieur d’un groupe. Et pour cette raison, cela représente pour moi le deuxième niveau de participation auquel j’ai adhéré complètement.

 

A ce sujet, évidemment, il y aurait des centaines de choses à dire. Mais la plus importante de toutes, est sans contredit cette impression réelle d’avoir vécu ouvertement et franchement une véritable expérience spirituelle parfaitement en accord avec ma vision du monde, c’est-à-dire parfaitement en accord avec mes attentes vis-à-vis le monde religieux. Et si j’osais, je dirais : Dieu seul sait si j’ai cherché longtemps avant de trouver cette place « ici-bas ». Sans prétention aucune, il me faut ajouter que depuis quinze ans, comme beaucoup d’autres de ma génération, je ne la trouvais plus.

 

Espérant que les mois froids qui viennent ne refroidiront pas trop vite toute cette nouvelle chaleur humaine qui a été mise en partage. Quand même, quelle expérience !

 

RIMOUSKI, 15 septembre 1978  Louise Roy Harvey