EN SOLIDARITE AVEC NOS SOEURS D’EL.SALVADOR

EN SOLIDARITE AVEC NOS SOEURS D’EL.SALVADOR

 

 

Le 17 décembre 1980, un groupe de religieuses de Montréal dont quelques-unes travaillent depuis longtemps auprès des immigrées et des réfugiées, conviait les catholiques de Montréal, à une célébration de solidarité avec le El Salvador, à la cathédrale de Montréal. Cette initiative venait à  la suite de l’assassinat de quatre femmes, par les forces de l’ordre au El Salvador, quelques semaines plus tôt. Ces quatre femmes américaines, dont trois religieuses et une laïque œuvraient auprès des défavorisés, dans une campagne d’alphabétisation, et ont payé de leur vie, ce choix. Elles ont été tuées après avoir été violées .

 

Monseigneur Grégoire avait délégué son représentant pour célébrer avec deux évêques : Valois et Hubert. Le père Jacques Couture, s.j. est venu parler de son voyage au El Salvador et de sa lecture des événements. Il a rappelé à  quel point les grandes agences de presses internationales nous renseignent mal sur ce qui se passe réellement là-bas. Entretenues par les multinationales, elles n’ont évidemment pas intérêt à rehausser le niveau de conscience des américains sur les injustices et les crimes commis dans ce pays par ceux qui sont de très bons clients des industries d’armements aux Etats-Unis ; par ceux aussi que l’Etat américain aide financièrement à combattre le communisme ••• Anselmo Leonelli, a, pour sa part, durant l’homélie, parlé de l’option chrétienne et de la lutte pour la justice.

 

Quatre femmes avaient été invitées à venir dire leur solidarité de femmes avec les victimes. On y retrouvait une religieuse francophone, une religieuse anglophone, une représentante du Front Sandiniste de libération du El Salvador et une membre de l’autre Parole, moi en l’occurrence.

 

Je veux remercier Soeur Thérèse Béquerel de nous avoir permis de dire notre solidarité avec toutes les femmes dans l’Eglise attristées par le sort fait aux victimes. Je veux aussi lui dire combien nous la remercions de travailler avec les réfugiées, de les accompagner dans leur adaptation à un autre pays, à une autre culture. Elle sait, elle, le prix toujours un peu plus élevé que les femmes ont à  payer quand le sort les fait apatrides : elle sait aussi le manque de respect qu’ont les hommes de tous les pays, trop souvent, pour ces femmes rendues fragiles et vulnérables par leur condition conjoncturelle. Soeur Béquerel saurait certainement parler femme à d’autres femmes, pendant de longs moments, pour dire ce qui nous unit, nous apeure, nous attriste, au-dessus des barrières de culture et de langues, au-dessus des problèmes de races et de religions.

 

Pour toutes celles qui n’étaient pas à cette célébration, voici le texte de ma brève intervention :

 

Mener le combat de libération du côté des opprimés ; à cause de cela, mourir par la volonté des pouvoirs en place,

C’est refaire, au vingtième siècle, le chemin du Christ

Et je t’en rends gloire, ô mon Dieu.

 

Mais parce que femmes, être violées, être fouillées dans son sexe

Avant de rejoindre les rangs des martyres,

C’est subir une injure faite à Dieu dans son image et sa ressemblance féminines.

 

Reçois, ce soir, Seigneur, avec le sang de nos soeurs : Mora Ita Dorothy Jean

Toute la peine des femmes qui luttent contre toutes les oppressions

Et croient au règne à  venir de l’égalité, de la justice et de l’Amour.

 

 

 

Judith Dufour. Montréal.