Les Brèves de L’autre Parole, juin 2015

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Yvette Laprise nous a quittées ce 29 mai 2015, à l’âge de 91 ans !

Son esprit, ses mots restent bien présents avec nous !

En 2009, lorsqu’elle a terminé un long et fructueux mandat de secrétaire de rédaction de la revue L’autre Parole, elle nous avait déjà donné la ligne de conduite à suivre :

« La suite vous appartient ! »

Aujourd’hui, suite à son dernier voyage, il nous reste la mémoire d’une femme réfléchie, engagée, déterminée, solidaire et solitaire, féministe et nationaliste. Une femme attentive aux autres et qui savait porter un regard critique et constructif sur la collective.

Nous avions eu la chance de pouvoir lui dire toute la place qu’elle occupait à la collective à deux occasions, soit lors de son 80e anniversaire de naissance, c’était il y a déjà près de 12 ans (voir le no 99 de la revue http://www.lautreparole.org/sites/default/files/revues/no_99.pdf ). Puis, nouvel hommage quand elle nous a annoncé son retrait de la revue en 2009 (voir le no 124 de la revue http://www.lautreparole.org/sites/default/files/revues/Numero_124.pdf ).

***

Nous laissons la parole à Yveline Ghariani, une membre du groupe auquel appartenait Yvette. D’autres textes seront publiés dans la prochaine livraison de la revue. (M.H.)

Vendredi le 29 mai, Yvette nous a quittées.

Elle était notre amie, notre sœur, notre mère spirituelle.

Avec elle, durant toutes ces années, nous avons parlé, beaucoup, nous avons ri, beaucoup, nous avons chanté, nous avons dansé, nous avons prié, nous avons célébré.

Tu nous as appris tant de choses, Yvette, entre autres de savoir vivre le moment présent.

Ta vie a été à ton image : pleine, entière, ouverte, sans compromis.

Pars en paix, Yvette, vers Celui que tu as tant aimé et qui ne t’a jamais déçu.

Et, s’il te plaît, continue de nous accompagner, là où tu es.

Yveline

Groupe Phoebé

Le 28 mars 1515 naissait celle qui deviendrait l’une des plus grandes mystiques de l’Occident chrétien : Thérèse d’Avila. C’est donc un 500e anniversaire qui est célébré de manière éminente chez les Carmes, femmes et hommes, en Espagne en particulier, lieu de naissance de la sainte, mais aussi dans l’Église catholique qui l’a reconnue comme « Docteur de l’Église » en 1970. Et pourtant, au 16e siècle, dans l’Espagne des Conquistadors, au moment où Luther et Érasme bousculaient la foi catholique, et que l’Inquisition espagnole faisait des siennes, Teresa de Ahumada de Cepeda poursuivait son destin exceptionnel dans la voie de l’oraison jugée non accessible aux femmes, et accédait à une expérience mystique hors du commun.

Ce que montrent des études récentes, comme celle de Julia Kristeva (Thérèse mon amour, Fayard 2008), c’est comment elle s’est démarquée par rapport à d’autres mystiques par sa manière de vivre l’union entre l’âme et le corps (l’oeuvre de Bernini intitulé La Transverbération de sainte Thérèse, à Rome, en témoigne – voir : http://www.narthex.fr/blogs/ecrits-mystiques/recit-de-la-transverberation-livre-de-la-vie-xxix-13 ) et que dans cette expérience, elle a évolué comme Sujet à la fois dans l’écriture (Le Livre de la vie, Le Chemin de perfection) et de manière extraordinaire dans son action de réformatrice, elle qui a fondé dix-sept couvents en 20 ans. Elle a connu bien des tourments, des épreuves, des contestations, de la part d’hommes d’Église. Mais elle ne leur a jamais laissé de pouvoir sur son expérience intérieure. (L.M.)

Photographie : http://www.narthex.fr/blogs/ecrits-mystiques/recit-de-la-
transverberation-livre-de-la-vie-xxix-13

L’ARDF (Association des Religieuses pour les Droits des Femmes) a écrit aux chefs des trois principaux partis politiques au palier fédéral afin de leur demander d’« avoir le courage d’une vision commune à savoir : que l’assermentation pour l’obtention de la citoyenneté canadienne ou tout acte public citoyen ainsi que les services publics, doivent se donner et être reçus à visage découvert, et ce, pour des raisons de sécurité, de paix sociale et du principe de l’égalité homme femme. »

Source : ARDF, lettre aux élus, 14 mars 2015 (M.H.)

La CHR (Conférence Haïtienne des Religieux) regroupant près d’une centaine de congrégations religieuses, soit plus de 3 000 sœurs, frères et pères de 30 nationalités différentes œuvrant entre autres dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection des enfants et de la promotion féminine a tenu à Port-au-Prince, le 5 mars 2015, une conférence de presse pour dénoncer les conditions d’insécurité grandissante au pays. Entre octobre 2014 et mars 2015, ce sont 25 maisons qui sont systématiquement cambriolées par des individus armés. Le site Haiti-Libre titre quant à lui : Haïti — Sécurité : 25 résidences de Sœurs attaquées par des individus armés… (M.H.)

Sources : http://www.haitilibre.com/article-13331-haiti-securite-25-residences-de-soeurs-attaquees-par-des-individus-armes.html et http://www.crc-canada.org/fr/node/1764

Une version française abrégée du Rapport mondial 2015 – Événements de 2014 rédigé par l’organisme non gouvernemental (ONG) Human Rights Watch est disponible sur le site : http://www.hrw.org/sites/default/files/reports/wr2015fr_ForUpload_1.pdf Le Canada fait l’objet d’une vive critique en rapport avec son refus de traiter de la question de la violence à l’égard des femmes autochtones. La montée du groupe extrémiste État islamique préoccupe également cette ONG, dont la question du traitement des femmes et des adolescentes. (M.H.)

Le cancer du sein est devenu l’enfant chéri du marketing social. Des milliers de gens marchent, courent et consomment pour appuyer la cause. Chaque année, on amasse des millions de dollars au profit de la lutte au cancer du sein. Mais où va réellement tout cet argent et à quoi sert-il exactement ?

Réalisé par Léa Pool et produit par Ravida Din, L’industrie du ruban rose est un long métrage documentaire de l’Office national du film du Canada qui explique comment la réalité dévastatrice du cancer du sein, que les experts en marketing considèrent comme une « cause de rêve », est occultée par la brillante histoire à succès du petit ruban rose. Pour visionner le film contre contribution financière, vous pouvez vous rendre au site suivant : www.onf.ca/selections/industrie-du-ruban-rose/visionnez/industrie_du_ruban_rose (C.T.)

Les femmes se demandent souvent s’il vaut la peine d’investir le monde de la politique ; voici un exemple qui démontre qu’elles peuvent changer des choses. C’est en 2015 que le Canada a envoyé sa première mission commerciale composée entièrement de femmes d’affaires à Sao Paulo au Brésil. La ministre du Travail et de la Condition féminine du gouvernement conservateur, Kellie Leitch, cette chirurgienne orthopédiste en pédiatrie et professeure agrégée de chirurgie, accompagne une dizaine de femmes d’affaires de la petite et moyenne entreprises. Indépendamment de nos valeurs en politique, il arrive que des femmes fassent une différence. Pour plus de détails, voir : http://affaires.lapresse.ca/economie/canada/201505/17/01-4870364-premiere-mission-commerciale-feminine-au-bresil.php (M.H.)

Le Conseil de sécurité de l’ONU (Organisation des Nations-Unies) est plus féminin que jamais. Chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationale, ce conseil « a longtemps été un bastion masculin ». Sur ses 15 sièges, on compte aujourd’hui (septembre 2014) 6 ambassadrices. C’est un chiffre « historique » et qui « envoie un message fort pour la participation des femmes aux prises de décision ». (C.T.)

La béatification d’Élisabeth Turgeon –

Une inspiration dans l’Église et pour le monde

Une femme inspirante

Le 7 février 1840 naît Élisabeth Turgeon, baptisée le lendemain dans l’église de Beaumont en Bellechasse. De complexion délicate, malgré son grand attrait pour l’étude, elle ne peut fréquenter l’école avec assiduité ni participer aux jeux des enfants de son âge.

Après sa formation à l’École Normale Laval et quelques années d’enseignement interrompues par des temps de maladie, le 3 avril 1875, Élisabeth arrive à Rimouski avec le « rêve inouï » d’instruire et d’éduquer les enfants dans les paroisses démunies du vaste diocèse. Elle fonde les Sœurs des Petites-Écoles, ces religieuses qu’elle envoie deux à deux dès 1880 à Saint-Gabriel, Saint-Godefroi et Port-Daniel. Le froid, la faim et les difficultés ont raison de la fragile santé de cette fondatrice.

Elle meurt le 17 août 1881. Depuis, plus d’un millier de femmes, Sœurs des Petites-Écoles devenues Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire, réalisent le rêve d’Élisabeth en œuvrant auprès des jeunes dans divers diocèses du Québec mais encore aux États-Unis et en Amérique latine.

La béatification

Les regards de plus de 3 000 personnes présentes, sont tournés vers Élisabeth Turgeon lors de sa béatification en l’église Saint-Robert-Bellarmin de Rimouski, le dimanche 26 avril 2015. Un événement unique dans l’histoire du diocèse qui a vu naître et croître l’œuvre d’éducation et d’évangélisation de cette femme toujours inspirante.

Au début de la célébration eucharistique, après la lecture d’une courte biographie de la vénérable, le cardinal Angelo Amato lit le texte du pape François la déclarant bienheureuse. Suit le dévoilement de la grande bannière de l’élue tandis que résonnent un chant d’action de grâce et un long applaudissement de l’assemblée.

Une inspiration reconnue pour le monde dans l’Église

Élisabeth Turgeon n’a jamais douté de son rêve malgré d’énormes difficultés. La béatification d’Élisabeth Turgeon stimule la fécondité des religieuses Notre-Dame du Saint-Rosaire à travers un engagement renouvelé de vivre leur charisme-mission « Manifester l’amour de tendresse et de sollicitude de Jésus et de Marie, sa mère, en priorité chez les jeunes. »

Dans le peuple de Dieu et la société, la bienheureuse ne cesse d’intercéder pour les gens dans l’ordinaire de la vie. Depuis plus d’un quart de siècle, on obtient de Dieu, par son intercession, des faveurs variées au plan matériel, physique, relationnel et spirituel. La présence du miraculé monsieur Michel Boucher, lors de la béatification, en fut un vibrant témoignage. (L.D.)

Suggestions de lectures et de film pour la période estivale

Certaines publications sont récentes, à peine sorties des presses, d’autres sont plus anciennes, mais valent le détour…

Les confessions de Jeanne de Valois par Antonine Maillet, Leméac, 1992.

Ce roman raconte la vie de la fondatrice d’un collège acadien où l’auteure a fait ses études. Les 150 premières pages présentent les luttes des Acadiens à partir du point de vue d’une religieuse de 90 ans qui a été une des forces vives de ce pays. On y découvre Memramcook, on a le goût d’aller visiter cette ville… Puis l’écriture traîne un peu en longueur, mais les 100-150 dernières pages sont du gâteau pour les féministes. Vous avez là tout le volet qui manquait selon moi au film La passion d’Augustine de Léa Pool, une analyse féministe des demandes du clergé envers les religieuses et l’appropriation par la classe des jeunes hommes qui écartent les religieuses des postes de direction des institutions enseignantes et hospitalières. Nicole Laurin, la sociologue québécoise qui a articulé cette analyse, a dû apprécier ce roman. J’aime à imaginer les échanges entre ces deux illustres Québécoises…

Une femme discrète – récit de Catherine Perrin publié chez Québec-Amérique en 2014. L’auteure nous parle de sa mère et de l’impact des agressions sexuelles des enfants sur leur vie d’adulte et sur celles de leur entourage.

River Music de Mary Soderstrom. Éditeur : Cormorant Books, 2015.

La prolifique écrivaine québécoise situe l’action tout juste après la Deuxième Grande Guerre. La musique serait présente tout comme les choix douloureux qui attendent les femmes qui veulent concilier maternité et carrière.

La petite cousine de Freud d’Ann Charney chez Hurtubise en 2011.

Traduction de l’anglais par Lori Saint-Martin et Paul Gagné.

Vous vous retrouverez dans le Québec des années 1950, à Montréal dans le milieu des immigrants. Un roman d’initiation, car nous passons de la jeunesse à la vie adulte de l’écrivaine en herbe qui découvre sa sexualité tout en cheminant vers une carrière d’écrivaine.

Femme infrangible par Célyne Fortin – Poèmes (1982-2008). Éditions du Noroît, 2012.

La poétesse de la mère, sa mère et de la femme moderne, elle-même. Ainsi, il y a la femme de 44 ans « l’utérus ferme et vide / le teint clair la peau douce / les seins lourds mais beaux / et je suis enceinte de moi-même » (p. 78), de la mère qui « dans ta bulle de banlieue / tu vas éclater / il va falloir tout éponger » (p. 25) et de la sensuelle : « il enchaînait / je dessine sur ton corps mon empreinte / elle répondait / tu tatoues ma peau de sa brûlure » (p. 84).

100 questions sur les femmes et la politique par Manon Tremblay

aux Éditions du remue-ménage, 2015.

Voici une édition revue et augmentée sur les femmes et le pouvoir tant ici au Québec, que dans le reste du Canada ou ailleurs dans le monde. Vous pouvez feuilleter la table des matières sur le site suivant : http://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fwww.entrepotnumerique.com%2Fflipbook%2Fpublications%2F26050.js&oid=101&c=&m=&l=fr&r=http://www.editions-rm.ca&f=pdf&utm_source=%C3%89ditions+du+remue-m%C3%A9nage+%7C%C2%A0liste+d%27envoi&utm_campaign=da5054eb62-100_Questions&utm_medium=email&utm_term=0_447d87dd9e-da5054eb62-46069477

À voir

La passion d’Augustine de Léa Pool.

Un film sur un pan de l’histoire de la musique au Québec, un film sur la contribution des religieuses à la musique au Québec, un film sur le Québec des années 1960, un film sur la société québécoise en transition, un film sur l’appropriation des postes de pouvoir détenus par des religieuses dans l’enseignement par la caste des hommes, un film sur le choc culturel vécu par les religieuses de l’époque, un film sur le passage de l’enfance à l’âge adulte dans le monde des femmes.

Un film où les rôles de premier plan sont tous occupés par des femmes. Un film où la musique est présente pour notre plus grand bonheur ! Si vous ne l’avez pas encore vu, allez au cinéma ou visionnez le film chez vous quand il sera disponible en DVD, vous ne le regretterez pas. (M.H.)