LES FEMMES À LA « COALITION » URGENCE RURALE

Monique Dumais – HouIda

Quelle meilleure porte d’entrée pour connaître ce qui se passe à la Coalition urgence rurale que de communiquer avec Lorraine Théberge, personne ressource pour ce mouvement ! Je connaissais déjà un peu Lorraine puisqu’elle avait été étudiante à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Je savais qu’elle était déjà bien impliquée dans la Coalition. À la suite d’un appet téléphonique, j’ai pris rendez-vous avec elle pour savoir comment les femmes se situaient dans le mouvement.

Originaire de Montréal, Lorraine a fait un baccalauréat en sociologie, puis elle est venue à Rimouski pour rejoindre un ami. Elle a alors entrepris des études en vue de l’obtention d’une maîtrise en développement régional. Son mémoire de maîtrise, terminé en janvier 1989, a pour titre : Le programme de Développement intégré des Ressources dans Basques-Neigette. Traquenard au régionalisme. Après ses études, elle a été engagée comme personne ressource pour la Coalition urgence rurale et elle s’y sent drôlement impliquée.

A ma première question sur la contribution des femmes à la Coalition urgence rurale, elle me répond rapidement : « Le plus beau support me vient des femmes. Jamais des hommes. Ce n’est pas dans leur culture. » Souvent, Lorraine est amenée à confronter les hommes au sujet de leurs façons de voir et d’agir, cette attitude les dérange. « Ils ne veulent surtout pas se faire dire quoi faire. » Les rapports hiérarchiques se retrouvent aisément dans le mouvement.

Lorraine voit son rôle comme celui d’être au service de gens qui n’ont pas de moyens, de venir en aide aux petites municipalités qui ont parfois beaucoup de ressources et qui ne savent pas comment les utiliser. Ce qui lui apparaît important, c’est de donner de l’élan et non uniquement de chercher ce qui va donner des résultats. Il arrive trop souvent que dans le monde rural, on cherche à « paterner » : on ne fait pas suffisamment travailler le monde. On se fie encore trop aux ministères. Elle me souligne toutefois le travail qui se fait dans la région de Matane, dans les fermes forestières, qui sont vraiment parties d’une volonté populaire.

Et les femmes ? elles sont absentes de l’exécutif de la Coalition urgence rurale ; elles se retrouvent deux sur neuf membres au conseil administratif. Il est facile de remarquer que les hommes aiment jouer une fonction administrative et confient encore aux femmes des fonctions de secrétaire. Des femmes se retrouvent dans des dossiers pour les aînées et les aînés, comme organisatrices communautaires dans

les Centres locaux de services communautaires (CLSC), à la table de concertation de Matane comme représentantes des syndicats, e.g. la Corporation des syndicats nationaux (CSN). Les communautés religieuses féminines se sont intéressées de façon particulière à l’appauvrissement de la région. Fait remarquable : En 1990, Ethel Greene, fille de Jésus, a assumé la co-présidence de la Coalition urgence rurale.

À ma question : « Souhaiterais-tu que les femmes s’impliquent plus ? » Lorraine répond qu’elle désire que femmes et hommes travaillent davantage ensemble. Elle trouve qu’après un moment de grande concertation très médiatisée, c’est de nouveau la stagnation. Elle me livre quatre défis qui lui tiennent à coeur : se responsabiliser, travailler en équipe, se donner du réconfort, être plus présente sur le terrain. Avec Lorraine, nous touchons une corde très vibrante du mouvement Coalition urgence rurale. Engagée à fond de train dans son travail d’animation de groupes, elle cherche à mettre en valeur la solidarité rurale, une ressource des plus importantes.