LES FEMMES ET LA CULTURE DE LA PAIX

LES FEMMES ET LA CULTURE DE LA PAIX

Monique Dumais, Houlda

Peut-on affirmer que les femmes sont inconditionnellement du côté de la paix et non de celui de la guerre ? Il est difficile de répondre d’une façon absolue à cette question , car nos rapports à la violence, à la vengeance sont complexes, nos pulsions de mort toujours actives, comme le signale Madeleine Gagnon.

Et pourtant, nous nous voyons comme artisanes de paix

Après les guerres qui détruisent tout, nous nous voyons « à la base de la reconstruction de la paix, Ce sont les femmes qui, les premières, font la paix  ». (Les éditrices, Agenda).

Alors que dans les affrontements violents, les grandes têtes d’affiche : George W. Bush, Saddam Hussein, Ben Laden et autres  sont des hommes, les premières victimes, sont toujours des femmes avec leurs enfants qui subissent la cruauté des viols, la fuite en exil, et combien d’autres malheurs, sans parler de l’obligation faite aux femmes, dans certains pays islamistes, de se voiler ou de revêtir la burqa au quotidien.

Malgré tout, « les femmes sont en première ligne lorsqu’il s’agit de reconstruire socialement, économiquement et politiquement leurs pays et leurs sociétés, elles sont à la base d’initiatives de paix. Elles construisent des écoles, accueillent les orphelins, mettent sur pied des cuisines collectives et des assemblées de quartier, offrent des services juridiques, des soins de santé et de soutien psychologique à tous ceux et celles qui ont vécu le traumatisme de guerres si longues, si dévastatrices. » (France-Isabelle Langlois, « Au nom de la paix et des femmes », Agenda 2004).

Il m’apparaît important de montrer comment notre époque en arrive à la culture de la paix. C’est paradoxal d’affirmer que nous œuvrons  pour la paix alors que tant de guerres, de rébellions armées éclatent et demeurent toujours en ébullition sur notre planète. Et pourtant, nous avons constaté combien de ralliements s’organisent pour contrer ces guerres. Au début de 2003, quand le président Bush annonçait la déclaration imminente d’une guerre contre l’Irak, deux grandes manifestations ont eu lieu à travers le monde dans l’espoir d’éviter cette guerre. Si ces manifestations n’ont pas obtenu le résultat désiré, elles ont cependant  montré par leur ampleur qu’une immense majorité de personnes étaient contre cette guerre absurde et contre toute guerre. Lors de ces coalitions soutenues par des groupes, un climat de solidarité s’est instauré peu à peu et les désirs de réconciliation, de vie harmonieuse se sont exprimés de plus en plus clairement. Les femmes comme les hommes présents à ces manifestations se sont faits les porte-parole  de la société civile.

Le Québec, un lieu de solidarité pour les femmes

Yasmina Chouakri, impliquée dans le mouvement des femmes depuis plusieurs années comme militante et chercheure, écrit dans l’Agenda 2004 que « la lutte pour la paix a toujours été un axe de revendication important et que les Québécoises se sont souvent mobilisées contre un certain nombre de conflits armés dans le monde ». Elle signale que les femmes issues des minorités ethnoculturelles et visibles, en majorité immigrantes, se sentent particulièrement engagées dans la lutte pour la paix. « Elles trouvent un écho des plus favorables dans l’ensemble du mouvement des femmes au Québec qu’il s’agisse de centres de femmes, d’organisations nationales comme la Fédération des femmes du Québec ou d’organisations internationales comme la Marche mondiale des femmes. » En effet, pour les femmes « immigrantes, parrainées, réfugiées, sans statut, noires, arabes, etc., la mobilisation pour la paix reste […] une priorité constante ». De nombreux rassemblements et vigiles sont organisés pour la paix avec ou pour le mouvement des femmes dans son ensemble . Citons en autres les rassemblements hebdomadaires pour la paix organisés notamment par « Femmes en noir » pour un règlement négocié du conflit israélo-palestinien, un « comité de solidarité avec les femmes afghanes », et plus récemment en 2003, le comité de coordination et d’action des femmes de diverses origines pour le 8 mars , le Comité permanent des femmes des communautés culturelles de la Fédération des femmes du Québec.

On peut légitimement affirmer que la paix est une priorité d’action pour les femmes. Et pour que la paix, la solidarité s’affirment  et se construisent, nous gardons l’espoir que les femmes ne soient plus absentes dans les négociations de paix.