L’ÉTERNEL PATERNEL

L’ÉTERNEL PATERNEL

Un exemple de pratique individuelle, discrète, tenace … goutte d’eau maintes fois répétée qui, multipliée, pourrait bien acquérir une certaine force d’érosion …Nous avons appris que l’une d’entre nous avait écrit la lettre suivante aux responsables de Prions en Église, bulletin de prières liturgiques avec textes d’appui distribué dans les paroisses en vue des célébrations eucharistiques :

Montréal, le 25 juillet 1988.

M. le rédacteur de « Prions en Église »

Ottawa

Monsieur,

La liturgie de la messe du 7 juillet proposait une lecture tirée du livre d’Osée (11,1.3-4) où le Seigneur dit, en parlant d’Israël : « C’est moi qui lui apprenais à marcher en le soutenant de mes bras … je me penchais vers lui pour le faire manger ». Le rédacteur du Prions en Église a synthétisé le texte par ces mots : « la tendresse paternelle du Seigneur pour son peuple. »

A mon avis, il n’y a rien de spécifiquement paternel dans cet extrait. N’estce pas surtout la mère qui « fait manger » son enfant, qui lui « apprend à marcher » … Alors pourquoi ne pas dire avec plus de justesse : la tendresse maternelle du Seigneur ? Puisque l’humanité a été créée à l’image de Dieu, pourquoi n’y aurait-il pas de féminin en Dieu ? Pour exprimer sa tendre sollicitude pour son peuple, Jésus n’a pas craint de s’attribuer des attitudes féminines :  » … j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes … » Il n’a pas cru plus significatif de dire « … comme un coq rassemble ses poussins … »

A bon entendeur, Salut !

Louise Roy

(réponse à la page suivante)

Nous reproduisons la réponse reçue par Louise.

A  chacune de nous de lire le texte et de l’analyser

Madame Louise Roy Montréal

Madame,

Dans votre lettre du 25 juillet vous nous marquez votre agacement de ce que l’introduction à la lecture du 7 juillet ait parlé de la « tendresse paternelle » de Dieu ; vous auriez souhaité que le texte parle plutôt de tendresse maternelle.

Vous avez raison de souligner que l’Écriture sainte, pour marquer l’amour de Dieu pour son peuple, fait appel au dévouement et aux sentiments maternels. Il est sûr, comme vous le dites, que Dieu n’est pas plus homme que femme.

D’autre part, dans beaucoup de jeunes familles, les jeunes papas sont plus proches de leurs jeunes enfants que notre propre père l’a été. C’est un changement culturel pour le mieux, dont on peut se féliciter.

Au sujet du cas particulier qui nous touche, cette petite introduction « La tendresse paternelle du Seigneur pour son peuple », n’est pas de Novalis ; elle est tirée textuellement du lectionnaire officiel de l’Église et nous n’avons pas le droit d’y changer une seule virgule. Comme ce lectionnaire a été révisé il y a seulement quatre ans, et approuvé pour tous les pays francophones du monde, il ne sera pas possible de le modifier à nouveau à court terme. Je comprends l’agacement de plusieurs, mais telle est l’Église dans laquelle nous vivons.

Il y a tant de manières de rappeler l’amour et la dignité des femmes et nous faisons tout notre possible, dans les textes qui sont de notre ressort, pour le faire. Mais je sais que c’est encore bien peu.

Que Dieu nous garde dans sa joie.

1 septembre 1988

Jacques Cloutier, o.m.i., directeur Éditions Novalis