PREMIERE EPITRE DE SAINT PAUL

PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PAUL

aux chrétiennes québécoises d’Amérique

Rita Hazel – Vasthi

Adresse et salutation

1. Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, aux chrétiennes bien-aimées de Dieu qui sont au Québec, en terre d’Amérique ; à vous, sœurs d’outre-mère, grâce et paix de la part de Dieu notre père et du Seigneur Jésus- Christ.

Tout d’abord, je rends grâce à mon Dieu par Jésus-Christ pour vous toutes : vous croyez. En effet, « il est écrit : Celui (celle) qui est juste, par la foi vivra »1. Si l’Amérique avait été découverte, lors de mon passage sur la Terre, j’aurais eu un très vif désir de vous voir « car je me devais aux Grecs comme aux barbares, aux gens cultivés comme aux ignorants »…2. (J’ose me citer moi-même comme me l’ont appris les papes venus après moi dans la Tradition.)

Des motifs d’inquiétude

2. Ici, dans le ciel de Rome, d’étranges rumeurs nous parviennent à propos de certaines de vos pratiques, en vos lointaines contrées, encore si jeunes.

Plusieurs d’entre vous auraient décidé de ne plus servir l’Église mère selon le mode traditionnel. Il en serait résulté d’étonnantes conséquences : nappes d’autel non amidonnées, burettes couvertes d’empreintes digitales, soutanes sans boutons, absence de café aux réunions… à moins que les ministres de Dieu ne s’astreignent à défrayer les coûts des oeuvres domestiques.

3. Un vent d’insubordination semble souffler parmi vous. Un grand nombre auraient cessé d’observer le jour du Seigneur : elles ne se rendent plus à l’église, même s’il leur est dorénavant permis de s’y tenir la tête découverte. Je crois que de là vient tout le mal et ne comprends pas vos pasteurs d’avoir autorisé ce non-sens. Comment ont-ils pu manquer ainsi de prudence ?

Je l’avais pourtant bien expliqué : « Toute femme qui prie ou prophétise tête nue fait affront à son chef’3. « Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance’4. J’avais même conclu : « Et si quelqu’un se plaît à contester, nous n’avons pas cette habitude et les Églises de Dieu non plus »5.

Ah ! il y a de quoi s’arracher les cheveux ! ! ! Tout compte fait, je préfère ne pas avoir vécu au temps de l’Amérique…

Nouvelles pratiques : problèmes nouveaux ?

4. Celles qui combattent ainsi leur propension naturelle à l’humilité et à la soumission prétendent instaurer des pratiques nouvelles et participer aux discussions et aux prises de décision à tous les niveaux de l’Église.

Je vais me citer encore, mais ce n’est pas pour me vanter, encore que j’en serais justifié, car « ma préoccupation quotidienne, c’est le souci de toutes les églises »6. J’écrivais donc aux Corinthiens : « Comme cela se fait dans toutes les églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées : elles n’ont pas la permission de parler ; elles doivent rester soumises, comme dit aussi la loi. Si elles désirent s’instruire sur quelque détail, qu’elles interrogent leur mari à la maison. Il n’est pas convenable qu’une femme parle dans les assemblées »7 et à Timothée : « Pendant l’instruction, la femme doit garder le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de dominer l’homme. Qu’elle se tienne donc en silence »8.

5. Or on dit que vous voilà infiltrées dans les conseils de pastorale aux niveaux des paroisses et même des diocèses, dans les conseils de fabriques, dans les comités d’initiation sacramentelle et de liturgie, dans les facultés de théologie, et quoi encore ? Des femmes se trouvent responsables de paroisse (sans être ordonnées, naturellement) pour remplacer les curés en trop petit nombre car les chrétiennes n’enseignent plus à leurs fils à désirer le sacerdoce.

6. Rien de tout cela ne vous satisfait : vous réclamez l’égalité ! Cela devient inconfortable même au paradis…

7. En conséquence, vos Pères resserrent leurs rangs et se forcent à négocier. Ils se sont choisi des émissaires qu’ils appellent « répondantes à la condition féminine » – version moderne des anges annonciateurs chargés de travailler à la réconciliation. Mais ils subissent ainsi des épreuves supplémentaires : ils ont même cru renouveler l’expérience de Daniel dans la fosse aux lions, si l’on en croit le reportage d’un certain vicaire de cathédrale, du nom de Grin de Cel9. Ces pratiques nouvelles sont causes de désaccord jusqu’aux synodes de Rome.

8. Où est passée la sagesse des hommes ? Sagesse et folie, puissance et faiblesse »10

« Ce qui est folie dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les sages ; ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort »11.

Quand je me relis, je me remets à ma propre école… Or, ce que le monde et moi tenions pour sage et fort, c’était l’homme par rapport à la femme… Dieu aurait- il choisi la femme pour confondre l’homme ?

9. De ce point de vue, il pourrait y avoir un début de vérité dans vos raisonnements. « Dieu doit être reconnu véridique et tout homme menteur »12.

L’Esprit de Vérité

L’Esprit souffle où il veut. Il s’était même manifesté chez les Gentils. « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous13. Peut-être parle-t-il parfois par celles qui, par la foi et le baptême, sont elles aussi filles de Dieu ?

Quant à moi, « je n’ai pas honte de l’Évangile : il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif d’abord, puis du Grec »14– J’ai été « appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu »15 qui « concerne son fils ».16 Et je dis la vérité, je ne mens pas : Jésus-Christ n’a jamais donné d’instructions aux femmes sur la façon de se vêtir, de parler ou de se taire. Il n’a pas, non plus, défini les statuts des clercs et des laïcs.

10. Il y a une vérité que vous avez entendue un si grand nombre de fois que j’ose à peine vous la rappeler : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme »17. Je comprends donc qu’au bout de quelques siècles, vous commenciez à essayer d’effacer la discrimination qui, en apparence, existe encore…

Moi-même, « j’ai été avec les Juifs comme un Juif, pour gagner les Juifs, avec ceux qui sont assujettis à la loi, comme si je l’étais, (…) avec ceux qui sont sans loi, comme si j’étais sans loi, (…). J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns »18– Mais je n’ai pas pu aller avec les femmes comme si j’étais une femme ! … Et l’ayant pu, l’aurais-je souhaité ?

J’avais écrit aux Romains : « Sans doute, la circoncision est utile si tu pratiques la loi, mais si tu transgresses la loi, avec ta circoncision tu n’es plus qu’un incirconcis ; (…) et la circoncision est celle du coeur, celle qui relève de l’Esprit et non de la lettre »19– Si donc j’ai enseigné que la circoncision du coeur est plus valable que l’autre, comment, sans être injuste, vous refuser le mérite de la seule que vous pouvez vous offrir et qui prévaut sur l’autre ?

Dernières recommandations

 11. « Au demeurant, frères, (soeurs), soyez dans la joie, travaillez à votre perfectionnement, encouragez-vous, soyez bien d’accord, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Saluez-vous mutuellement par un saint baiser. Tous les saints vous saluent. »20

Encouragement et salutation

12. Dans cette humble recherche de la vérité, je vous révélerai un secret tenu strictement caché jusqu’à maintenant : la voix divine qui, sur le chemin de Damas, m’a projeté au sol …

comportait des intonations féminines.

« La grâce du Seigneur soit avec vous. Je vous aime tous (toutes) en Jésus-Christ »21

1 Rm 1,17

2 Rm 1,14

3  1 Co 11,5

4 1 Co 11,10

5  1 Co 11,16

6  2 Co 11,28

7  1 Co 14,34-35

8  1 Tm 2,11-12

9 L’autre Parole, no 30, juin 1986, p.28

10 1 Co 1,18 (sous-titre)

11 1 Co 1,27

12 Rm 3,4

13 1 Co 12,7

14 Rm 1,16

15 Rm1,1

16 Rm 1,3

17 Ga 3, 27-28

18 1Co 9,20-22

19 Rm 2,25 et 29

20 2 Co 13,11-12

21 Co 16,23-24