Liminaire 131

Liminaire

Quand quatre femmes se sont réunies il y a 35 ans pour fonder L’autre Parole, elles ouvraient un chantier dont elles ne pouvaient prévoir ni l’ampleur ni la durée. Elles en avaient toutefois imaginé la difficulté, puisqu’elles avaient formé le projet d’effectuer une brèche dans la forteresse patriarcale qu’est l’Église catholique romaine. Leurs seuls outils étaient et demeurent la parole et la plume. Le cercle des ouvrières a grandi au fil du temps. Il le fallait, l’entreprise exigeant tellement d’énergie, de ténacité, de générosité, de courage, de conviction et, diront certains, d’audace téméraire…

Pour retrouver le cœur du message évangélique, le rendre audible et ajusté aux besoins, aux attentes et aux espérances des femmes de notre temps, éprises de justice et d’égalité, pour leur redonner leur pleine dignité de filles de Dieu, il nous a fallu, à L’autre Parole, déconstruire un système aliénant. Nous avons dû en dénoncer les injustices, et interpeller ceux qui les maintiennent et les justifient en prétendant obéir ainsi à Dieu, et respecter la volonté de Jésus.

Dans ce 131e numéro de L’autre Parole, le premier en version électronique, nous prenons acte que la forteresse patriarcale se dresse toujours devant nous. Toutefois, de plus en plus de femmes, sans compter un bon nombre d’hommes de bonne volonté et de bon jugement, bien sûr, reconnaissent la justesse de notre cause et la soutiennent.

Les femmes à qui nous ouvrons nos pages aujourd’hui, avec bonheur et reconnaissance, ont de longs états de service en tant que féministes chrétiennes militantes. Le contre-discours féministe en a souvent été un de déconstruction. Elles y ont contribué. Il fallait révéler les failles du système. Ce faisant, des plans de reconstruction se sont du même coup élaborés. Nous vous offrons ici des questions, dont vous devinerez sans peine les réponses, et plusieurs encourageantes propositions de reconstruction. Elles me paraissent toutes avoir un point commun : abandonner la pyramide patriarcale, où tout se décide au sommet, pour enfin construire une table ronde, symbole par excellence de la convivialité et de l’idéal démocratique.

Voilà, le mot est lâché ! Nous croyons que l’avenir de l’Église réside dans sa démocratisation. Qui peut affirmer, avec certitude, que Dieu préfère les pyramides aux tables rondes ? Et que deviennent les pyramides quand leur base s’effrite et se délite sous leur trop lourde charge ? Ne ployons plus sous le fardeau, jetons un regard sur un autre horizon, plus lumineux plus stimulant. Nos auteures nous suggèrent des moyens de le rapprocher. Pour y arriver, je vous propose de faire nôtre le conseil de Lanza del Vasto :

Dans des sentiers que nul n’aura foulés, risque tes pas.
Dans des pensées que nul n’aura pensées, risque ta tête.

Agréable et fructueuse lecture !

Les auteures – Qui sont-elles ? Que font-elles ? Que nous disent-elles ?

HÉLÈNE PELLETIER BAILLARGEON

Quel plaisir, alors que nous célébrons le 35e anniversaire de L’autre Parole, d’accueillir dans nos pages Hélène Pelletier Baillargeon ! Comment ne pas évoquer la part qu’elle a prise — mais qui s’était voulue discrète —, dans la rédaction de la lettre que les évêques du Québec ont adressée aux Québécoises, lors de la célébration marquant le 50e anniversaire de leur obtention du droit de vote. Ce droit que l’État leur avait longtemps dénié, et que l’Église avait vigoureusement combattu.

Elle a intitulé son article : « Évolution de la réflexion sur la condition féminine dans l’Église ». À cette réflexion, elle a participé durant toute la période qu’elle analyse pour nous, soit durant plus de quatre décennies. Peut-être, comme plusieurs d’entre nous, cet exercice a-t-il contribué à renforcer son féminisme, et à faire d’elle une chrétienne toujours plus critique, parce que, toujours plus lucide des grands enjeux en cause.

Elle nous fait voir que l’évolution de la réflexion sur la condition féminine dans l’Église est passée par quatre phases qu’elle intitule : « avant Vatican II », « après Vatican II », « les sciences humaines et le sacré », et « la cause des femmes passe par les pratiques démocratiques ». Sa conclusion nous propose de nous orienter « vers une militance élargie ». Nous associer à des hommes de bonne volonté pour mieux assurer le succès de notre entreprise, voilà ce qu’elle suggère.

On apprécie toujours chez Hélène Pelletier Baillargeon la clarté du discours, la profondeur de l’analyse, la sûreté du jugement, la fine touche d’humour et l’élégance du style. Quand elle évoque le « contrôle des naissances » interdit par l’Église, elle ne commet pas un anglicisme, comme pourraient le craindre les puristes. L’usage de la formule « planification des naissances », qu’on privilégie aujourd’hui, n’a pas le même sens. Aux femmes, Rome concède le droit de « planifier », mais pas de celui de « contrôler », ni les naissances, ni quoi que ce soit… À la lire, vous trouverez du profit et prendrez du plaisir.

JOHANNE PHILIPPS

Après avoir été travailleuse en Église auprès de jeunes de 16 à 25 ans, Johanne Philipps s’est tournée vers le travail communautaire à Longueuil. En 2007, elle prend un congé sabbatique pour compléter un baccalauréat. Après avoir prolongé sa sabbatique, un cadeau de la vie, nous confie-t-elle, elle entreprend une maîtrise en sciences des religions, en 2008. Elle plonge ensuite dans les études doctorales. Sa recherche porte sur les relations religions-États, et leur influence sur la capacité d’agir des féministes chrétiennes. Un sujet fascinant, on en conviendra. À temps partiel, elle est intervenante en soins spirituels à l’hôpital Pierre-Boucher de Longueuil.

Comme moi vous trouverez sans doute très stimulante la réflexion que nous propose Johanne Philipps sous le titre : « Le pouvoir confié à l’autorité et la vision confessionnelle dans les milieux de santé au Québec ». Je n’ai pas souvenir, personnellement, que ce sujet pourtant brûlant dans la conjoncture actuelle ait jamais été abordé dans nos pages.

Nous sommes censés vivre dans une société séculière, et pourtant c’est une loi qui « oblige les établissements de santé à adopter un règlement portant sur l’organisation des services de pastorale ». Les autorités religieuses y jouent un rôle très important, et le mandat pastoral est en fait un « permis de pratique ». La discrimination qui frappe les femmes dans ces milieux prend toutes sortes de formes. À lire l’état de la question, on en vient à conclure que les dispositions du ministère de la Santé et des Services sociaux, les autorités religieuses, et même la description de tâches, héritée d’une négociation syndicale, se sont ligués pour réduire la présence des femmes dans ce secteur. Le besoin criant de femmes bien formées et sensibles aux besoins des bénéficiaires venus de tous les horizons culturels et religieux y est pourtant criant.

Johanne Philipps lève le voile sur un rapport de pouvoir qui brime les femmes oeuvrant en soins spirituels dans nos établissements de santé. Le sexisme y est structurel. Elle nous décrit une situation troublante, et trop longtemps occultée. Elle nous parle d’expériences vécues, et le fait avec la ferveur de la militante. Écoutez sa voix, elle doit être entendue.

MARIE-THÉRÈSE VAN LUNEN CHENU

Marie-Thérèse van Lunen Chenu est une amie fidèle et de longue date de L’autre Parole. Initiatrice de la fondation de Femmes et Hommes dans l’Église, en 1971, elle a plusieurs fois reproduit nos articles dans les pages de leur publication. Conférencière recherchée et auteure prolifique, ses analyses fouillées des questions qui nous intéressent ici ont fait sa réputation. C’est un honneur et un plaisir qu’elle nous a fait en nous présentant une réflexion intitulée « L’incontournable question des femmes ».

Parce qu’elle est incontournable, la question des femmes en quête de justice et d’égalité constitue une pierre d’achoppement sur laquelle butent non seulement l’Église catholique, mais aussi toutes les religions patriarcales. L’auteure nous explique la complexité des enjeux en cause. En voici quelques-uns : l’écart qui existe entre la situation des femmes dans les sociétés occidentales et celle que leur réserve l’Église catholique, la « structure duelle » : « misogynie et vénération » que celle-ci entretient à leur égard, la pérennité d’un système autoréférent, autosuffisant, et qui se régénère en vase clos, et la revalorisation du masculin jugé seul digne du sacerdoce. En fin de parcours, elle nous expose comment et sur quelles bases la conception d’elle-même que se fait l’Église de Rome doit être profondément renouvelée.

Combien nous sommes loin de l’idéal évangélique ! Marie-Thérèse van Lunen Chenu vit cette distance prise par l’institution comme une douleur, dont elle sait que nous la partageons. Avec une indéfectible espérance, entretenue depuis plus d’un demi-siècle de militance, elle nous en propose les remèdes. Toutefois, « lorsque le malade aime sa maladie, qu’il a peine à souffrir que l’on y remédie », comme nous le rappelait Molière. Nous savons depuis longtemps combien à Rome la guérison tarde à venir…

MARY HUNT

Mary Hunt est une militante bien connue dans les milieux féministes américains. Souvent traduits en français, ses articles ont connu une large diffusion en France et chez nous. Elle nous invite ici à réfléchir sur « Les effets de l’autoritarisme dans l’Église catholique romaine sur les femmes ».

L’auteure reprend à Elizabeth Schussler Fiorenza le terme « kyriarchie » pour définir « l’enchevêtrement de formes d’oppression qui donnent littéralement à certaines personnes le droit de ‘gouvernance divine’ sur d’autres personnes ». Après nous avoir montré du doigt des manifestations incontestables du catholicisme kyriarcal, liées à l’exercice de la sexualité, elle nous entraîne plus loin. Elle nous montre en particulier que non seulement les lois défavorisent les femmes, mais que la dynamique de leur rédaction, d’où elles sont d’office exclues, les ostracise inéluctablement.

Devenue prudente quant à la revendication de l’ordination des femmes, pour des motifs que plusieurs partagent, et consciente de la diversité des opinions sur les questions d’éthique sexuelle qu’elle a soulevées, Mary Hunt nous invite à faire reposer le fardeau de la preuve sur les détenteurs du pouvoir kyriarcal. Puis elle nous propose un modèle de gouvernance démocratique qui s’est fait jour chez des regroupements de femmes catholiques depuis Vatican II. Je vous laisse découvrir sur quel modèle inattendu et intéressant l’Église pourrait se reconstruire.Il a manifesté sa force dans le mouvement des femmes américaines pour la justice et l’égalité, non seulement dans l’Église, mais aussi dans la société.

IVONE GEBARA

Plusieurs fois invitée à participer à des activités de L’autre Parole, Ivone Gebara a toujours su susciter notre intérêt et renouveler notre ferveur comme féministes chrétiennes. La réflexion qu’elle nous propose aujourd’hui porte sa marque. « Pourquoi les autorités de l’Église catholique sont-elles schismatiques ? », se demande-t-elle. Poser pareille question, c’est sans doute manifester de l’audace, mais d’abord et surtout choisir d’enraciner son discours dans le terreau d’une expérience concrète parmi les pauvres de son Brésil natal, et dans sa compréhension profonde du message évangélique.

C’est en usant d’une argumentation d’une implacable logique, illustrée par des exemples collés aux réalités contemporaines, et en se fondant sur les exigences évangéliques, qu’Ivone Gebara nous entraîne à conclure avec elle que l’Église est schismatique, puisque sa hiérarchie est « séparée par ses pensées et par ses actions des soucis majeurs de la communauté des fidèles ». Nous, êtres humains, ajoute-t-elle, sommes « un mélange de bien et de mal, de fragilité et de force, de vérité et de mensonge [….] et personne n’a de connaissances en dehors de cette condition ». Cette femme de tête et de cœur mérite qu’on la lise avec un esprit et un cœur ouverts.

Ivone Gabara illustre à merveille, non seulement par ses écrits, mais par toute sa vie, qu’on peut être religieuse, avoir fait voeu d’obéissance, et rester libre. À condition d’être prête à en payer le prix, et d’avoir la force de reprendre la lutte et la parole, une fois surmontée l’épreuve du silence imposé.

ALICE GOMBAULT

En France, le mouvement Femmes et hommes dans l’Église, où nous comptons depuis longtemps de bonnes et de bons amis, est un exemple de regroupement qui déploie de l’imagination, et multiplie les initiatives pour faire bouger les choses. C’est à travers les pages de leur publication que j’ai appris à connaître et à apprécier le travail d’Alice Gombault. En 1986, elle en est devenue présidente. On la retrouve maintenant à Parvis.

Dans le texte qu’elle nous présente, et qui s’intitule « Le temps de la patience ne serait-il pas révolu ? », elle nous énumère une série de dossiers où, loin d’avancer, Rome semble reculer. Qu’il s’agisse de la morale sexuelle, des relations paradoxales liées avec les anglicans, du rapprochement avec les intégristes lefêvristes, des rapports d’autorité entre le clergé et les « simples fidèles », et tout particulièrement quand il s’agit de femmes, partout notre patience en tant que féministes chrétiennes est mise à rude épreuve.

Alice Gombault voit notre salut dans la création de nouvelles coutumes, parce que « c’est la coutume qui fait évoluer le droit ». Il faut « transgresser », c’est-à-dire aller « au-delà », et en dehors des sentiers battus par le droit patriarcal. Voilà l’invitation qui nous est lancée. Les féministes chrétiennes françaises et belges ont su dès les années soixante-dix, gagner des hommes à leur cause, et s’en faire des alliés dévoués. C’est une piste qu’il ne faudrait peut-être pas négliger, ne serait-ce que pour voir qui seraient nos compagnons de route, et jusqu’où il seraient prêts à aller.

ÉLISABETH GARANT

À travers toutes les prises de parole publiques d’Élisabeth Garant, et dans chacun de ses articles, on trouve un fil conducteur. Elle est mue par un engagement profond pour la justice sociale et pour la cause des femmes, dans l’univers séculier et dans l’Église. C’est dans sa conviction que le message évangélique est porteur d’espérance pour tout ce que les pouvoirs établis, qu’ils soient politique ou religieux, bafouent, méprisent et rejettent, qu’elle trouve les arguments pour convaincre ou, à tout le moins, pour interpeller, et inciter à réfléchir. En tant que directrice du Centre justice et foi, elle profite d’une importante tribune pour propager ses convictions personnelles, et celles de l’équipe qui l’entoure.

Dans l’article qu’elle nous propose, vous retrouverez le fil conducteur dont je viens de parler. Elle l’a intitulé : « L’engagement pour la justice sociale mis à mal par l’autoritarisme ». Elle prend pour exemple les démêlés que l’organisme Développement et Paix a connus avec Rome depuis plusieurs mois. Dénoncés par des groupes religieux de droite, les membres de Développement et Paix ont été accusés de soutenir des centres de planification des naissances offrant des services d’avortement. Ses porte-parole ont été réduits au silence. Alors que les détenteurs de l’autorité devraient nous mener sur les traces du Nazaréen, leur autoritarisme nous conduit de plus en plus dans des impasses. Élisabeth Garant vous en convaincra.

MARIE-ANDRÉE ROY

Marie-Andrée Roy est une des membres fondatrices de L’autre Parole, et en est fière, à juste titre. Elle est détentrice d’une maîtrise en sciences religieuses et d’un doctorat en sociologie. Elle enseigne à l’UQAM, où elle a été aussi directrice du Département de sciences religieuses. Elle assure actuellement la direction de l’IREF, L’Institut de recherche en études féministes. Souvent invitée à titre de conférencière dans des forums internationaux, elle accorde aussi régulièrement des entrevues dans les médias pour commenter diverses positions prises par l’Église sur des dossiers chauds concernant les femmes, tout particulièrement. Elle est de plus l’auteure de nombreux articles publiés dans nos pages ou dans des ouvrages scientifiques.

Dans l’article qu’elle nous propose ici, Marie-Andrée Roy m’a personnellement obligée à me poser une fois de plus la question qui me hante depuis longtemps : Que puis-je espérer des autorités vaticanes, qui nous distillent depuis tant d’années le froid et le chaud, et qui entretiennent ouvertement la « tentation totalitaire », non seulement à l’égard des femmes, mais à celui de toutes les personnes laïques, voire à celui des autorités diocésaines qui réclament plus d’autonomie ? Cette marge de liberté que Vatican II nous avait fait entrevoir, elle s’est amenuisée pour tout le monde comme peau de chagrin.

Pour illustrer le titre de son article « La tentation totalitaire », notre auteure choisit quelques faits dont les médias se sont emparés, et qui ont choqué l’opinion publique. Ils démontrent sans équivoque l’emprise que le Vatican veut exercer sur les consciences, celles des fidèles comme celles des évêques. Mais, le plus désolant, c’est que les interventions romaines nous font voir avec une troublante clarté l’abîme qui existe entre le message libérateur de l’Évangile et leurs attitudes et leurs discours. Se présenter comme seul interprète autorisé de la volonté de Dieu n’est-ce pas succomber à « la tentation totalitaire » ?

L’affaire de la fillette Brésilienne de neuf ans, devenue enceinte de jumeaux après avoir été violée par son beau-père, vous la connaissez. Vous ne pouvez pas ignorer non plus le classement définitif que le Vatican a réservé à la question de l’accession des femmes aux ministères ordonnés. Le droit d’y penser nous est même interdit ! Les journaux ont fait état aussi des difficultés que le mouvement Développement et Paix connaît actuellement à cause de l’intrusion intempestive de Rome dans sa gestion. L’exercice de la charité, telle que ses membres la pratiquent auprès des pauvres de la terre, n’est pas jugée en parfaite conformité avec la morale catholique.

« Le régime de Benoît XVI », pour reprendre les mots de notre auteure, est autoritaire. Nous le savions. Totalitaire ? Non. Mais il en cultive la tentation. N’ayant pas d’armée, il « n’a pas les moyens de ses ambitions ». Voilà au moins une bonne nouvelle !

CAPSULES

Membre fondatrice de L’autre Parole, auteure prolifique et collaboratrice régulière de notre publication, Monique Dumais a consenti à présenter, en 200 mots, la Lettre apostolique de Jean-Paul II, datant de 1988, intitulée Dignité et vocation de la femme, puis à évoquer pour nous « Les espoirs des années 70 suite à Vatican II ». Il faut être bien habile, d’une part, pour laisser entrevoir d’une manière aussi concise la pensée du défunt pape et, d’autre part, pour donner une idée des espoirs, trop souvent déçus, que nous avions entretenus.

Monique Hamelin est membre du groupe Vasthi, et vous avez très souvent eu le plaisir de la lire dans nos pages. Elle est de surcroît membre du comité de rédaction. Elle se demande « Quelles leçons tirer de la gestion des femmes incarcérées pour les luttes des féministes chrétiennes dans l’Église ? » La séparation des trois pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire, dans nos sociétés civiles, ouvre un espace de liberté que confisque leur cumul dans l’Église catholique. À partir de ce constat et de ses conséquences, elle nous rappelle la position adoptée par L’autre Parole, tant vis-à-vis de l’institution que des femmes qui s’y engagent.

Denise Couture est membre du groupe Bonnes Nouv’ailes, membre du comité de rédaction de notre collective, et vous qui avez l’habitude de nous lire la connaissez déjà. Elle nous propose quatre trop courtes réflexions intitulées ; « La théologie de la femme ou quand le mot égalité prête à malentendu », « Les deux raisons qui justifient la subordination de la femme à l’homme selon le Saint-Siège », « La femme déchue selon Jean-Paul II » et « Le Saint-Siège demande la soumission de la volonté et de l’intelligence sur les questions de foi et de morale ». Avec la logique implacable qu’on lui connaît, elle déconstruit les discours de l’autorité romaine, en révèle les failles anthropologiques et théologiques et en démontre le caractère fallacieux et mortifère pour les femmes.

Marie Gratton est membre de L’autre parole, et a signé plusieurs articles ici et ailleurs depuis de nombreuses années. Elle vous explique, en 200 petits mots, la grande déception qu’a constituée la publication de l’encyclique Redemptoris Mater.

LOUISE MELANÇON

Louise Melançon est une des fondatrices de L’autre Parole. Détentrice d’un doctorat en théologie, elle a fait carrière à la Faculté de théologie de l’Université de Sherbrooke où elle a été professeure, et a aussi exercé la charge de secrétaire et de vice-doyenne aux études. Elle a signé de très nombreux articles dans nos pages et dans des revues scientifiques. Elle est aussi l’auteure d’un livre sur l’avortement. Depuis la naissance de notre collective, elle a activement défendu la cause des femmes.

Elle nous propose ici un court billet intitulé : « Espérer contre toute espérance ». Elle y retrace à larges traits ce que fut la lutte des femmes pour accéder à l’égalité, les espoirs nés de Vatican II, et vite déçus, et la nécessité de continuer coûte que coûte le travail amorcé. L’utilisation des nouveaux moyens de communication permettra-t-elle de rejoindre de jeunes femmes prêtes à assurer la relève ? C’est d’elles que dépendra en définitive cette espérance contre toute espérance.