L’INSTRUCTION AU FEMININ

L’INSTRUCTION AU FEMININ

L’article de Michèle Pérusse « Autrefois, naguère, aujourd’hui, l’instruction au féminin » paru dans Education Québec de janvier 79 m’a permis de préciser quelques réflexions que je veux partager avec le groupe de l’Autre Parole. Car même si jusqu’à aujourd’hui j’ai refusé de m’impliquer dans ce groupe féministe au sein de l’Eglise, j’ai suivi de loin mais avec intérêt tout ce qui s’y passe.

Avec vous je suis convaincue que la libération de la femme doit devenir la préoccupation de chacune de nous. C’est la femme qui doit se réaliser dans toute la plénitude de son être. Mais pour se réaliser et se « poser » comme personne dans l’humanité, elle doit le faire face à  un autre être qui lui fait découvrir sa réalité féminine. En effet j’ai besoin du « tu » pour réaliser mon « je » ; j’ai besoin du masculin pour réaliser le féminin et accéder à l’humanité totale.

Ce qui m’a frappée dans l’article de M. Pérusse, c’est que le mouvement féministe via l’instruction a été mené surtout par des hommes jusqu’au XIX siècle et ce, depuis Charlemagne. N’est-ce pas parce que ce fut une guerre d’hommes seuls qu’il resta théorique et sans grands effets ?

D’un autre coté, si ce combat demeure l’action de la femme seule, à  mon avis, il n’ira guère plus loin et ne sera guère plus réaliste, car je ne puis imaginer un monde refait au féminin où l’humanité féminine et masculine pourrait vivre plus à  l’aise que dans le monde actuel « bâti par des hommes pour des hommes ». C’est pourquoi certaines affirmations comme « réécrire la théologie au féminin » m’apparaissent utopiques et irréalistes. On risque d’avoir encore un langage tronqué comme celui de Ta théologie actuelle parce qu’il oubliera aussi une moitié de l’humanité. On risquerait fort alors d’en arriver à des affrontements où les blessés seraient autant des femmes que des hommes où le résultat serait tout autre qu’un monde harmonieusement construit.

Je demeure convaincue que dans cette lutte pour la libération on doive se centrer sur la personne car c’est elle qui a besoin d’être développée, exprimée dans tous ses aspects. Et pour ce faire, nous avons besoin de tous les effectifs que sont les femmes et les hommes.

Un autre aspect de l’article précité que je veux souligner c’est la très grande prise de conscience et la lutte qui s’engagent dans le monde féminin pour que la femme recouvre ses droits à l’instruction entière et cela malgré les efforts contraires d’un clergé et d’une société qui veulent la confiner à un rôle unique et subalterne. Ces femmes qui ont mené l’action, et c’est leur rôle, ont bien su s’allier les appuis masculins et parvenir ainsi à des résultats intéressants. Cependant, je constate qu’on a grand besoin encore d’inciter les femmes à parler et agir. Elles doivent apprendre à se conscientiser, à oser, à foncer, à prendre parti, à s’engager et cela dans l’unité de tout leur être, de toute leur personne. Je pense que notre préoccupation devrait être de faire découvrir à la femme qu’elle peut « être-bien-avec » l’homme sans « être-bien-pour » l’homme ou « être-bien-contre » l’homme.

Voilà ce que j’avais le goût de dire à mes collègues de l’Autre Parole parce que je me sens l’une de vous, et comme vous soucieuse de nous faire jouer tout notre rôle dans la société et l’Eglise.

Sherbrooke   Nellie Vandal