Monique Dumais : sa pensée éthique,  théologique et féministe

Monique Dumais : sa pensée éthique,
théologique et féministe

 

Johanne Carpentier, Bonne Nouv’ailes

 

L’ÉTHIQUE THÉOLOGIQUE ET FÉMINISTE DE MONIQUE DUMAIS[1]

Alexandra Caron, détentrice d’une maîtrise en sciences des religions de l’Université de Montréal, s’intéresse aux enjeux éthiques actuels notamment en sciences religieuses dans les domaines du féminisme. Elle a écrit un article fort intéressant sur la pensée éthique théologique et féministe de Monique Dumais, cofondatrice de L’autre Parole, à partir d’articles et de monographies publiés entre 1981 et 2016.

Dès le début, Alexandra Caron reconnait la détermination et le courage de Monique Dumais, portée par un idéal de transformer la religion et la société, en la qualifiant de « Prophétesse annonçant à tout vent l’avènement d’un monde plus juste » (p 143).

Trois angles sont choisis pour aborder l’éthique de Monique Dumais :

  • L’autodétermination
  • L’éthique féministe et droits des femmes
  • Le quatuor de la confiance

L’AUTODÉTERMINATION

L’autrice affirme qu’au cœur de l’éthique de Monique Dumais se trouve la notion d’autodétermination de la personneAinsi, être sujet « c’est jouir d’une autonomie qui peut s’affirmer ». Outre cela, son éthique féministe s’enracine dans une critique de la morale sexiste, déterminée par la loi dite morale ou « naturelle », basée sur une conception originelle du genre et imposée par le clergé catholique aux femmes.

L’autrice nous démontre que l’autodétermination dans la pensée de Monique Dumais se situe et s’affirme dans une éthique de relation entre les personnes, les situations et les besoins. C’est donc une éthique holistique incarnée et solidaire de soi-même et des autres (p. 146). Elle poursuit en nous présentantcommentla théologienne s’intéresse à l’impact de l’état du monde sur la vie des femmes et sur l’environnement, thème toujours d’actualité !

ÉTHIQUE FÉMINISTE ET DROITS DES FEMMES

L’autrice nous fait découvrir combien « éthique féministe et droits des femmes » sont liées dans la pensée de Monique Dumais. « L’argumentation religieuse utilisée pour dominer les femmes a servi politiquement à nourrir le patriotisme, à critiquer le socialisme et à imposer une morale politique traditionaliste » (p. 149).

On réalise aussi combien cette femme optimiste qui prônait l’importance pour les femmes de se donner naissance à soi-même, faisait parfois face à l’inconnu dans la démarche à suivre « cette naissance à soi-même que vivent les femmes est une question qui les place « devant un grand vide » et reste sans réponse absolue  » (p. 151).

On découvre ou redécouvre en lisant cet article que, pour Monique Dumais, l’éthique féministe est bien vivante et incarnée. Elle invite les femmes à s’émanciper en retrouvant un lien intime et personnel avec le corps, lieu de manifestation de l’Esprit ! On ne peut que faire des liens avec tout ce qui se passe aujourd’hui dans l’église avec la dénonciation des abus sexuels et dans la société concernant le mouvement « moi aussi » et tout ce qui est en découle !

LE QUATUOR DE LA CONFIANCE

Dans ce dernier et très beau chapitre, l’autrice nous indique qu’aux trois vertus théologales, soit la foi, la charité, l’espérance, Monique Dumais y ajoute la solidarité, l’amour et la responsabilité (p. 153) ! On sent en lisant ce bel exercice sur les écrits de cette cofondatrice de L’autre Parole, que toute sa vie et son œuvre sont orientées par la confiance en ces vertus et que poussées par le souffle de l’Esprit, la Ruah,elle a su les vivre et les interpréter à la lumière de son temps.

Je recommande fortement, non seulement, la lecture de cet article d’Alexandra Caron sur la pionnière et avant-gardiste de la pensée féministe au Québec qu’a été et qui est toujours Monique Dumais, mais également de consulter sur le site de L’autre Parole, à l’onglet « Œuvres choisies », des textes de Monique Dumais.

Pour explorer : https://moniquedumais.lautreparole.org/

[1] AlexandraCARON. « L’éthique théologique et féministe de Monique Dumais », dans Théologiques, vol. 26, no2, 2018, p. 141-160. Pour accéder à l’article : https://www.erudit.org/fr/revues/theologi/2018-v26-n2-theologi04920/1065199ar/