PAROLES DE FEMMES… PAROLE DE DIEU

PAROLES DE FEMMES… PAROLE DE DIEU

Christine Lemaire – Bonnes Nouv’Ailes

Nous désirons faire écho à un événement important rapporté dans le bulletin Femmes et hommes dans l’Église, no 31, septembre 1987.

Quarante femmes ont été réunies par la Conférence des organisations internationales catholiques afin d’échanger sur « les femmes dans l’Église et la société ». Cette rencontre a eu lieu à Bruxelles, du 9 au 14 juin 1987.

Ces femmes ont d’abord tenu à affirmer avant toute autre considération leur attachement à l’Église. Elles ont ensuite brossé un portrait peu reluisant de la situation des femmes dans l’Église et en ont conclu que « de nombreuses femmes sont tellement déçues par l’Église qu’elles refusent d’y investir plus longtemps leurs énergies ». « L’enjeu est plus grave qu’une simple baisse numérique, c’est une perte de catholicité« .

La relecture de la Parole de Dieu leur a fait découvrir que les relations hommes/femmes y sont établies dans l’égalité, la responsabilité, la réciprocité. Elles ont de plus souligné l’importance de la redécouverte de la dimension féminine de Dieu.

Les intervenantes ont aussi développé quelques aspects-clés d’une « anthropologie renouvelée » où les femmes sont définies comme des humaines, créées à l’image de Dieu vivant avec les hommes des rapports caractérisés par la réciprocité et le respect intérieur. Elles ont dénoncé ta complémentarité qui étouffe le potentiel humain de la femme et de l’homme.

Pour conclure, les participantes ont formulé douze recommandations qui s’inspirent de leur réflexion et ouvrent de nouvelles perspectives.

En voici le texte intégral qui servira à nourrir la ténacité de notre espérance.

1. La pensée et la production théologiques, et les pratiques pastorales des femmes devraient désormais être intégrées dans l’enseignement et la pastorale de l’Église, notamment en ce qui concerne l’élaboration de l’éthique chrétienne.

2. Il serait également important d’entreprendre en commun, femmes et hommes, clercs et laïcs, une recherche et une réflexion fondamentales sur les origines et l’histoire de le condition des femmes dans l’Église.

3. Nous voudrions que soient reconnues et respectées les expressions de la foi des Églises locales ainsi que des communautés ou groupes de base, insérés dans des contextes culturels différents, en communion à l’Église universelle.

4. Conscientes du fait que les femmes ont à subir une double discrimination et marginalisation (socio-économique et aussi sexuelle), nous demandons à l’Église et spécialement par ses autorités épiscopales, de s’engager profondément et courageusement avec les groupes et communautés qui luttent pour le changement des structures et l’établissement de la justice.

5. La conscience grandissante que les femmes ont de leur vocation ecclésiale et sacramentelle doit désormais être prise en compte, et il est essentiel qu’elles soient autorisées à l’exercer ( par exemple : baptême, onction des malades, prédication de la parole).

6. Les articles du droit canon qui sont discriminatoires pour les femmes, ou qui sont basés sur des présupposés limitatifs à propos de la « nature » et du « rôle » des femmes devraient être revus et corrigés, y compris le no 1024 concernant l’ordination.

7. La notion et la pratique d’autorité qui sont encore liées au sacerdoce, devraient être révisées à la lumière de la Tradition de la foi, notamment en ce qui concerne les droits conférés par le baptême. Ce qui amènera une décléricalisation de l’institution et un accès des laïcs aux instances du pouvoir. Le pouvoir signifie pour nous : la possibilité, la capacité d’agir, la reconnaissance et le partage.

8. Nous voudrions voir s’instaurer une meilleure participation dans l’Église : – participation qui suppose le dialogue, la concertation, la collaboration aux décisions, à la gestion co-responsable des biens de lo foi et de l’Église ; -participation des femmes et des hommes au niveau des ministères, en vue de l’évangélisation, d’une présence plus active au monde et d’une option pour la justice et la paix ; – participation autorisée des femmes et des hommes aux diverses instances de la vie ecclésiale : enseignement, formation (prêtres et laïcs), planification pastorale et missionnaire de l’avenir de l’Église, administration.

9. Nous croyons essentiel que la liturgie fasse mieux apparaître la présence des femmes au sein du peuple de Dieu. Son langage comme ses symboles doivent être inclusifs. La liturgie doit être l’expression de la spiritualité des femmes (c’est-à-dire de leurs souffrances et de leurs joies, de leurs engagements et de leurs espoirs), tout autant que de celle des hommes.

10. Nous demandons è l’Église-Institution un réel effort pour faire dorénavant usage d’un langage non sexiste dans les discours, les documents, les déclarations qu’elle publie, de même que dans ses traductions scripturaires.

11. Nous voudrions que soient reconnus les lieux de témoignage chrétien communs, et que cet oecuménisme authentique, vécu à la base, soit respecté. D’autre part, il est aussi essentiel que, dons les instances institutionnelles oecuméniques, des femmes soient nommées, pour participer par exemple aux commissions de dialogue bilatéral, aux projets et programmes du Conseil oecuménique des Églises, tout spécialement ceux concernant la Conférence Mondiale sur la Justice, la Paix, la Sauvegarde de la Création ( 1990), et la Décennie des Églises en Solidarité avec les Femmes (1988-1998).

12. Nous comptons sur l’Église locale et universelle pour qu’elle encourage les femmes à s’engager plus activement dans les structures internes de l’Église. Qu’elle reconnaisse que celles-ci participent pleinement è sa mission évangélique lorsqu’elles exercent leurs responsabilités de chrétiennes dans tous les domaines.