QUARANTE ANS EN CINQ TEMPS

QUARANTE ANS EN CINQ TEMPS Construire collectivement notre mémoire1

Christine Lemaire

INTRODUCTION

Pour faire suite à la pièce de théâtre 2 présentée le premier jour du colloque, le plan de ce texte adopte la même structure, soit cinq temps relatant les grandes périodes de la vie de notre collective : le contexte de notre naissance, notre action et notre spiritualité féministes, nos liens avec le mouvement des femmes et avec les féministes des autres confessions religieuses. Pour le cinquième temps, je m’attarderai sur les trois vœux des Fées qui ont toujours soif etqui constituent, en fait, les trois grands principes qui ont soutenu la vie de L’autre Parole depuis ses tout débuts. Cet exposé se veut une réflexion de synthèse. Notons, par ailleurs, que le « nous » employé ici inclut toutes les femmes qui ont fait partie de L’autre Parole à un moment ou à un autre des quarante dernières années. Comme nous sommes Église, nous sommes L’autre Parole.

Premier temps – La naissance de L’autre Parole

L’autre Parole n’est pas née de rien. Elle est un des plus beaux fruits du climat d’effervescence des années 1970, tant au niveau du mouvement des femmes que de l’Église. Nous étions alors à un carrefour d’événements, d’influences et d’espoirs. Les événements ont été rapidement évoqués dans la pièce de théâtre.

En ce qui concerne les espoirs, il y avait d’abord celui de l’ensemble des femmes, de transformer fondamentalement la société afin d’éradiquer le patriarcat. Espoir, ensuite, d’une grande partie des chrétiennes et des chrétiens, de transformer l’Église-institution pour la rendre plus démocratique et actuelle. Enfin, espoir, pour les femmes en Église, de transformer la théologie et la spiritualité pour les dépoussiérer, les rendre plus fidèles aux découvertes des exégètes et pour les adapter aux expériences des femmes.

J’ai parlé aussi d’un carrefour d’influences. Les facultés de théologie occidentales vivaient, bien souvent malgré elles, il faut le dire, un afflux (ou peut-être même un assaut !) de forces vives, de nouvelles manières de penser, rigoureuses, audacieuses, décapantes, de la part des premières théologiennes à travers le monde, dont les travaux et les réflexions s’inspiraient les uns des autres. Monique Dumais, qui arrivait d’un séjour d’étude aux États-Unis, avait été inspirée par cette effervescence.

Son appel à la solidarité entre théologiennes a été entendu par Louise Melançon, théologienne universitaire alors en début de carrière, qui voyait tous les possibles que de telles réflexions et analyses pouvaient engendrer pour les femmes québécoises, particulièrement marquées et attachées à leur culture chrétienne et catholique. Elle se livre dès le deuxième numéro de la revue à une recension d’un colloque du groupe français Femmes et hommes dans l’Église (connu depuis 2011 sous le sigle :  FHEDLES (Femmes et Hommes, Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société). Nous voyons donc paraître, dès le tout début, les deux influences fortes qui font la spécificité du Québec : l’américaine et la française.

Deux étudiantes s’étaient jointes à elles, dont la fougueuse Marie-Andrée Roy, étudiante en théologie en partance pour des études à Paris, sans doute soutenue, comme elle l’est encore aujourd’hui, par sa révolte contre l’injustice. Dans son premier article du tout premier numéro de la revue, elle aborde le thème de la solidarité. Après s’être livrée à une courte analyse de l’aliénation des femmes, valorisées seulement par le regard des hommes sur elles et que l’idéologie patriarcale amène à se méfier les unes des autres, elle conclut :

Nous [les théologiennes et sociologues des religions] sommes éparpillées un peu partout au Québec, toujours minoritaires, rarement prises au sérieux par nos « confrères » ; nous avons donc tout avantage à nous retrouver, à nous solidariser, pour que NOTRE PAROLE éclate avec force dans l’enceinte de la théologie québécoise. 3

L’autre Parole est marquée par les personnalités des trois fondatrices : importance de créer des liens et de développer une théologie à partir des expériences partagées par les femmes elles-mêmes pour Monique Dumais, appel à l’analyse et à la réflexion féministes pour Louise Melançon, esprit de justice qui pousse à l’action pour Marie-Andrée Roy. Ce sont de fait les trois vœux formulés lors de la pièce, sur le berceau de L’autre Parole : collectif, réflexion théologique rigoureuse, engagement féministe.

Enfin, il faut le dire, ces trois femmes sont avant tout des intellectuelles, c’est-à-dire des personnes à qui l’on reproche souvent d’être idéalistes ; nos trois fondatrices partageaient la conviction qu’une société plus juste et non sexiste est possible. En plus, elles ont la foi, ce qui n’arrange rien ! Cet idéalisme et cette foi, soulignons-le, ont porté et inspiré la collective tout au long de son existence.

Deuxième temps – Les années 1980 : le temps de l’action

Dans les années 1980, les femmes de L’autre Parole étaient, pour la plupart, dans le fécond mitan de leur vie, ou plus jeunes… Soyons réalistes, cela fait toute une différence ! Quoique nous n’ayons pas été bien plus nombreuses qu’aujourd’hui, nos réseaux et nos champs d’action étaient, pour la plupart d’entre nous, directement liés à la question des femmes. Aussi, les forces étaient-elles vives, l’enthousiasme grand, porté par la force du mouvement des femmes à cette époque. Les années 1980 ont donc été particulièrement actives et ont été l’occasion de prises de position qui n’ont pas beaucoup changé depuis –  mais qui ont plutôt été révisées et réaffirmées en les adaptant aux changements survenus dans la société québécoise.

Dès 1981, nous avons assuré nos liens avec le mouvement des femmes et fait notre marque, par un premier coup d’éclat. Rappelons qu’alors les évêques avaient décidé de prendre officiellement position contre le droit à l’avortement lors d’une conférence de presse très médiatisé ; des féministes de divers groupes dont L’autre Parole, ont tenu une deuxième conférence de presse dans les locaux d’en face, affirmant que La vie des femmes n’est pas un principe. Ainsi, les journalistes présents ont pu voir les deux côtés de la médaille des prises de position chrétiennes sur le sujet. Un « coup fumant », pourrions-nous dire, que Marie-Andrée Roy raconte toujours avec un sourire de satisfaction, comme une résistante qui relate les bons moments de sa carrière dans le maquis.

Précisons qu’alors, L’autre Parole n’a pas agi en tant que telle, mais comme « groupe no 1 » de L’autre Parole. On les appelle aujourd’hui Vasthi. Ce groupe a d’ailleurs porté cette question, amenant l’ensemble de la collective à élaborer une position plus officielle. C’est chose faite en 1987. J’ai assisté à la première construction de ce texte. Cela n’avait pas été facile, car, pour certaines, la question n’était rien de moins que déchirante. Cependant, grâce au travail profondément respectueux, énergique, mais tout en finesse de Ginette Boyer, un consensus s’est dessiné autour de deux éléments qui furent réaffirmés en 2013 : la vie est sacrée et la vie des femmes est celle que nous avons le devoir de prioriser. Position réfléchie, courageuse, parce qu’extrêmement lucide. Ce n’est pas en louvoyant sur la question de la sacralité de la vie que nous y sommes arrivées, mais, au contraire, en la mettant au centre de nos préoccupations.

Si j’insiste sur cet épisode, c’est qu’en plus de révéler notre intérêt constant pour la question du corps des femmes et de leur sexualité, il est très représentatif de la dynamique de L’autre Parole. Nous discutons, réfléchissons, créons ensemble, dans le profond respect de nos expériences respectives. Nous travaillons d’arrache-pied à obtenir des consensus afin d’arriver à des prises de positions plus officielles. Mais quand nous n’y parvenons pas, nous ne nous en tenons pas rigueur – ou pas trop longtemps – et en profitons plutôt pour présenter l’éventail de nos réflexions dans notre revue.

Parlant de revue, celle-ci nous a permis de couvrir un large spectre de sujets et de questionnements. De fait, sans toujours faire l’objet d’un colloque en bonne et due forme, certains thèmes, abordés de façon récurrente au fil des années, permettent de dégager des valeurs et des causes chères à notre collective. La solidarité, encore elle, et l’engagement de chacune d’entre nous dans toutes les sphères de la société sont au nombre de ces préoccupations récurrentes.

Un autre champ d’intérêt réside dans la quête et la présentation de figures de femmes inspirantes, pouvant nous servir de modèles au-delà de ceux proposés par l’Église. Les années 1980 et 1990 ont vu la publication de divers écrits. Pensons à Mémoires d’elles4 qui, en plus d’être un ouvrage dirigé par Marie-Andrée Roy et Agathe Lafortune, a fait l’objet d’un numéro de notre revue (no 70, en 1996), ou au colloque sur « Nos saintes » (no 44, en 1989), qui propose d’autres modèles en mesure de nourrir une spiritualité féministe.

Évidemment, la question des femmes dans l’Église-institution occupe une place majeure dans les préoccupations de L’autre Parole. Place des femmes dans la hiérarchie, comme travailleuses, comme intervenantes – cette question est déclinée sous toutes ses formes et, comme on l’a vu dans la pièce, nous profitons de nos solidarités avec d’autres groupes de femmes pour défendre nos idées. L’accès des femmes au sacerdoce est, pour la plupart d’entre nous, purement et simplement une question de justice et de reconnaissance du travail immense des femmes dans cette Église. Mais, rappelons-nous que, lors de cet événement officiel de notre prise de position sur l’ordination des femmes en 1989, Yvette Laprise avait adopté la position radicale de l’abolition pure et simple des ministères ordonnés, souhaitant plutôt, soutenait-elle, « des ministères qui ne seraient que des services dans le sens évangélique, sans sacralisation des personnes, ce qui ne peut arriver, à mon sens, qu’en ébranlant les structures existantes »5. Autre preuve de la pluralité des points de vue, dans notre collective.

Enfin, mentionnons que, tout au long de ses quarante années d’existence, le discours des papes au sujet des femmes a été disséqué, analysé, déconstruit pour employer un mot que nous affectionnons, afin de montrer à quel point il est resté inchangé. Faisant fi de la popularité médiatique de certains papes – que l’on pense à Jean-Paul II lors de sa visite au Québec et à l’aura progressiste du pape actuel – les auteures s’évertuent à débusquer un patriarcat crasse derrière les beaux discours sur la dignité des femmes.

Troisième temps –  Fin de non-recevoir de l’Église et spiritualité féministe

Dans son livre relatant son expérience du féminisme des années 1980 à aujourd’hui, Francine Pelletier identifie le 6 décembre 1989 comme l’événement symbolique de l’entrée du mouvement des femmes dans une période sombre, celle des années 19906. Du côté des chrétiennes catholiques, cependant, il est certain que la lettre de Jean-Paul II (en 1995) est aussi le symbole d’un virage à droite de l’Église et d’une fermeture sur elle-même – qui clôt tout espoir de réforme importante. À L’autre Parole, nous avons vécu comme les autres la déception, la colère, le dégoût. Mais parmi nous, certaines ne pouvaient s’empêcher d’y déceler la possibilité de larguer les amarres, d’y voir l’occasion d’accroître notre liberté de création.

Certaines d’entre nous proposent donc de consacrer nos ressources, non pas à frapper à des portes qui, pour l’heure, semblaient irrémédiablement closes, mais plutôt d’aller voir ailleurs si nous y étions. Ainsi, les années 1990, toutes désespérantes qu’elles furent, ont été pour nous des années d’audace. Oui, nous avons mis un e à Dieu, nous avons porté des étoles et avons maintes fois célébré la Christa, prié la ruah ou la Sophia, noms que nous préférions donner à l’Esprit. Nous avons aussi célébré, avec de moins en moins de complexes, l’eucharistie. À Orford, devant une assemblée que l’on peut qualifier d’impressionnante, nous avons levé au-dessus de nos têtes, un pain, une coupe de vin. Nous l’avons fait.

Parlons au passage de ce qu’il nous en coûtait. Pour ma part, n’ayant ni études ni carrière en théologie, ces gestes n’avaient que le goût de ma propre liberté spirituelle. Mais pour d’autres, il s’agissait en quelque sorte d’une mise en danger et d’un suicide politique. Disons-le, l’adhésion à L’autre Parole n’a jamais été un atout dans le curriculum vitae de nos membres ! Ainsi, fallait-il être profondément convaincue du bien-fondé de ce geste, pour vouloir le poser. Il fallait du courage et je dirais de l’abnégation. Et n’avoir aucun plan de carrière à tout le moins dans l’Église-institution…

Une manifestation d’ouverture de celle-ci, à cette époque, nous aurait peut-être rendues plus prudentes, plus conciliantes. Bien sûr, cette ouverture aurait été souhaitable et bénéfique. Mais, pour L’autre Parole, ce repli agressif et l’attitude timorée des clercs québécois qui, eux, avaient de l’ambition, a eu comme conséquence heureuse de nous permettre de déployer nos ailes.

Quatrième temps – En lien

Lors du fameux et difficile débat sur les accommodements raisonnables, l’émission Open Télé animée par Sophie Durocher posait la question suivante : Religion et féminisme sont-ils compatibles ?7 Du point de vue de L’autre Parole, il est un peu aberrant d’avoir à se poser une telle question. D’ailleurs, malgré l’évidente mauvaise foi de l’animatrice, les résultats du vox pop avaient penché vers le oui. Il faut dire que Denise Couture, sa fille Élise et moi-même, avions activement contribué au camp du oui, par nos prises de paroles répétées sur Twitter afin de soutenir notre amie Johanne Philipps (de Bonne Nouv’ailes) qui, elle, participait à l’émission.

Peut-il exister des chrétiennes catholiques, protestantes, féministes ? Et comment peut-on penser qu’il puisse exister des musulmanes féministes et des juives féministes ?  Ici, L’autre Parole a trouvé une voie majeure de son activité depuis l’an 2000 : créer des liens, toujours, mais cette fois avec d’autres féministes d’autres confessions religieuses.  Qu’il s’agisse de la célébration de la première Marche mondiale des femmes à l’automne 2001, de notre participation active à l’élaboration de la Grappe et, plus récemment, du groupe Maria’M, ce lien entre L’autre Parole et les féministes des autres confessions religieuses est un point central de notre action des dernières années.

Mais il ne faut pas non plus sous-estimer notre présence de longue date au sein de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), présence d’abord assurée par les membres du groupe Phoebé, et qui tend à se raffermir et à se confirmer depuis que la FFQ aborde la question de l’appartenance aux religions institutionnalisées.

Cinquième temps – Et nos vœux

Enfin, comme les religieuses font des vœux et portent le charisme de leurs communautés respectives, je crois que les trois vœux formulés au-dessus du berceau de L’autre Parole8, sont essentiels pour bien comprendre sa vitalité et sa longévité. Tout au long de ces quarante années, nous nous y sommes référées afin de nous y ancrer. Féminisme, christianisme et collective, nous ont guidées, nous empêchant de disperser nos forces et de diluer le sens de notre action. Notre féminisme et notre spiritualité chrétienne ayant été déjà abordés, j’aimerais terminer mon exposé en approfondissant l’aspect collectif.

Mais avant, parlons du nombre. J’ai vraiment l’impression qu’il s’agit réellement d’un don – cette apparence du nombre qui, de fait, est trompeuse. Je souris quand je lis les commentaires de nos nouvelles lectrices qui, découvrant la collective et nous croyant très nombreuses, nous reprochent notre manque de visibilité… Nous continuons à paraître nombreuses alors que nous sommes si peu ! Je ne suis pas loin d’appeler cela un miracle, un peu comme les cinq pains et les trois poissons de l’Évangile.

De fait, le nombre de nos membres est à peu près toujours resté stable et en bas de quarante. À quoi pouvons-nous attribuer une telle « contreperformance » pour parler le langage à la mode ? D’abord, il importe de dire que les positions évoquées plus haut ont été un facteur de notre relative impopularité. Autant avons-nous été percutantes, autant avons-nous, par nos paroles, éloigné certaines femmes qui nous auraient souhaitées plus enclines au dialogue avec l’Église-institution. Nous avons tenu un rôle important, mais qui nous a condamnées à la marge.

Soulignons de plus que nos tentatives d’attirer des jeunes femmes dans notre groupe ont donné des résultats plutôt mitigés. Évidemment, ce genre de problème est partagé par les communautés religieuses féminines au Québec. Certaines prises de positions plus radicales auraient-elles pu permettre un renouvellement de nos effectifs ? Malheureusement, il n’en est rien.

Il faudrait d’abord faire un examen de conscience et nous demander si, en pratique, les jeunes ont toujours pu avoir la place que nous souhaitions leur voir prendre en toute bonne volonté. Nous pourrions aussi expliquer cela par le fait que la plupart des jeunes femmes qui pourraient partager nos analyses, se sentent peu liées à la tradition chrétienne et à l’Église catholique. Sans doute, le repli du magistère leur indique-t-il que nos revendications sont des lubies à la Don Quichotte, et qu’elles ont mieux à faire dans d’autres luttes… Nous pouvons les comprendre. Si en 1976, il n’y avait eu aucun espoir de réforme de l’Église à la faveur des femmes, L’autre Parole aurait-elle existé ? Ne faut-il pas de l’espoir pour se mettre en marche ?

Qu’en est-il, en terminant, de cet esprit collectif ? Il n’est pas toujours évident de fonctionner comme nous le faisons : sans présidente, sans structure autre que quelques groupes liés par un comité de coordination, qui vivent ou vivotent selon les années. Nous avons, de fait, des hauts et des bas, des allées et venues, des montées d’adrénaline et des périodes de latence.

Nous avons des paroles fortes et rassembleuses, nous avons des dissensions, des réserves, des questionnements, des hésitations et des audaces. Nous nous irritons, nous nous agaçons même parfois ; nous nous taquinons, nous nous obstinons, nous rions…  Nous avons nos tensions, nos combats larvés ou ouverts sur des questions litigieuses. Prenons en exemple ce voile qui a tant déchiré le Québec et qui nous sépare, nous aussi. Comme la question de la prostitution l’a fait avant, génératrice de débats à l’issue desquels chacune est restée dans son camp. Tout ça pour dire que nous sommes des humaines.

Pourtant, contre vents et marées, c’est cette valeur collective, qui nous tient ensemble. Je l’ai dit, nous ne prenons pas de position officielle sur les questions qui nous séparent profondément. Ce qui nous fait apprécier à quel point nos prises de parole sont précieuses quand, dans la même collégialité, le même respect des parcours de chacune, nous arrivons à parler d’une même voix.

Mais collective veut aussi dire : large éventail de talents, d’intérêts, de singularités. Chaque groupe a sa couleur et sa force. S’il y eut d’abord les théologiennes, elles ont vite élargi le spectre en accueillant, avec la même chaleur, le même sentiment de pertinence, toutes nos expériences de femmes chrétiennes. Cette « expérience des femmes » si chère à Monique Dumais qui en a compris la valeur, et qui l’a mise au cœur de notre collective. Aujourd’hui, comment nous passer des talents de chaque femme qui nous constitue ?

CONCLUSION

En conclusion, quel regard porter sur l’avenir de notre belle collective ? Comme toute communauté religieuse, L’autre Parole semble se diriger vers une douce attrition. Pourtant, notre présence semble plus que jamais nécessaire, dans un monde où les religions ont repris le haut du pavé. Qu’est-ce qui nous attend ? Jusqu’où pourrons-nous encore aller, tenant à bout de bras notre revue (la plus vieille revue féministe au Québec publiée sans interruption depuis 40 ans, il est bon de se le dire), nos célébrations, nos participations diverses ?

Ici, il serait bon de répéter qu’il faut avoir la foi, celle qui fait de nous des croyantes parmi les femmes croyantes, et qui fait en sorte que nous suivrons la Sophia, la ruah, la Christa et la DieuE, là où elles nous mèneront…

Toujours, il s’agira de parcours de femmes, de marches des femmes.

1. Voir : Tableau La ligne du temps – Construire collectivement notre mémoire, disponible au site suivant : http://www.lautreparole.org/sites/default/files/revues/ldtemps_mh_mar_v1_2016_07_28.pdf

2. Pour toutes les références à la pièce de théâtre, voir L’autre Parole, no 145, Quarante ans de marche et d’espérance : Tome 1 : Théâtre.

3. L’autre Parole no 1, septembre 1976.

4. ROY, Marie-Andrée et Agathe LAFORTUNE. Mémoires d’elles. Fragments de vies et spiritualités féministes : Ier au XXe siècle, Montréal, Médiaspaul, 1999.

5. L’autre Parole, no 43, septembre 1989, Oui à l’ordination des femmes.

6. PELLETIER, Francine. Second début. Cendres et renaissances du féminisme, Montréal, Nouveau Projet, 2015, p. 24.

7. « Religion et féminisme sont-ils compatibles ? » Open télé, animée par Sophie Durocher, sur la chaine MATV, 31 octobre 2013  http://staging.matv.ca/montreal/matv-blogue/mes-articles/2013-10-30-religion-et-feminisme-sont-ils-compatibles

8. Voir : L’autre Parole, no 145, « Quarante ans de marche et d’espérance – Tome 1 : Théâtre », p. 9