POUR RENDRE GRÂCE ET FAIRE COMMUNION

CÉLÉBRATION

POUR RENDRE GRÂCE ET FAIRE COMMUNION

Monique Hamelin, Vasthi

 

Une caractéristique des colloques de L’autre Parole est la réécriture de textes bibliques. À partir du thème choisi, un groupe est responsable de suggérer un certain nombre de textes pouvant faire l’objet d’une réécriture en atelier. Ce colloque n’a pas fait exception. Les femmes se sont donc regroupées par petits groupes pour une mise en contexte de certains textes de Marc au chapitre 11 et Mathieu aux chapitres 6 et 7. La lecture des réécritures est partie prenante de la célébration. L’équipe responsable de la célébration doit pouvoir intégrer ces textes, créés quelques heures avant dans le corpus de la célébration. C’est un défi toujours stimulant et dont les résultats nous surprennent à chaque fois.

 

Accueil

Mise en scène

Les portes de la salle sont fermées. Toutes attendent à l’extérieur. À l’intérieur, les chaises sont en U afin de permettre à chacune de voir un appareil de télévision qui sera utilisé pour le visionnement d’un film – Le Festin de Babette, d’après la nouvelle de Karen Blixen.

Première voix à la porte de la salle:

Bienvenue à notre célébration! Comme première étape, chacune sera accueillie avec pour celles qui le souhaitent, la remise de l’étole, rappel de notre sacerdoce, de notre engagement chrétien.

Trois femmes accueillent les participantes qui rejoindront leur place.

Accueil de chaque femme par les trois co-célébrantes:

Souhaites-tu X, recevoir cette étole en signe de ton sacerdoce?

Réponse des femmes:

Oui, je le veux.

Visionnement du film

Après l’accueil, une des co-célébrantes

Pour la célébration, nous avons choisi de vous présenter un film – Le Festin de Babette. Ce film est une ode à la vie, au don qui permet de faire communion.

Celles qui ont vu le film se rappelleront et pour les autres voici en quelques mots les grandes lignes du film. Babette, une grande cheffe dans un prestigieux café parisien, fuit la répression de la Commune de Paris en 1871. Sur les conseils d’un ami, elle se réfugie dans une petite localité du nord du Danemark. Elle y sera accueillie par deux vieilles demoiselles chez qui elle travailla. Ces deux demoiselles président, depuis la mort de leur père, fondateur de la communauté, aux destinées de celle-ci. Quelque 15 ans plus tard, Babette gagne à la loterie. Tout le monde croit qu’elle partira, mais je vous laisse découvrir ce qui se passera pour ce groupe qui vit dans une grande ascèse. Autour de la fête, ce groupe de fidèles réussira à faire communauté, à faire Ekklesia.

Nous débuterons par une première lecture de nos réécritures. Puis, le film débutera, des arrêts permettront de lire les autres textes. À la fin, nous avons prévu une période d’échange.

Première lecture – réécriture de Mathieu 6, 19-21

N’amassez pas des trésors, vous n’emporterez rien avec vous.

Mise en scène

Une femme en deuil tente de faire entrer un bouquet de fleurs, une bouteille de vin, de l’argent dans une petite boîte qui représente une urne mortuaire.

Amasse des trésors, reconnais et apprécie ta capacité de penser : elle est à toi et nul n’a le pouvoir de te l’enlever. Apprécie l’humain en toi, l’humain total qui vit en harmonie la nature.

Amasse des trésors. Porte des lunettes 3D.

Tout est BIEN,

Tout est BEAU,

Tout est BON.

Parle à ton voisin. Passe du temps avec tes enfants. Profite du moment présent.

Amasse des trésors. Remplis ta vie d’expériences grandissantes ouvertes aux autres. Puise ton énergie en contemplant les beautés de la nature et fais corps avec elle.

Car là où est ton trésor, là aussi est ton cœur.

Deuxième lecture – réécriture de Mathieu 7, 15-20

Attention! Attention!

Méfiez-vous des beaux parleurs qui viennent à vous avec des publicités pleines de promesses, mais n’ayant au-dedans que mensonges et avidité mercantile.

Comment distinguer ces beaux parleurs?

Vous les reconnaîtrez à leurs messages artificiels, à leurs sourires flatteurs, à leurs discours ronflants, à leurs relations d’emprise sur les autres et à leurs pièges incitatifs de surconsommation.

En vérité, en vérité, je vous le dis, pour devenir des consommatrices responsables, tournez-vous donc vers les prophétesses de ce monde.

Ces bonnes prophétesses viennent à vous en vêtement de simplicité, avec un cœur soucieux de la vie qui circule en elles et autour d’elles.

Des créatrices de collectives!

Elles parlent avec le souffle inspirateur de leur intériorité. Leurs paroles inspirent des fruits de confiance, d’entraide et d’interdépendance.

À leur tour, les personnes, qui les écoutent, reproduisent des fruits à consommer et à partager pour un monde plus équitable.

Troisième lecture – réécriture de Marc 11, 15-17

Un sketch avec cinq personnages, dont la narratrice et une vendeuse

Narratrice – Elles arrivèrent dans une ville. Elles ont voulu visiter une église, les portes étaient fermées, une autre avait été transformée en de magnifiques condos. Elles sortirent donc de la ville et se retrouvèrent dans un superbe centre d’achat. La conversation s’engagea.

Carmina – Les centres d’achat, c’est beau, mais ils se ressemblent tous!

Une vendeuse – Madame, voulez-vous essayer notre nouvelle crème solaire? Ça ne colle pas sur les vêtements; elle hydrate bien la peau. (Elle en applique sur la peau d’une femme.)

Marcelle – C’est bien! En aparté: – « Quand j’allais à l’église, j’allais au bénitier, c’était gratuit! »

Denyse –  Des chaussures réduites de 70%!

Monique –  Je vais aller voir les livres.

Carmina – Je vais aller prendre un petit café. Nous nous reverrons plus tard. Je serai en face de chez Jean Coutu, on y trouve même un ami!

Diane à Monique – C’est intéressant de magasiner ensemble. Leurs téléphones cellulaires sonnent continuellement et elles répondent.

Diane au téléphone – Je suis au centre d’achat avec Monique, comme c’est intéressant d’être ensemble et de pouvoir nous parler! Il y a de bons soldes aujourd’hui. Bon, bon, je te rappellerai.

Une heure plus tard. Elles retrouvent Carmina et son café.

Carmina – Moi, je me suis reposée. Et vous, comment ça s’est passé?

Denyse – J’ai acheté trois paires de souliers réduits de 70%, mais rien de très spécial.

Monique – J’ai vu beaucoup de livres, j’en avais déjà plusieurs; je n’ai rien trouvé qui m’intéressait vraiment.

Marcelle – Je suis contente, je n’ai pas succombé à la tentation. J’ai surtout admiré l’ardeur de la vendeuse à me proposer sa fameuse crème.

Denyse – Que faisons-nos maintenant? Allons chez Burger King. Il y a deux Mama Burger pour le prix d’un!

Diane avec toute sa sagesse – Comme quoi, le bonheur est toujours ailleurs!

Quatrième lecture – réécriture de Marc 6, 30-44

La multiplication des pains

Assises sous un pommier dans la cour de la Villa St-Martin, Marie-Andrée Roy, Marie-Josée Baril et Louise Garnier lisent et relisent la parabole de la multiplication des pains. En plus de faire d’autres découvertes, ça leur rappelle une autre histoire. Celle d’une autre Louise.

La voici.

Louise poursuit ses études en travail social à Montréal. Après avoir participé au colloque de L’autre Parole, dont le thème « Consommation et spiritualité » l’intéressait particulièrement, elle se rend dans sa famille pour quelques jours de vacances.

En arrivant, elle s’empresse de raconter à sa mère ce qu’elle a vécu ces derniers mois, ses engagements, ses découvertes et réflexions autour des enjeux liés à la surconsommation. Réflexions largement alimentées par le colloque.

Louise a comme projet de se reposer enfin, après une session bien chargée.

Des amies, des parents, apprenant son passage dans la région, débarquent spontanément pour venir la saluer. Malgré sa fatigue, elle est ravie de les revoir et surtout de partager ses découvertes sur la surconsommation.

Le temps coule et les visiteurs ne voient plus l’heure de partir. C’est bientôt l’heure du souper.

Louise s’inquiète déjà. Ils sont nombreux, que va-t-on faire, comment les nourrir toute la gang?

Elle propose à sa mère d’aller au village pour acheter quelques provisions.

C’est alors que sa mère avec calme lui dit : « Écoute Louise, on va regarder d’abord ce qu’on a et je pense bien qu’on va se débrouiller. Tu sais quand il y en a pour 6,  il y en a pour 12! » ajoute-t-elle avec entrain. Puis, elle ajoute « On va mettre la table, et fais-les asseoir, on met tout sur la table et on va partager ce qu’on a » .

Avant de commencer à manger, la mère de Louise dit à haute voix le Bénédicité.

Quelques heures plus tard, tous repartirent rassasiés et heureux.

Au grand étonnement de Louise, il y avait même des restes pour le repas du lendemain.

« Je ne sais pas comment t’as fait maman, j’en reviens pas! »

Et sa mère de lui répondre « Partager n’a jamais appauvri personne! Au contraire… Ça fait parfois des petits miracles! »

Cinquième lecture – réécriture de Mathieu 6, 25-34

Où es-tu, ô Dieu?

Jésus nous a dit que tu nourrissais les oiseaux sans qu’ils ne sèment ni ne moissonnent.

Il nous a aussi recommandé de ne pas nous préoccuper de nos vêtements, car tu revêtais l’herbe des champs.

Et pourtant, nous voyons tous les jours des enfants vêtus de haillons qui grandissent dans la misère, des enfants qui souffrent d’inanition et meurent affamés. Nous voyons des mères éplorées qui perdent leurs enfants, des enfants qui partent à la guerre et apprennent à tuer d’autres enfants….

Où es-tu, ô Dieu?

Regarde la patrie où ton Fils a vécu, elle est à feu et à sang, remplie de haine, de bruit et de fureur.

Regarde notre terre où le mal triomphe toujours, où nous ne rencontrons que l’injustice et la violence.

Comment ton Fils peut-il nous dire de ne pas nous inquiéter, quand tu n’es jamais là quand nous crions vers toi, alors que tu es toujours absent et que nous t’appelons en vain?

S’il est vrai que tu sais tout ce dont nous avons besoin, pourquoi tant d’inégalités dans le monde? Pourquoi combles-tu les uns et appauvris-tu les autres ?

Jésus nous a dit de chercher ton royaume et ta justice, où est-elle cette justice, nous ne la retrouvons nulle part ?

Vas-tu enfin répondre à nos préoccupations, ou sommes-nous condamnées à attendre jusqu’à la fin des temps ?

Où es-tu, ô Dieu?

Piqué au vif, Dieu prend la parole :

« Femmes de peu de foi, ne vous ai-je pas créées libres et responsables, à mon image?

Allez-vous continuer à vous croiser les bras et à attendre que tout vous tombe du Ciel?

Toutes vos misères ne viennent pas d’En-haut, et les solutions à vos problèmes n’apparaîtront pas par magie.

Vous avez entre vos mains toutes les ressources nécessaires pour combler vos besoins, et pour que chacune et chacun puissent vivre décemment et dignement.

Les injustices qui existent vous les avez créées vous-mêmes par votre refus de partager. Arrêtez de geindre, et prenez vos responsabilités en mains. Surtout, n’oubliez pas que vous entendrez ma voix dans la brise, et non dans le tonnerre.

C’est dans le partage que je serai toujours avec vous.

Rassurez-vous, je ne vous ai jamais laissé tomber! »

Période d’échange

Cette période d’échange permet de faire les liens entre le film, nos réécritures et l’expérience spirituelle.

Moment festif

Après l’échange, en rappel du festin de Babette qui a permis à cette communauté de faire communion, nous avons partagé le vin champenois et la charlotte aux framboises en rendant grâce de la richesse de la collective et de nos cinq sens.