UN VENT ROMAIN SOUFFLE DE L’ATLANTIQUE AU PACIFIQUE

UN VENT ROMAIN SOUFFLE DE L’ATLANTIQUE AU PACIFIQUE

par Jeannine Deroy

 Le pape s’est posé en terre canadienne pour livrer son message de Pasteur. Après un recul de quelques semaines, j’essaie de trouver à son discours un souffle tonifiant qui me rejoint comme femme.

Mais auparavant, mon impression sur le personnage. Il a le charisme des foules qui déclenche le délire. Il fascine par ses gestes pacifiants et sa présence attentive aux personnes. Nous n’avons qu’a nous reporter à la soirée des jeunes au Stade olympique. Toute sa personne dégage à la fois le mysticisme et la volonté de transmettre un message. Jusqu’ici nous serions tentées de nous attacher S la frange de son vêtement, et de ne plus nous poser de questions.

Revenons au message traduit dans ces discours qui laissent transparaître tantôt une dimension politique quand il parle de .paix, de justice, de technologie, d’économie et tantôt une dimension religieuse toute spirituelle quand il parle de prière, de foi, de vie avec Dieu. Ce sont là certes des valeurs à considérer dans notre monde d’aujourd’hui. Mais en tant que femme comment son discours me rejoint-il ? Une première relecture ces textes recueillis, me laisse en mémoire ceci : divorce, avortement, contraception, cohabitation avant mariage, non. Les principes demeurent immuables. Le point chaud « femmes dans l’Église » : c’est le plus grand silence…qui n’en est pas un au fond.

Maintenant, reportons-nous à. un extrait du discours prononcé à la béatification de Mère Léonie, celui que je crois le plus explicitement adresse aux femmes :

« Vous êtes appelées à la Sainteté pour sanctifier le

monde, selon votre vocation dans le plan de Dieu

qui- créa l’humanité homme et femme… Avec les

hommes, apportez au coeur de cette société, les capacités

humaines et chrétiennes dont Dieu a doté

votre personnalité féminine et que vous saurez développer

selon vos droits et vos devoirs, à la mesure

même de votre union au Christ ».

 Cet extrait en présentant un idéal de vie chrétienne à la fois précis et très vague, invite à une interprétation quant aux situations des femmes dans notre contexte nord-américain. Cependant, si nous le référons aux prises de position citées plus haut, nous pouvons dire que notre mission de sanctifier le inonde selon le plan de Dieu, doit se jouer à l’intérieur de rôles de préférence traditionnels, dont ceux de mère et d’épouse. De plus, nous devons les exercer selon notre personnalité dite « féminine » caractérisée spécifiquement pendant des siècles par la douceur, la soumission, le dévouement, l’effacement, qualités d’ailleurs qui ont reconnu Mère Léonie parmi les bienheureuses.

C’est un langage que je perçois loin des aspirations d’un bon nombre de femmes de chez nous qui désirent avoir accès à un droit de participation entière aux différents ministères et à un droit de décision au sein de l’institution ecclésiale et, à plus forte raison lorsque leur corps et leur vie sont au coeur des délibérations. Le Créateur a également doué les femmes d’une intelligence capable de cerner les valeurs en cause et les enjeux pour les personnes et la société concernées. L’Esprit n’agit-il pas au coeur des 52 % de l’humanité sexuée « femme ». Non, il n’y a pas eu de dialogue mais des discours qui ont éveillé en moi l’image de ma mère et des mères de ma jeunesse, que j’inscris dans mon coeur, dans le catalogue des bienheureuses. Et pourtant, les femmes d’aujourd’hui, qu’elles soient mères ou pas, ont besoin d’espérance qui puisse rejoindre le cri de leurs aspirations.

Cette espérance, le Christ l’a mise au coeur des femmes de son temps, Elle est encore là aujourd’hui et au delà de toute institution parce que « Le Verbe s’est fait chair, et qu’il habite parmi nous ».

J’aurais le goût de terminer en nous disant : restons lucides, ouvertes au dialogue, n’oublions pas surtout que des générations de femmes hériteront de nos luttes.