AVEZ-VOUS QUE…

AVEZ-VOUS QUE…

La présence de femmes à la Dernière Cène est possible, et même probable.

Pierre Talée, dans son article sur le Jeudi-Saint (La Croix, 12-4-90), voit Marie présente au Cénacle. Elle était aux noces de Cana (figure de l’Eucharistie), pourquoi serait-elle absente à l’Eucharistie même, au Cénacle et quelque temps plus tard, à la Pentecôte ? Suzanne Tune, continuant sa réflexion, poursuit : « Est-il possible que Jésus ait laissé à la porte ce jour-là les femmes qui le suivaient depuis la Galilée ? » Cette présence semble évidente à une lecture attentive des faits. Après que Jésus se fût montré à elles, elles accoururent au Cénacle comme à un lieu connu. Elles y étaient donc avant. Elles y restèrent ensuite pour prier et attendre l’Esprit promis, qu’elles reçurent à la Pentecôte.

Une tradition qui va jusqu’au IVe Siècle considère la présence des femmes à la Cène comme normale.

Source : Suzanne Tune, La Croix, l’Événement, Paris, 15-5-90, p.13. (Tribune des lecteurs)

Dans La Bible au féminin (De l’ancienne tradition à un christianisme hellénisé, LaureAynard, Éd. du Cerf, 1990, 326 p.), l’ancienne tradition biblique est présentée comme un âge d’or. Le temps des patriarches offre à la femme une certaine liberté qu’elle ne connaît pas dans d’autres conditions. A l’époque des rois, les guerrières sont exaltées ; les femmes ne sont pas systématiquement écartées du culte ; les prophètes se servent de métaphores féminines pourparler de Dieu. La place des femmes reste positive jusqu’au retour d’exil.

L’âge d’or prend fin avec la civilisation grecque. Toute la philosophie vise à rationaliser le fait culturel de la situation inférieure de la femme. Le livre de la Sagesse, la tradition rabbinique tendent à déprécier la femme.

Avec le Nouveau Testament, tout change. Par la parole et la pratique de Jésus, les plus marginalisées retrouvent grandeur et dignité… Jésus réhabilite la femme dans un monde qui la dévalorisait.

Quant à Paul, il adopte les pratiques sociales de son temps sur les femmes mais, en s’entourant de nombreuses collaboratrices, il démontre qu’il n’est pas aussi anti-féministe que la Tradition a voulu l’affirmer. L’auteur conclut : « Le positif vient essentiellement des plus pures traditions de l’Ancien comme du Nouveau Testament, le négatif, du reliquat d’une pensée dans laquelle le christianisme a dû, par nécessité historique évidente, s’acculturer ».

Source : Alain Marchadour, La Croix, 15-3-90 , rubrique « Livres et religions ».

Yvette Laprise