BONNE VIVANTE, AIMANT LA NATURE ET LA VIE

BONNE VIVANTE, AIMANT LA NATURE ET LA VIE.

Voici Nathalie.

Convoquée pour une entrevue, elle m’est arrivée avec le siège de sa bicyclette dans les mains.

Nathalie a 24 ans. Elle travaille au MECO (Mouvement des étudiantes et des étudiants chrétiens du Québec) depuis trois ans c’est-à-dire depuis la fin de ses études en théologie et en animation communautaire. Elle veut consacrer encore deux années à ce mouvement à titre de coordonnatrice nationale. Elle définit le travail qu’elle fait comme un service à la communauté.

Je lui laisse la parole. Elle parie de sa spiritualité et de quelques questions qui lui tiennent à coeur.

La spiritualité est la dimension de ma vie qui est la plus englobante. C’est elle qui lui donne un sens. Elle est en lien direct avec mes valeurs : liberté, justice, autonomie, amour. Ces valeurs, je veux les vivre moi-même, mais je les veux aussi pour les autres. Ma recherche spirituelle tient compte de toute ma personne, de mon corps, de mon émotivité et de ma raison. Elle me permet de développer une intériorité, mais aussi d’alimenter mon action.

Je crois à la force du groupe pour avancer, pour articuler une critique de la société et pour mettre en oeuvre des changements. Je crois que le MEC est un lieu favorable à l’engagement social et politique des étudiantes et des étudiants. On apprend là à agir et à assumer des responsabilités comme citoyennes et citoyens. On prend position sur différentes questions qui concernent les jeunes – celles des prêts et bourses et de l’assurance chômage – on est aussi en lien avec les groupes populaires. On s’intéresse à la question de l’indépendance politique du Québec.

La spiritualité s’alimente. J’ai été influencée par des professeurs masculins et féminins. Par des lectures aussi, par exemple, La peur et la faute de Orewermann… J’ai gardé une forte impression de Ainsi soit-elle de Benoîte Groulx. Des femmes, je retiens surtout le témoignage de leur expérience.

Ce qui me tient à coeur et ce qui mobilise aussi les jeunes des groupes que je fréquente c’est le désir de vivre concrètement ce qu’on porte comme discours. On veut faire avancer les choses en terme d’égalité entre les hommes et les femmes. Il nous semble important d’aller à contre courant des valeurs qui sont transmises aux femmes par la société. On a le goût de se libérer de cet héritage.

Je m’identifie au féminisme depuis le tournant de la vingtaine et de mon arrivée comme étudiante à la faculté de théologie. J’ai commencé alors à faire des liens entre les différents enjeux sociaux. J’ai dû me rendre compte que, comme femme, j’avais subi de la discrimination. J’avais surtout reçu une éducation spécifique axée sur le fait que j’étais une femme. J’ai constaté ainsi que j’avais dû assumer des responsabilités particulières au sein de ma famille : céder, tolérer, refouler la colère et laisser l’espace public aux garçons. Le féminisme m’a aidée à avoir un regard critique sur mon éducation et à réaliser que je ne suis pas coulée dans le béton. Je peux changer des choses. J’ai le pouvoir et le devoir même de le faire. Cette réflexion, je la poursuis avec d’autres, avec des individus et des groupes. C’est un peu ça ma stratégie.

La violence est un problème qui me préoccupe. La relation de pouvoir qui colore les rapports entre les hommes et les femmes, ça me fait réfléchir. C’est une situation qui n’est pas prête de disparaître et sur laquelle il faut travailler. On est des témoins des changements qui seraient à faire et des actions qu’il est possible d’entreprendre. Je fais d’ailleurs partie d’une communauté de base dans le quartier Centre-sud de Montréal. Améliorer le tissu social, participer aux activités d’un comité logement et au centre des femmes, souhaiter une amélioration de la qualité de vie des gens de ce milieu défavorisé, être présente : tout ça est important pour moi.

J’ai le goût de creuser le lien entre engagement social et psychologie individuelle. Mener des luttes collectives, oui, mais être consciente que la vie circule en chaque individu et que le changement social ne peut se faire sans un changement qui s’amorce au coeur même de chacun et chacune.

Agathe Lafortune, Vasthi