Célébration de la Pentecôte

CÉLÉBRATION DE LA PENTECÔTE

 La Ruah souffle où elle veut !

par Vasthi

Lieu – La disposition des chaises doit permettre l’entrée par les quatre points cardinaux.

Sur l’autel – une grande vasque remplie de sable servant de chandelier pour une multitude de fines bougies.

Accueil – Durant l’arrivée des participantes et participants, une musique se fait entendre et appelle au recueillement.

Célébration présidée par trois concélébrantes. S’ajouteront quatre personnages de Sophia et trois aînées en qui nous reconnaissons la sagesse et la profondeur de leur engagement. Elles agiront comme lectrices et chacune sera accompagnée d’une cérémonière lors du rappel de notre sacerdoce..

Mot de bienvenue –

Bienvenue à la célébration de la Pentecôte !

Cette célébration est une concélébration présidée par (nommer les personnes).

Nous toutes et nous tous réunis sommes les concélébrants de cette Pentecôte.

Nous voulons actualiser notre baptême et notre sacerdoce, commémorer le don de l’Esprit, du Souffle, du feu, de la Sagesse, les dons de Dieue à ses disciples cinquante jours après Pâques et qui s’expriment, encore aujourd’hui, dans le sacerdoce de chacune et chacun des baptisés.

Nous vous présentons une relecture de la Pentecôte qui célèbre le don de l’Esprit à toutes et à tous les disciples.

Cette relecture prend un sens encore plus prégnant, plus urgent en ces temps de désert où on a le sentiment que le Souffle de l’Esprit n’est pas accueilli comme il se devrait, là où il le faudrait et qu’il fait même l’objet  d’un accaparement clérical.

Nous sommes, de par notre baptême, investies du sacerdoce.

Ce sacerdoce baptismal nous donne la capacité et la liberté de prier ensemble, de faire mémoire de Jésus, et de célébrer nos espérances .

Les personnes qui se reconnaissent comme concélébrantes et concélébrants sont invitées à s’approcher pour recevoir une étole signe de leur sacerdoce baptismal.

Pendant la remise des étoles : musique.

Les concélébrantes se remettent chacune une étole et par la suite à chaque personne présente.

 Formule pour la remise de l’étole

(PRÉNOM DE LA PERSONNE),  REÇOIS CETTE ÉTOLE EN SIGNE DE TON SACERDOCE.

Chaque personne retourne à sa place.

Afin d’investir le port de cette écharpe de toute sa signification, écoutons ensemble la lecture d’une adaptation de la prière d’ordination des diaconesses, en usage au Moyen-Orient au début du IIIe siècle :

Déité éternelle, créatrice de l’humanité, toi qui as rempli de l’Esprit Marie, Déborah, Anne et Houlda, toi qui as fait naître ton fils d’une femme, jette ton regard sur chaque disciple que voici, qu’elle et il manifeste ton amour et ta justice avec sagesse. Que son sacerdoce soit en continuité avec la tradition qui a voulu l’affirmation de disciples égaux.

Invoquons maintenant l’Esprit – reprenons les paroles du Veni Creator.

 

Hymne de la Pentecôte : Veni Creator

Viens, Esprit Créateur,

Visite les esprits des tiens,

Remplis de céleste grâce

Les cœurs que tu as créés.

Toi qui es appelé le Paraclet,

Don de la Dieue très haute,

Source vivante, feu, amour,

Et spirituelle onction.

C’est toi l’Esprit, la Sophia aux sept dons,

Allume la lumière en nos sens,

Verse l’amour en nos cœurs,

Ce qu’il y a d’infirme en notre corps,

Affermis-le par constante vigueur.

Repousse l’ennemi loin de nous,

Donne-nous bien vite la paix.

Pour qu’ainsi marchant à ta suite,

Nous évitions tout ce qui nuit.

Dans les siècles des siècles. Amen.

 

  1 – Une nouvelle mémoire de l’Esprit

Nous vous invitons maintenant à entrer dans la première étape de la célébration.

Bien que le patriarcat se soit attribué à lui-même les dons de l’Esprit Saint et le pouvoir de déterminer les champs d’actions réservés aux femmes, après la Pentecôte, bien des femmes courageuses ont pris la parole et cela tout au long de l’histoire pour s’exprimer au nom de l’Esprit faisant ainsi écho à la parole de Pierre dans les Actes – Vos filles et vos fils prophétiseront.

Faisons mémoire de ces femmes qui sous la mouvance de l’Esprit Saint n’ont pas eu peur de braver l’autorité du clergé pour agir, réformer des congrégations religieuses ou encore nous laisser des écrits qui continuent de nous interpeller.

 

Rose des vents

Quatre femmes – vêtues de noir (ou couleur foncé) et portant chacune un foulard différent apparaissent aux quatre points de la salle.

Foulard blanc – le NORD –

Foulard vert  – le SUD –

Foulard bleu foncé – l’OCCIDENT –

Foulard or – l’ORIENT –

Accueillons maintenant les Sophias des quatre points de l’Univers.

 Sophia du NORD –

 

Je suis la Sophia du NORD, je fais mémoire de Hildegarde de Bingen, cette mystique visionnaire, théologienne avertie, conseillère des papes, et médecin des pauvres qui s’est reconnue – réceptable de l’Esprit Saint et qui a perdu la bataille philosophique contre l’esprit Aristotélicien.

Je suis la Sophia du NORD, je fais mémoire des icônes rouges, ces femmes d’hier et d’aujourd’hui dont on a répandu le sang dans la violence au nom d’idéologies meurtrières.

Je prie pour que des cendres de la connaissance incendiée et des femmes assassinées s’élève mon Esprit de scandale et de force.

 

 Sophia du SUD –

Je suis la Sophia du SUD, je fais mémoire de Catherine de Sienne qui, consciente de la décadence de l’Église, fut assez forte pour obliger le pape Grégoire à traverser les rues de Rome pieds nus en signe de pénitence.

Je suis la Sophia du SUD, je fais mémoire du feu et du sang

Qui consument le souvenir des survivantes et des survivants

Des génocides rwandais et soudanais.

 

Je prie aujourd’hui pour que des cendres

De ces milliers de victimes innocentes

S’élève le Souffle, l’Esprit de courage et de miséricorde.

 

 Sophia d’OCCIDENT  –

Je suis la Sophia d’OCCIDENT, je fais mémoire des femmes transformées en sorcières par les inquisiteurs de l’Église, des femmes et des hommes déportés dans les camps de la mort à Auschwitz et ailleurs.

Je suis la Sophia d’OCCIDENT, je fais mémoire des bûchers et des crématoires,

De ces holocaustes qui jalonnent notre histoire.

De tous ces corps incendiés au nom d’une doctrine.

Je prie pour que de ces sinistres brasiers

S’élève le Souffle, l’Esprit de résistance et de réconciliation.

 Sophia d’ORIENT –

Je suis la Sophia d’ORIENT, je fais mémoire des Sati immolées en Inde

Des fillettes abandonnées de Chine, des femmes excisées.

 

Je suis la Sophia d’ORIENT, je fais mémoire de ces funestes litières

De toutes les femmes mutilées.

 

Je prie pour que s’élève des brasiers

Un Souffle, un Vent de contestation et de compassion.

 

Ensemble les quatre Sophia

Je suis le SOUFFLE, la SOPHIA qui a pris forme aux quatre points de la terre

et à travers les siècles depuis que la Pentecôte est le signe de la création de l’Église.

Sophia du Nord

Célébrons ces femmes, ces mystiques, ces amoureuses de Dieu qui se sont imposées par leur savoir, leur courage devant la résistance, la méfiance et la moquerie des clercs de leur époque.

Sophia du Sud

Célébrons ces femmes qui ont osé parler publiquement, qui ont pris la parole dans le domaine du sacré et qui ont développé leur propre vision théologique.

Sophia de l’Occident

Célébrons ces femmes qui n’ont pu exercer leur droit de parole et qui ont perdu leur vie parce que femmes.

Sophia de l’Orient

Célébrons ces femmes qui devant les portes closes de l’Église et de l’ordination développeront un autre langage, une autre Parole.

Écoutons maintenant un extrait du Messie de Handel – Come unto him.

 

Venez à moi, vous qui êtes inquiets et accablés.

Je vous ferai trouver le repos.

Portez mon joug, faites vôtres mes enseignements,

Mon cœur est doux, il se plaît avec les petits.

Oui, vous connaîtrez le repos.

 

Come unto Him, all ye that labour,

come unto Him that are heavy laden,

and He will give you rest.

Take his yoke upon you, and learn of Him,

for He is meek and lowly of heart,

and ye shall find rest unto your souls.

 

Court temps de silence

Edith Stein, juive allemande devenue Sœur Bénédicte de la Croix est morte à Auschwitz en 1942. Écoutons l’une de ses plus belles prières adressée à l’Esprit Saint lors de la Pentecôte en 1931.

 

Saint-Esprit, Éternel Amour –

Qui es-tu, douce lumière qui m’inondes

Et illumines l’obscurité de mon cœur ?

Tu me conduis par la main comme une mère,

Et si Tu me lâchais, je ne saurais faire un pas de plus.

Tu es l’espace qui enveloppe mon être et le garde en lui,

Abandonné de Toi, il tomberait dans l’abîme du néant

dont Tu me tiras pour m’élever à la lumière.

Toi, plus proche de moi que je ne le suis de moi-même,

Plus intérieur que mon être le plus intime

Et pourtant insaisissable et inouï.

Surprenant tout nom

ESPRIT SAINT, AMOUR ÉTERNEL…

 

 2 – Critique de l’appropriation patriarcale

Nous allons entrer dans la deuxième phase de notre célébration où l’on procède à une critique de l’appropriation patriarcale de l’Esprit.

Écoutons maintenant des extraits des Actes des Apôtres :

1 : 14

Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie  mère de Jésus, et les frères de Jésus.

2 : 1-

Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Tout à coup il y eut un bruit qui venait du ciel comme celui d’un violent coup de vent : la maison où ils se tenaient en fut toute remplie ; alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacune et chacun d’eux. Ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer…

 

…ici se réalise cette parole du prophète Joël :

vos fils et vos filles seront prophètes,

vos jeunes gens auront des visions,

vos vieillards auront des songes,

oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes en ces jours-là

je répandrai de mon esprit et elles et ils seront prophètes.

 

Nous venons d’entendre un extrait des actes des apôtres qui nous rappelle que femmes et hommes ont reçu l’Esprit et qu’elles et ils sont appelés à prophétiser.

Par ailleurs, nous avons le sentiment que dans notre Église tout a été fait et continue d’être fait pour nous empêcher de vivre en disciples égales et de prophétiser avec nos frères.

Il y a plusieurs éteignoirs du Souffle vivant, de la Sophia, de la Sagesse –

que l’on pense au refus catégorique et voulu comme définitif d’ordonner les femmes à la prêtrise et même à l’interdit de tout débat sur cette question. (Une concélébrante va éteindre une bougie de la grande vasque.)

Que l’on pense aux interdits entourant la sexualité, la contraception, l’avortement. (Une concélébrante va éteindre une bougie de la grande vasque)

Que l’on pense à la centralisation et à l’absolutisation du pouvoir qui met de côté les pratiques collégiales et communautaires. (Une concélébrante va éteindre une bougie de la grande vasque)

Et vous, en connaissez-vous, en vivez-vous de ces situations, de ces pratiques qui étouffent la présence de l’Esprit vivant et qui empêchent l’éclosion de tous les sacerdoces ? Nous vous invitons à partager cette parole avec nous, à identifier ces éteignoirs du Souffle de l’Esprit que vous rencontrez au quotidien et à venir éteindre une bougie à l’avant. La parole est à vous.

 

suite voir numéro 109 printemps 2006