Compte rendu du Colloque tenu à Bruxelles du 23 au 27 avril 1979

Compte rendu du Colloque tenu à Bruxelles du 23 au 27 avril 1979, organisé conjointement par Pro mundi vita et Femmes et hommes dans l’Eglise.

Les équipes pastorales mixtes

Ce colloque a réuni environ 50 personnes, hommes et femmes, clercs et laïcs, représentant plusieurs Eglises chrétiennes, venues principalement d’Amérique du Nord et d’Europe pour partager leurs expériences et élaborer des stratégies pour l’avenir.

Le premier jour, 23 avril, après avoir été accueillis par des membres de « Femmes et hommes dans l’Eglise » et « Pro mundi vita », les participants se sont vu soumettre une liste de thèmes possibles de réflexion tirés de l’enquête qui avait précédé la tenue du colloque.

Invités à retenir trois thèmes sur une liste de dix, les participants ont majoritairement choisi les trois suivants :

1.         Les équipes pastorales mixtes et les ministères ordonnés ou non ordonnés. Problèmes, différence de statut. Rôles sacramentels, rôles de service. Diaconat. Relations clercs-laïcs dans l’E.P.M.

2.         Les équipes pastorales mixtes comme instrument de renouveau pour l’Eglise, le peuple de Dieu. Ce renouveau est-il possible ? A quelles conditions ? Y a-t-il des blocages ? Comment y remédier ?

3. Les équipes pastorales mixtes et la promotion des femmes dans l’Eglise. Les femmes laïques. Les religieuses.

Le deuxième jour la part la plus importante du travail s’est déroulée en ateliers, divisés selon les affinités (ou les capacités) linguistiques des participants. Les plénières profitaient de la traduction simultanée.

Cinq ateliers ont été constitués, trois de langue anglaise, deux de langue française. Ils se sont partagé les thèmes retenus la veille.

Le troisième jour le Père Christian Duquoc,o.p. était le conférencier invité. Après avoir constaté l’impuissance du Concile et de la réflexion théologique à changer les structures, il a montré la nécessité d’une profonde mutation des ministères pour donner le pas à la propagation du message évangélique sur l’aspect cultuel et sacramentel trop souvent et de façon trop exclusive associé à ceux-ci.

Après avoir noté le peu de reconnaissance que reçoivent dans l’Eglise hiérarchique les divers ministères déjà exercés pourtant dans les faits par des hommes et des femmes, des clercs et des laïcs, le conférencier a attiré l’attention sur le blocage quiexiste dans l’Eglise autour des représentations juridiques et symboliques de la triade sexualité-sacramentalité-pouvoir.

En dernier lieu il a insisté sur la nécessité de ne pas perpétuer dans la vie ecclésiale l’étroit modèle de la médiation sacerdotale omniprésent dans la liturgie.

Les féministes américaines ont vigoureusement pris à parti sa lecture freudienne du blocage constitué par la triade sacramentalité-sexualité-pouvoir qui était apparu comme le noeud du problème à l’ensemble des participants.

Les perspectives freudiennes et lacaniennes ont été mal accueillies par les participantes des Etats-Unis. Je soupçonne qu’elles ont été désarçonnées par un vocabulaire et par une approche qui, à tort ou à raison leur ont paru sexistes. La seule allusion à Dieu père et à la fraternité universelle soulève des protestations. Il faut dire père et mère, fraternité et sororité, si l’on veut être entendu. C’est un exercice que les théologiens n’ont pas encore pris l’habitude de pratiquer. Ils y viennent. C’est touchant à observer !

Le quatrième jour les ateliers ont tenté d’approfondir les implications théologiques qui se dégageaient des réflexions faites la veille sur les thèmes étudiés.

Une plénière a permis de mettre ces réflexions en commun.

Le cinquième jour devait en principe être consacré à la préparation d’une déclaration commune. En fait la réunion fut passablement houleuse et on ne put s’entendre que sur un schéma plutôt étriqué.

Les actes du colloque seront publiés par « Pro mundi vita ».

Ce colloque a surtout valu à mes yeux par les contacts personnels qu’il a permis d’établir entre gens d’horizons très divers.

A certains il a donné de l’imagination. A d’autres, le courage de continuer à aller de l’avant. Quelques-uns y ont trouvé des raisons d’espérer. Plusieurs ont pu mesurer l’énormité de la tâche qui reste à accomplir.

Je reste avec deux grandes questions, une théologique qui porte sur le rôles sacerdotal de plus en plus réduit dans les E.P.M. à  son aspect sacramentel et cultuel et une autre qui se réfère aux stratégies à mettre en oeuvre pour briser le blocage sacramentalité-sexualité-pouvoir.

L’Autre parole a ses lectrices, et ses lecteurs aussi j’espère, en Europe, qu’il me soit permis de les saluer ici chaleureusement.

Sherbrooke  Marie-Gratton-Boucher