CREDO de Lucie Lépine

CREDO

de Lucie Lépine

je crois en Dieu

pas en un Dieu aux cieux

mais en un Dieu sur la terre incarné dans l’histoire, proche des préoccupations humaines.

Je crois en Dieu

pas en un Dieu passif

mais en un dieu créateur, source d’énergie créatrice.

je crois en Dieu

pas en un Dieu dictateur et moralisateur

mais en un Dieu qui a libéré ce petit peuple, en un Dieu assez puissant pour me faire passer d’esclave à femme libre, du désert à la Terre promise.

je crois en un Dieu jeune, imprévisible, vivant, toujours à découvrir

je crois en un Dieu qui a rêvé d’un monde beau et d’un être humain heureux.

je crois en Jésus, cet homme qui a découvert progressivement les désirs de Dieu pour le monde qu’il aime.

je crois en Jésus qui a rêvé lui aussi d’un monde de partage, d’égalité, de fraternité, qui a travaillé activement à l’avènement du Royaume.

Je crois en Jésus qui s’est mis du côté de celui qui a faim, de celui qui est malade, de la femme adultère.

Je crois en Jésus qui a un parti-pris pour les pauvres.

Je crois en Jésus qui a souffert, a été condamné et est mort pour cette prise de position.

je crois en Jésus que le Père a ressuscité pour signifier qu’il était d’accord avec là vie de cet homme.

Je crois au Christ qui entraînera avec lui dans une plénitude de vie tous ceux et toutes celles qui vivent comme lui, c’est-à-dire en solidarité avec les plus démuni-e-s.

Je crois au Christ exalté, qui continue son action aujourd’hui.

Je crois au Christ libérateur.

Je crois en l’Esprit de Jésus qui habite le coeur de chaque être humain et est à l’origine des dynamismes. Je crois aux intuitions profondes partagées en communauté.

Je crois au souffle…

Je crois en l’Église pas en une Église hiérarchique, cléricale, mâle, gardienne de préceptes et de la morale.

Je crois en l’Église, peuple de Dieu, rassemblement de chrétienne-s qui relisent ensemble et pour aujourd’hui la Parole.

je crois en l’Église où le plus petit a droit de parole, où son expérience de vie a de l’importance.

je crois en l’Église où chacun-e a son rôle, un rôle important et  actif.

Je crois en l’église solidaire des pauvres, incarnée dans une époque, attentive à la vie, aux transformations qu’apporté une société en évolution.

Je crois en l’être humain en train de construire une société nouvelle, en train de trouver les moyens afin que tous aient du pain.

Je crois à la femme qui se lève debout et réclame respect et égalité.

je crois que la Passion se poursuit dans la mauvaise répartition des biens, le manque d’emplois, le suicide des jeunes.

Je crois que la Passion se poursuit quand la pollution envahit les rivières, quand on réduit les espaces verts, quand on augmente les loyers, qu’on déracine la personne âgée.

je crois que la Passion se poursuit dans la course aux armements, dans le jeu du pouvoir et de l’argent.

Je crois que la Passion se poursuit quand on essaie d’étouffer le cri des femmes, quand les gens sont seuls, que le petit se tait.

Le mal c’est l’écart entre le pauvre et le riche, ma passivité.

Mais je crois que la vie est plus forte que la mort. Je crois à la résurrection quand des bras se lèvent pour défendre un peuple contre un pouvoir tyrannique et exploiteur, quand l’enfant prend conscience de ses droits.

je crois à la résurrection quand la communication est rétablie, quand un jeune trouve un emploi, un enfant naît, une femme apprend à s’aimer, quand des gens se regroupent pour de meilleures conditions de vie, quand des gens luttent pour la liberté, marchent pour la paix.

Je crois en moi, à ma part dans l’avènement d’une société nouvelle.

Je crois en moi en lien avec d’autres.

je crois que je dois marcher avec des gens bien concrets dans un processus de libération et, pour moi, c’est ça la construction du Royaume.

je crois en moi qui ai laissé une sécurité d’emploi pour travailler en quartier populaire.

A la liste des vertus suivantes : humilité, douceur, silence, soumission, j’ajoute lentement celles-ci : créativité, autonomie, liberté, vie, droit de parole…

Je ne crois pas à des lois, à des normes, à des structures qui ne tiennent pas compte de la vie.

Je crois que Dieu est trop grand pour être enfermé dans des formules, dans le tabernacle.

Dieu est celui qui m’a libérée de la fidélité à la loi pour m’apprendre la fidélité à la vie.

Le Christ n’est pas dans le tombeau. Il est en Galilée, au milieu de la vie quotidienne où l’on partage un repas au bord de la mer. C’est là que les disciples voient le Ressuscité.

Pour moi/ la Bonne Nouvelle n’est pas discours/ mais expression de la vie à faire surgir. La Bonne Nouvelle, c’est un paralytique qui marche/ un aveugle qui voit, un sourd qui entend, un-e assisté-e social-e qui relève la tête, une femme respectée…

je poursuis avec d’autres un changement en profondeur de la situation présente, de l’institution, de la société. A bien petite échelle, dans des gestes bien concrets de solidarité avec les familles d’Hochelaga-Maisonneuve.

je poursuis avec d’autres le rêve que les situations d’aliénation/ de dépendance, d’exploitation seront renversées.

J’écris au contact des groupes avec qui je travaille des pages audacieuses, des pages neuves d’apparitions… et je me sens en Église.