CROIRE, ESPÉRER, AIMER

CROIRE, ESPÉRER, AIMER

Louise Melançon, L’autre Parole

La trilogie cinématographique de Bernard Émond (La neuvaine, Contre toute espérance, La donation) a remis au goût du jour une formulation de la tradition chrétienne : les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Il s’agit d’une interprétation personnelle de ce qui est fondamental dans la vie chrétienne : l’expérience de foi en un Dieu qui se révèle comme Amour sauveur.

Les formulations très abstraites de la doctrine catholique enlevaient leur teneur d’incarnation à des éléments pourtant de source néo-testamentaire. Dans la première épître aux Corinthiens, Paul fait longuement l’éloge de l’amour qui est enraciné dans l’amour de Dieu, et il termine :  « Maintenant donc ces trois-là demeurent, la foi, l’espérance et l’amour, mais l’amour est le plus grand. » (1Cor.13, 1-13) Dans les évangiles, c’est le comportement de Jésus autant que ses enseignements qui ont mis en lumière le caractère essentiel de l’amour : l’amour des autres, l’amour des petits, des malheureux, des malades, des enfants, des femmes souffrant de leur condition, des étrangers… Jésus témoigne de la valeur indépassable de l’amour pour tous. C’est l’expérience de l’amour de « son Père » qui l’amène ainsi à témoigner de l’amour de tous.

Cet amour de Dieu, cette bienveillance de Dieu qui fait luire son soleil sur tous, est l’objet de la foi. L’amour donné aux autres incarne cet Invisible qui est l’objet de notre foi. Mais notre expérience de foi en Dieu dans l’amour, puisqu’elle est vécue dans le temps, qu’elle est vécue par les êtres imparfaits que nous sommes, implique nécessairement l’espérance. Nous ne pouvons atteindre l’amour parfait, l’amour de Dieu mais aussi l’amour des autres, en un seul instant ! Nous cheminons dans la foi et l’espérance, comme nos pères et mères dans la foi, comme Sarah et Abraham, comme Élisabeth et Zacharie, comme Marie et Joseph, ceux et celles qui nous ont précédés.

L’espérance de la foi, c’est aussi d’espérer contre toute espérance, dans les situations les plus décourageantes, dans nos périodes de lâcheté, dans les persécutions les plus violentes, quand il semble que l’amour n’est qu’une illusion ou une impossibilité.

Oser croire malgré tout en l’amour qui se fait présent à nous, au-delà de notre univers visible et du temps, tel est le centre de la vie chrétienne.