Échos d’enseignantes de l’école des Beaux-Séjours

SAINTE-ODILE-SUR-RIMOUSKI

Échos d’enseignantes de l’école des Beaux-Séjours

Léona Deschamps, Houlda

Dans toutes les écoles de la commission scolaire des Phares comme dans toutes celles du Québec, le personnel enseignant instaurait en septembre 2008 le programme d’Éthique et de culture religieuse approuvé par le Ministère de l’Éducation en 2007.

Formation

Pour implanter ce nouveau programme remplaçant celui du régime d’option entre un enseignement moral et des enseignements moral et religieux (catholique et protestant), les enseignantes et les enseignants avaient reçu trois jours de formation durant l’année scolaire 2007-2008.  La préparation à introduire les volets de ce nouveau programme développés sous trois compétences fut réalisée dans une concertation des six membres d’une équipe initiée et aidée de spécialistes en éthique de l’UQAR.  De plus, le personnel enseignant apprécia les quelques rencontres avec des personnes de maisons d’édition pouvant offrir certains manuels d’élèves.

Les deux enseignantes de l’école primaire de mon quartier, l’école des Beaux-Séjours, que j’ai rencontrées en juin 2009, avouaient avoir reçu une formation satisfaisante quant à l’esprit du programme d’Éthique et de culture religieuse. Pour l’enseignement pratique, tout se joua au quotidien.

L’expérimentation

L’une d’elle a expérimenté le programme d’Éthique et de culture religieuse à la première année du premier cycle du primaire et l’autre à la deuxième année du deuxième cycle.  Elles m’ont informée du fait qu’au troisième cycle, on a exploité les manuels du deuxième puisque les maisons d’édition de manuels d’élèves ne pouvaient offrir le matériel nécessaire pour ce groupe d’âge.

Toutes deux, considérant les contenus de ce nouveau programme, devaient consacrer quelques heures de préparation pour dispenser chaque séance des trente-six à l’horaire de l’année d’enseignement.  Du temps mis d’une part à parfaire sa culture générale et d’autre part à bien ajuster à son groupe d’élèves, les sujets traités en dialogue dans les volets d’éthique et de culture religieuse.

De plus, éviter tout parti pris pour les croyances et les valeurs véhiculées dans les religions s’avéra une ascèse afin d’initier et faire explorer ou analyser en objets de connaissance les différentes expressions du religieux.  Ces enseignantes travaillaient avec des enfants d’allégeance catholique à 95 %.  Alors, la reconnaissance des autres cultures religieuses s’effectua à partir des manuels plus que de la richesse de quelques-unes présentes dans le milieu scolaire.  À Rimouski, c’est à l’UQAR que se côtoient les diverses perspectives culturelles et religieuses retrouvées dans les grands centres du Québec.

L’enseignante au premier cycle a vécu l’expérimentation plus difficilement à cause de l’âge de ses élèves.  Malgré la belle facture du manuel de la collection « Près de moi » exploité et des propositions intéressantes du guide, c’était onéreux d’initier des enfants de six ans à la réflexion éthique, à connaître diverses expressions du religieux et à utiliser les outils de dialogue.

Au second cycle, l’enseignante éprouva énormément de plaisir à expérimenter le nouveau programme avec les manuels de la collection « Autour de nous ».  À son avis, la présentation des diverses expressions du religieux dans le monde à partir des thèmes : le mariage, la mort, etc. fut très accrocheur pour ses élèves et stimulait leur curiosité.  Avec enthousiasme, elle évoquait de magnifiques moments de dialogue vécus en éthique et culture religieuse.  Des communications qui s’agrémentaient d’une richesse de vocabulaire particulière.

Intérêt des parents

Les manuels d’élèves des éditions CEC en Éthique et culture religieuse, la collection « Près de moi » au premier cycle et « Autour de nous » au second cycle, furent présentés aux parents par le personnel enseignant, lors des soirées d’information au sujet des divers domaines d’enseignement au primaire. Les enseignantes et les enseignants ne possédaient aucun feuillet explicatif à remettre et furent surpris de l’accueil sans question ni commentaire du nouveau programme.

Durant l’année scolaire, l’enseignante à la première année du premier cycle invita les enfants à revoir avec leurs parents le thème vu dans l’heure d’enseignement de la semaine.  Quelques-uns seulement s’en donnèrent la peine.  Quant à celle du second cycle, elle demandait aux enfants de faire parapher les divers travaux scolaires par leurs parents à quelques reprises durant chaque étape d’enseignement. Elle précise n’avoir reçu aucune annotation ou questionnement en éthique et culture religieuse.

Je viens de parcourir le « Petit guide ECR-101 » de Denis Watters rédigé pour les parents et publié en 2008 à titre d’auteur.  Consultant au MEQ, il présente dans ce document les éléments du nouveau programme avec simplicité et l’agrémente d’exemples. Une information intéressante et pertinente, mais malheureusement rédigée au masculin pour alléger le texte…  Alors, à quand le langage à part entière, dans la richesse des deux genres ?

Considérant que les magnifiques cahiers d’activités en lien avec les collections adoptées augmenteraient les frais exigés des parents en début d’année scolaire, le personnel enseignant décida de taire leur existence.

Évaluation des apprentissages des élèves

L’enseignante des élèves classés en première année du premier cycle du primaire trouva très ardue l’évaluation des trois volets du programme et la notation à inscrire au bulletin. Un bulletin, à son avis, difficile à décoder pour certains parents et que peut dire un enfant de six ans devant tous les apprentissages issus des divers domaines du Programme de formation à l’école québécoise ?  Surtout des mots : éthique et culture religieuse…

Au second cycle, l’enseignante arrivait à compiler les diverses observations relatives aux trois composantes du nouveau programme puisque ses élèves, lors des dialogues très articulés, lui permettaient de mesurer leurs acquisitions en éthique et culture religieuse.  De plus, ses élèves pouvaient commenter assez aisément les contenus de leur  « portfolio » et de leur bulletin scolaire.

Avec fierté, les deux enseignantes ont apprécié la rédaction non sexiste des manuels scolaires manifestée non seulement dans le texte mais aussi dans les illustrations.

Comme ce cours implique un changement fondamental dans les contenus enseignés et dans la manière de les présenter, les deux enseignantes rencontrées considèrent que l’expérimentation de nouveaux manuels accompagnés de nouveaux guides sera une valeur surajoutée à leur enseignement en Éthique et culture religieuse.  Elles projettent donc d’user de l’opportunité qu’elles ont pour une dernière fois d’expérimenter du matériel différent avant le choix définitif de la commission scolaire des Phares.