HOMMAGE AUX MÈRES FONDATRICES DU COLLECTIF L’AUTRE PAROLE

HOMMAGE AUX MÈRES FONDATRICES DU COLLECTIF L’AUTRE PAROLE

Nos mères fondatrices étaient quatre et contrairement aux trois mousquetaires qui étaient trois et sont devenus quatre, elles étaient quatre et sont devenues trois. Et sans vouloir me prendre pour monsieur Dumas, je vous en parierai à la manière de ce dernier.

Les héroïnes de l’histoire que nous allons avoir l’honneur de raconter n’ont rien de mythologique. Ce n’est pas en fouillant les archives de la curie romaine que ces quelques notes ont été compilées, mais plutôt en côtoyant ces femmes depuis 15 ans.

L’adversaire, dans le cas qui nous préoccupe, n’est pas son Éminence le Cardinal. Un seul ne suffit pas, ce sont tous les princes de l’Église, incarnation du patriarcat. Par ailleurs, ces dames ont rapidement convenu qu’il importait plus de construire une « autre Parole » et s’affirmer comme sujettes que d’attaquer continuellement les écrits de ces messieurs.

Maintenant, quelques mots pour les décrire. Parmi le groupe, la plus jeune avait déjà en 1976 côtoyé les princes de l’Église et les communistes à Paris. L’oeil ouvert et intelligent, la parole vive, toujours prête à l’action comme à la fête, elle avait remplacé la longue épée par la plume et ses doigts arboraient souvent des reliquats des pages noircies. Elle savait tracer un portrait ravageur ou mettre en place une analyse serrée sur l’oppression des femmes. Sa mère, femme forte par excellence, lui avait, de par son exemple, tracé la voie d’une belle carrière. Voilà peut-être notre d’Artagnan.

Elle avait répondu à l’appel d’une certaine dame du Bas du fleuve, une fille de sa région natale. Contrairement à Aramis, celle-là n’a pas laissé la robe. La théologie l’intéressait, mais non pour en discourir comme les jésuites. Elle était douce, le teint basané par le vent du large, et sans doute inspirée par la poésie du fleuve et des voiles, un goût de prendre le large, d’oser la liberté la portait en avant.

Quant à la troisième, tout comme Athos, elle était réservée, parlait peu, mais toutes avaient pour elle une grande admiration car sa pensée les aidait à avancer dans la définition d’une théologie féministe de la libération et dans la définition de l’ekklèsia des femmes.

Si M. De Tréville veillait sur les mousquetaires, c’est le Collectif qui fut la force des trois mères. En solidarité avec les femmes, elles bâtissent l’Église depuis 20 ans. Sans elles, nous ne serions cependant pas là et c’est pour cela que nous avons voulu ce bref hommage à Marie-Andrée Roy, à Monique Dumais et à Louise Melançon et que nous leur remettons cette reproduction de la page couverture du numéro de la revue qui déjà en 1988 parlait de poursuivre « la construction de cette ekklèsia des femmes, signe de l’accomplissement du Magnificat ».