LA CONSOMMATION RESPONSABLE

LA CONSOMMATION RESPONSABLE

Myriam Orostegui

Agente de recherche et de formation

Nous vivons dans une société de surconsommation où nous pouvons acheter tout ou presque, si nous en avons les moyens, bien sûr. C’est un autre impact de la globalisation des marchés. Nous disposons au Nord de plus en plus de produits peu dispendieux, fabriqués dans les pays du Sud, là où les conditions de travail ne respectent pas toujours la dignité humaine, ni l’environnement. Pour faire face à cette situation, réparer les dommages sur l’environnement et sur les personnes, rien de tel que d’encourager la consommation responsable en s’initiant à ses rouages.

Consommer est un acte quotidien visant à répondre à des besoins essentiels comme se nourrir, se vêtir et s’abriter, mais depuis quelque temps, nos besoins dits essentiels ont bien changé. Aujourd’hui il est plus facile d’y répondre. Donc nous achetons pour d’autres raisons que pour l’essentiel. Nous achetons pour passer le temps, pour combler une frustration, pour faire comme tout le monde, pour nous afficher socialement, pour soulager notre conscience, pour nous divertir…

 Dans les magasins de grande surface :  supermarchés, pharmacies, tout est planifié pour nous faire dépenser davantage. De plus, la publicité et le marketing nous influencent énormément. C’est d’ailleurs pourquoi les grandes compagnies mondiales dépensent beaucoup plus pour la publicité que pour la fabrication de leurs produits. De partout, depuis le réveil jusqu’au coucher, nous sommes sollicité-es en tout lieu,  même jusque dans les toilettes des magasins, des écoles et des universités.

 Ces stratégies de marketing viennent chercher nos états d’âmes, nos émotions. Elles nous proposent de solutionner n’importe quel problème qui peut nous affecter par l’achat de quelque chose. Ceci est renforcé par l’anonymat et l’individualisme favorisés dans les grandes villes de la société moderne, par la disparition des liens familiaux et de la solidarité d’autrefois. Bien entendu, dans cette société de surconsommation, où tout devient marchandise, nous avons plus de signification en tant que producteur/productrice et consommateur/consommatrice qu’en tant que citoyen/citoyenne.

Sous nos chics tenues vestimentaires, nos chaussures « dernier cri » pour la course à pied, le tennis ou les randonnées, se dissimule, la plupart du temps, le travail d’enfants et de jeunes femmes exploités par des horaires de travail abusifs, à rémunération insuffisante, sans programmes de santé et de sécurité (harcèlement, viols, humiliations) et sans droits syndicaux.

 Il faut comprendre, de plus, que ce système de production est non écologique et met la planète à sec. Il est facile de se rendre compte qu’il constitue une menace sérieuse à la survie de la planète…et de nous tous et toutes…à moins de repenser dès maintenant notre façon de consommer : Réduire, Réutiliser, Recycler. Ce fameux 3 « R » est le fondement du principe de la consommation responsable. Le premier « R » demeure le plus important des trois. Tout produit non consommé diminue l’exploitation et l’utilisation tant des matières premières, comme le bois, l’eau, les métaux, que des êtres humains.

 Il n’est aucunement question de renoncer à consommer, mais de devenir plus consciente de l’impact de notre consommation sur les personnes et sur l’environnement, ici et partout dans le monde. La consommation responsable est en lien direct avec le commerce équitable. Cette formule se répand dans les pays du Nord, dans la commercialisation du café, deuxième produit le plus vendu dans le monde, après l’essence. Le commerce équitable consiste à créer des institutions capables de redonner aux échanges économiques leur caractère avant tout social et écologique et de meilleures conditions aux travailleurs.

 Nous trouvons de plus en plus, dans nos marchés, des produits écologiques commercialisés équitablement mais nous devons les exiger davantage et porter une attention particulière aux emballages qui composent le tiers du volume de nos ordures ménagères et, dans plusieurs cas, ce que nous payons pour l’emballage dépasse ce que reçoivent les personnes qui les fabriquent. Ici au Québec, chaque semaine nous rapportons de l’épicerie 13 millions de sacs de plastique !

 Nos choix de vie ont une grande influence sur l’ensemble des peuples de la planète ainsi que sur notre environnement. Les alternatives se présentent comme des activités souvent faciles à intégrer dans nos modes de vie. Chaque geste posé est un choix et un vote que nous faisons. Voilà pourquoi nous devons, toutes et tous, opter pour la consommation responsable et exercer notre citoyenneté de façon responsable.

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Ce texte a été produit dans le cadre du « Projet collectif mobilisateur contre la pauvreté des femmes ». ConcertAction Femmes Estrie, la Table des groupes de femmes de l’Estrie.