Les Brèves de L’autre Parole, décembre 2016

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Anniversaires en 2016…

L’année 2016 est une année d’anniversaires qui témoigne non seulement de l’effervescence du mouvement des femmes québécois, mais également de sa durée dans le temps : les 50 ans de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFÉAS) et de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), les 40 ans de la collective L’autre Parole et de la revue du même nom ainsi que d’une grande parmi les petites maisons d’édition féministes, les Éditions du remue-ménage et les 30 ans de l’Association des religieuses pour les droits des femmes (ARDF). (LD et MH)

Houlda, le groupe de L’autre Parole de Rimouski, a fêté le 40e anniversaire de L’autre Parole, le 17 septembre 2016.  De ce coin de pays, trente-cinq femmes environ ont déjà fait partie de la collective, dix ont pu venir célébrer. La rencontre a permis à chacune de révéler l’importance de L’autre Parole dans sa vie. Nous avons aussi pris le temps de réécrire deux textes de l’Exode. Un gâteau et un mousseux ont signalé la joie de la fête. Les sœurs de Notre-Dame-du-Rosaire nous ont accueillies pour cette belle occasion.

Une exposition pour les 40 ans d’une maison d’édition féministe francophone du Québec.  En mars 1976, les Éditions du Remue-ménage lancent leur première publication, la pièce du Théâtre des cuisines Moman travaille pas, a trop d’ouvrage.  Depuis, elle n’a jamais cessé de publier des ouvrages qui dérangent et font bouger les idées reçues. Son catalogue nous permet de retracer le parcours du mouvement féministe québécois à travers ses débats, ses questionnements, ses coups de gueule, ses auteures et découvrir la vitalité du féminisme chez nous. Pour célébrer cet anniversaire la maison d’édition a organisé une exposition « 40 ans deboutte : l’édition féministe selon Remue-ménage » qui s’est tenue tout le mois de septembre à l’Écomusée du fier monde. Des pièces extraites de l’exposition étaient présentées au Salon du livre de Montréal en novembre. Un franc succès. (LD)

Source: http://www.editions-rm.ca/actualites.php

 

Prière dans une mosquée interdite aux hommes. À l’été 2016, à Copenhague au Danemark, la mosquée Mariam dirigée par des femmes a organisé sa première prière interdite aux hommes. Cet événement s’inscrit dans le projet « féministe islamique » pour lutter contre l’islamophobie. Selon une des fondatrices, Sherin Khankhan, la mosquée souhaite montrer aux femmes qu’elles peuvent « prendre le pouvoir ». (MJR)

Sources : Journal de Montréal, 27 août 2016.
Photographie: https://www.theguardian.com/world/2016/feb/12/
women-led-mosque-opens-in-denmark

 

Une campagne prochoix de Catholic for Choice (États-Unis).

À l’occasion du quarantième anniversaire du Hyde Amendment, voté le 30 septembre 1976 par la Chambre des représentants des États-Unis, qui limitait le financement public de l’avortement aux États-Unis, le groupe Catholics for Choice a lancé une large campagne en faveur d’un tel financement public. Intitulée Une campagne de bonne foi (In Good Faith Campaign), elle présente des témoignages tel celui de Linda Pinto qui affirme : « C’est à cause de ma foi catholique, et non malgré elle, que je soutiens les femmes qui prennent la décision, basée sur leur conscience, de faire avorter » (notre traduction de l’anglais). Sur le site Internet de Catholics for Choice, on lit que les évêques catholiques étatsuniens ont réagi à la campagne en affirmant que « vous ne pouvez pas être à la fois catholiques et prochoix » (notre traduction, site consulté le 26/10/2016). Catholics for Choice a répondu à son tour par le dépôt d’un document audiovisuel de 45 minutes intitulé L’histoire secrète du sexe, du choix et des catholiques (The Secret History of Sex, Choice and Catholics). Il donne la parole à plusieurs théologiennes et théologiens catholiques reconnus qui situent le contexte historique de l’éthique sexuelle catholique et qui plaident en faveur de la décision fondée sur la liberté de conscience, en particulier en ce qui concerne le difficile choix de l’avortement. On peut le consulter à l’adresse : http://www.catholicsforchoice.org/the-secret-history-of-sex-choice-and-catholics-3/ Ou sur le site : http://www.catholicsforchoice.org  (DC) 

Une fondation américaine qui dicte ses conditions aux gouvernements pour investir en matière de planning familial.

Melinda Gates est une philanthrope qui codirige la Fondation Bill et Melinda Gates. Cette fondation a trois administrateurs : outre le couple Gates, s’ajoute Warren Buffet. Si l’organisme de 1300 employés distribue plus de quatre milliards de dollars chaque année, un budget deux fois plus grand que celui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les prises de décisions ne seraient pas transparentes quoique la liste des organismes subventionnés est maintenant publique. Cette fondation réussit à convaincre les gouvernements d’investir avec eux sur les priorités que la Fondation met de l’avant. En matière de planning familial, entre autres par convictions religieuses, l’organisme veut travailler en amont et depuis 2014, elle ne finance plus les services d’avortement. Si l’objectif est louable de concentrer ses efforts sur l’amont, il arrive des situations où des femmes veulent interrompre une grossesse, la décision leur appartient et une fondation privée ne devrait pas pouvoir influencer aussi fortement les politiques gouvernementales des pays ou des organismes qui veulent offrir tous les services de planning dont celui d’interruption volontaire d’une grossesse. L’autre Parole est : Pour la vie et pour le choix. Pour plus de détails voir : http://www.lautreparole.org/node/10  (MH)

Sources : L’Actualité, 1er octobre 2016
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs348/fr/
Source photo:Bing.com/images


En Pologne
, le 3 octobre 2016, plus de 100 000 personnes ont répondu à l’appel des militantes polonaises pour dénoncer le projet de loi visant l’interdiction totale de l’avortement, sauf si la vie de la mère est en danger. Elles ont réussi à faire reculer le gouvernement qui a retiré son projet de loi de la commission parlementaire. Une bataille à suivre. Il faut rappeler que 47 000 femmes dans le monde meurent chaque année d’un avortement clandestin soit une femme toutes les neuf minutes. (LD)

Source : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/481595/pologne
Photographie: http://www.gettyimages.ae/event/woman-strike-against-abortion-ban-in-poland-674391175#polish-women-protest-in-the-women-strike-campaign-against-a-proposed-picture-id612364494

La lutte contre le sida par l’abstinence totale : un échec chez les adolescentes. Lors de l’émission Les années lumières du 21 août 2016, on rapportait un article du Scientific American, étudiant les résultats obtenus par un programme d’urgence instauré par le président américain George W. Bush pour contrer la propagation du sida dans quatorze pays d’Afrique subsaharienne (PEPFAR). On y préconisait à grand renfort de publicité l’abstinence totale jusqu’au jour du mariage pour contrer la propagation du virus. On refusait toute subvention aux programmes faisant la promotion du condom. Après dix années de ce programme et près d’un milliard et demi de dollars américains  investis, force est de constater que la promotion de l’abstinence n’a pas donné les résultats escomptés. Comparant les pays qui en ont bénéficié à ceux qui n’en ont pas bénéficié, on a constaté que les facteurs de risques tels : l’âge de la première relation sexuelle, le nombre de partenaires ainsi que le nombre de grossesses chez les adolescentes est le même. (CL)

Sources : Les années lumières, 2e partie, 3min14 : http://ici.radio-canada.ca/widgets/mediaconsole/medianet/7582365
https://www.scientificamerican.com/article/u-s-anti-aids-abstinenceefforts-in-africa-fail-to-prevent-hiv/

 

Les femmes sont aussi ambitieuses que les hommes ! Les résultats du sondage Léger, réalisé auprès de 2002 Québécoises, du 3 au 15 mai 2016 pour le compte du mouvement l’Effet A, révèle que pour 28 % des répondantes, les obligations familiales sont un frein au succès. Cependant, il y aurait d’autres obstacles comme le manque d’opportunités (35%) et le manque de confiance en soi (34%) qui  freineraient leur ambition.  Dans les faits, les femmes (73%) sont toutes aussi ambitieuses que les hommes (78%). De plus, pour 13 % des répondantes, le bonheur et l’ambition sont intimement liés et près d’une femme sur deux regrette de ne pas avoir été plus ambitieuse durant leur carrière. (MJR )

Source : Journal de Montréal, le 8 septembre 2016

Des pionnières nous ont quittées…

 

 

Rita Beauchamp (1929-2016), sœur de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil

Elle a été la première femme vicaire épiscopale dans un diocèse au Québec. Cette fonction est habituellement réservée aux prêtres. C’était en 1981 !

Elle aurait été la seule femme jamais nommée par un évêque à ce titre. Ce poste serait l’équivalent d’un poste de ministre responsable d’un dossier ou d’une région.

Nous avons eu les mémoires de politiciennes qui ont ouvert des brèches ou les récits des premières femmes dans les bastions mâles, nous n’avons pas eu le récit de l’expérience vécue par sœur Beauchamp. Cela n’a certainement pas été facile tous les jours…  Nous saluons la détermination et le courage de cette femme et de son évêque. Aurons-nous un jour d’autres évêques courageux ?

Source : GLOUTNAY, François. Présence – information religieuse
http://presence-info.ca/article/eglises/deces-de-la-premiere-femme-vicaire-episcopale-au-quebec

Anita Caron (1927-2016), pionnière féministe en sciences des religions

En 1969, Anita Caron participe à la naissance de l’Université du Québec à Montréal. Trois éléments de sa vie antérieure auront un rôle structurant sur sa carrière à l’UQAM.

Enseignante en enfance inadaptée

En 1946, à 19 ans, Anita commence à enseigner en enfance inadaptée. De cette expérience vient sans doute son vif intérêt pour le développement de l’enfant et plus particulièrement son développement moral. Une fois professeure, elle deviendra une figure de proue dans le domaine.

Permanente à l’Action catholique

De 1950 à 1962, Anita travaille à la permanence de l’Action catholique de Montréal où elle exerce diverses fonctions, notamment celle de secrétaire générale de l’Action catholique diocésaine et de vice-présidente de la Fédération mondiale des Jeunesses féminines catholiques. De cette expérience intense, Anita a conservé l’amour pour le travail en équipe et pour la méthodologie du voir, juger, agir où les personnes examinent une situation, s’appliquent à la documenter, font appel à différentes approches des sciences humaines pour l’évaluer, la comprendre puis, passent à l’action. Devenue professeure, Anita Caron restera une femme d’action, engagée pour la justice sociale et l’égalité des sexes.

Docteure en sciences religieuses/théologie

De 1963 à 1969, Anita enseigne à l’École normale tout en poursuivant sa formation universitaire. En 1968, elle sera la première femme laïque au Québec à obtenir un doctorat en sciences religieuses (Université de Montréal). Sa thèse porte sur la démythologisation selon Bultmann. Cette approche herméneutique a marqué la posture d’Anita pour l’étude du phénomène religieux. Elle ne sera pas non plus sans impact sur sa vision religieuse personnelle sur laquelle elle a conservé une grande discrétion.

Professeure et bâtisseuse de l’UQAM

En 1969, celle qu’on appelait alors mademoiselle Caron, fonde avec quelques collègues le Département de sciences religieuses de l’UQAM. En 1977, elle sera de l’équipe fondatrice du Groupe interdisciplinaire d’enseignement et de recherche féministes (GIERF) qui deviendra en 1991 l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) dont elle sera la première directrice (1991-1993). Pour Anita, ces études féministes visaient à redonner aux femmes des outils pour penser et transformer leur place dans le monde, critiquer les paradigmes disciplinaires marqués du sceau du sexisme et de l’androcentrisme et développer des savoirs inclusifs.

Celle dont le rire pouvait résonner dans les murs de l’UQAM de l’aurore jusqu’à tard dans la nuit a vécu sa carrière de professeure comme une vocation.

Retraitée active

La retraite sera l’occasion de nouvelles implications. Elle travaillera notamment à la restauration de la maison familiale de Cap-St-Ignace et assumera la présidence de l’Association des propriétaires et amis des maisons anciennes du Québec (APMAQ) de 1998 à 2008.

Au revoir Madame Caron 

Cette femme de culture, ouverte sur le monde, attentive aux autres, n’était cependant pas de la génération qui étale « son vécu » ! À différentes reprises elle affrontera la maladie… en travaillant !  Elle a choisi de vivre sa vie à sa façon, libre et déterminée. À compter de 1979, j’ai eu le bonheur de travailler avec cette femme inspirante ; elle a notamment codirigé ma thèse de doctorat.

Elle était pour moi une amie très chère, une mentor. (MAR)

 

Élisabeth Lacelle (1929-2016), première Franco-ontarienne à devenir théologienne

Une grande pionnière du féminisme chrétien nous a quittés au premier jour d’octobre 2016. Élisabeth Lacelle, une des premières diplômées en théologie de l’Université Saint-Paul à Ottawa, a grandement marqué les recherches théologiques en « Femmes et Christianisme » tout comme en « Œcuménisme »  ainsi que sur « Catherine de Sienne ». C’est donc avec une grande tristesse que nous avons appris son décès suite à un cancer qui a rapidement détérioré son état de santé à partir du mois d’août dernier. J’avais diné avec elle en juin et elle semblait aller bien; elle n’avait pas perdu son esprit critique alors que nous discutions des propos ambigus du pape François au sujet des femmes en Église.

À ses funérailles, en la paroisse Saint-Jean-Baptiste où elle a été fort impliquée pendant de nombreuses années, le célébrant, qui l’a visitée une semaine avant son départ, a voulu signaler sa grande lucidité, sa foi inébranlable et sa sérénité remarquable face à sa fin de vie. Les deux textes qu’elle avait choisis pour ses funérailles en témoignent : des extraits du dernier chapitre de l’Apocalypse qui parlent du « fleuve d’eau de la vie », « d’une terre nouvelle et d’un ciel nouveau »; et la lecture de l’Évangile de Saint Jean, chapitre 20, 11-18 qui décrit bien Marie-Madeleine, première Apôtre de la Résurrection de Jésus.

Les divers témoignages ont manifesté les grandes étapes de sa carrière de théologienne ainsi que son implication au Club Richelieu Hélène-de-Champlain où elle a organisé de nombreuses conférences et panels. Une femme originaire d’Afrique a également souligné comment Élisabeth, sa marraine de baptême, a été pour elle une guide spirituelle. Le poème de Jean de la Croix, « Mais c’est de nuit », lu par sa sœur Andrée, décrivait toute la mystique et la spiritualité de cette grande croyante :

Mais c’est de nuit  (Jean de la Croix)

Je la connais, la source,

Elle coule, elle court,

Mais c’est de nuit.

Dans la nuit obscure de cette vie,

Je la connais la source, par la foi,

Mais c’est de nuit.

Je sais qu’il ne peut y avoir de chose plus belle,

Que ciel et terre viennent y boire,

Mais c’est de nuit.

 

Maintenant, chère Élisabeth, tu peux chanter ce poème en pleine Lumière.

Tous mes hommages à toi, Élisabeth, que j’ai eu le bonheur et la chance immense de pouvoir côtoyer tout au cours de ma carrière universitaire.

Tu restes pour nous une guide et un phare dans notre traversée de féministes chrétiennes. (PD)

Sources : De nombreuses notes biographiques et des commentaires
sur son apport créatif d’innovatrice en théologie féministe ont été signalés.
On peut consulter, entre autres, l’article de « Femmes et Ministères » au http://femmes-ministeres.org/?p=3888  et celui de François Gloutnay dans Proximo : http://www.radiovm.com/decouvrir/proximo/presidente-du-comite-ad-hoc-sur-les-femmes

 

Louise Melanson (1933-2016) du Nouveau-Brunswick, 19 ans à la présidence du Comité des femmes en église de l’Archidiocèse de Moncton

Femme de tête et femme de cœur, elle aura été une ardente avocate pour l’égalité des femmes en église.

En 2011, elle publie sur le site de Femmes et Ministères, un article intitulé : 25 années de promotion des femmes en église – Archidiocèse de Moncton (1986-2011). Elle rappelle entre autres choses qu’en 1994, suite à l’interdiction de Jean-Paull II de même débattre de la question de l’accès des femmes à la prêtrise, ledit Comité des femmes en église publia une requête signée par plus de 1700 personnes demandant deux choses : « que le dialogue se poursuive et que les recherches entreprises se continuent. »

Très consciente que la question de la prêtrise des femmes semblait bloquée, elle prenait appui sur tous les autres petits et grands pas réalisés par les femmes, dont les théologiennes. (MH)

Source : http://femmes-ministeres.org/?p=449

 

 


À voir…

 

Les Innocentes, film franco-polonais d’Anne Fontaine, 2016, 1 h 55 min

En 1945, Mathilde Beaulieu, jeune médecin, travaille au sein de la Croix rouge française dans un hôpital de fortune en Pologne. Un jour, une religieuse affolée, qui a parcouru des kilomètres à pied dans la neige, vient lui demander de l’aide.  Acceptant de suivre Sœur Maria jusqu’à son couvent, Mathilde découvre peu à peu l’horreur d’une situation que la mère supérieure veut à tout prix garder secrète : presque toutes les sœurs ont été violées par des soldats soviétiques traquant les nazis, sept d’entre elles sont enceintes. Des enfants s’annoncent dans cette communauté bénédictine où personne ne sait s’y prendre pour les accueillir, où la honte et la culpabilité condamnent les victimes au silence.

Inspiré d’un fait historique réel, le film raconte la progression d’un apprivoisement mutuel, d’une confiance patiemment tissée, visite après visite. C’est aussi la rencontre de deux mondes : le monde rationaliste de la jeune Mathilde Beaulieu, a priori athée, et le monde monastique de ces religieuses. Entre ces femmes si différentes, la cinéaste Anne Fontaine sait construire un lien fort, salvateur, le rendre crédible et touchant : une affaire de solidarité féminine et, au-delà, de réponse fraternelle à la violence du monde. La foi de ces religieuses touchées dans leur chair, dans leur choix de vie, leur vocation est mise à l’épreuve. Peut-on dépasser la violence dont on a été victime ? La foi y aide-t-elle ? Comment poursuivre sa vocation lorsque les règles qui la fondaient ont été brisées ?

Un film touchant et bouleversant qui traite avec sobriété et sensibilité un sujet rarement abordé. À voir absolument, disponible au ciné-club près de chez vous ! (LD)

 

Un documentaire sur l’avortement

Le 28 septembre 2016, dans le cadre de la Journée mondiale pour la décriminalisation de l’avortement, le documentaire L’avortement en ligne de Fernando López-Escrivá (2016) a été présenté simultanément au Québec, au Chili, en Colombie, en Équateur, au Pérou, en Bolivie, au Mexique et aux Pays-Bas. Actuellement au Chili, l’avortement demeure interdit en toutes circonstances et passible d’emprisonnement. Le film suit le quotidien d’un groupe de jeunes militantes lesbiennes et féministes qui ont trouvé une façon de contourner la loi en mettant sur pied une ligne d’aide téléphonique clandestine : la linea del aborto. Leur but est de  fournir  aux femmes voulant avorter des informations sur l’utilisation d’un médicament contre les ulcères, le Misoprostol, qui permet également de provoquer des avortements sans assistance médicale, d’avorter de façon sécuritaire à la maison. Le Chili fait partie des sept pays d’Amérique latine où l’avortement est interdit en toutes circonstances. (LD)

Source : http://www.ledevoir.com/culture/cinema/480907/documentaire-aaa

 


À 
lire…

 

On aimerait croire qu’en 2016, nous n’avons plus besoin d’un Manuel de résistance féministe (Éditions du remue-ménage, 2016), soit parce qu’il nous semble que toutes les raisons qui nous acculent à défendre encore et toujours le féminisme sont évidentes, soit parce que nous possédons déjà tous les argumentaires nécessaires à sa défense. Malheureusement, tel n’est pas le cas.

Pour bien des personnes, il n’y a rien d’évident : les choses sont comme elles sont parce que c’est comme ça, mais ça ne dépend surtout pas de l’emprise des hommes sur la réalité et encore moins de celle des femmes. Qu’est-ce qu’elles ont les femmes à se plaindre ??? Que veulent-elles ???

D’autres, dont nous sommes, sont convaincues, de la nécessité d’une lecture féministe de la réalité pour comprendre les inégalités et les injustices qui persistent toujours dans cette même réalité, mais nous manquons souvent d’arguments pour défendre notre cause même si intérieurement nous les connaissons. Le p’tit beau-frère ou l’illustre inconnu ont alors vite fait de nous débouter quand vient l’heure des discussions.

Voici un petit livre qui fait magnifiquement le tour de « la question féministe » : histoire des luttes et des résistances féministes, statistiques, mythes et réalité, etc. Facile à lire et à relire, facilement consultable et même assez léger et assez petit pour traîner dans sa sacoche ! (Il sera à portée de la main quand viendra l’heure des discussions…) Une petite merveille, très utile pour nous aider à solidifier notre argumentaire féministe face à ceux et celles qui ne sont pas encore convaincus de la nécessité de poursuivre la lutte féministe même en 2016. (CT)

 

 

Au printemps 2016, Louise Desmarais publiait aux Éditions du remue-ménage,  La bataille de l’avortement – Chronique québécoise, ouvrage disponible en librairie. Nous publierons dans la revue de la collective une recension de cet important ouvrage en 2017.

Entretemps, vous pouvez visionner une entrevue en profondeur que l’auteure a accordée à Canal Savoir faisant état d’un demi-siècle de lutte féministe pour le droit à l’avortement, sur You Tube ou sur le site de la Fédération québécoise pour le planning des naissances (FQPN), en suivant l’un ou l’autre des liens suivants :

https://www.youtube.com/watch?v=lleJoT2jNEA
http://www.fqpn.qc.ca/?videos=avortement-bilan-dun-demi-siecle-de-lutte-feministe

(MH)

 

La collection Lettres à… chez VLB éditeur regroupe des figures marquantes de la société québécoise qui écrivent à une ou un jeune qui voudrait se lancer dans la carrière où son aîné s’est illustré. Si les premiers ouvrages étaient écrits par des hommes, des femmes ont récemment pris la plume dont Micheline Lanctôt. L’actrice de séries télévisées ou de films est bien connue, la scénariste, productrice, monteuse et animatrice moins. Elle a pourtant signé douze longs-métrages ! La passion de la femme pour son métier ressort, la passion qu’on doit avoir pour le choix de sa carrière aussi. Elle raconte les défis, les grandes satisfactions de trouver son « écriture cinématographique », elle ne cache pas que « le monde du cinéma est sexiste » (p. 57). Peu de femmes ont un réel pouvoir artistique (p. 58). Pour elle, le métier l’a forcée à se définir au féminin, c’est aussi un métier de célibataire de par les exigences du métier et des heures des garderies. Lanctôt ne conclut pas, c’est aux jeunes cinéastes de trouver « les clefs de ce monde complexe […] et de nous le faire comprendre. » (p. 135)

Cet ouvrage s’adresse aux jeunes et il donne des clés à toutes et tous les cinéphiles pour approfondir les œuvres cinématographiques, dont celles de Lanctôt. (MH)

Quatre femmes et trois hommes du Groupe de théologie contextuelle québécoise (GTCQ) viennent de publier un petit livre de réflexions sur la sauvegarde du territoire : Nous sommes le territoire !  (Novalis, 2016). Ces réflexions ont commencé en 2012 « devant le cauchemar d’un vaste plan d’extraction du gaz de schiste au Québec ». J’avais pensé vous faire ici un petit résumé de ce livre… Mais, la seule chose que j’en ai retenue, c’est que l’on traite le territoire exactement comme on traite le corps des femmes ! Même si le « nous »  signifie ici les êtres humains, hommes et femmes, et non les femmes en particulier je n’ai pu m’empêcher tout au long de ma lecture de faire le lien entre le territoire et le corps des femmes. Ne sont-ce pas d’ailleurs en grande majorité des hommes qui prennent les décisions sur la façon dont nous allons traiter le territoire, ceux-là mêmes qui décident aussi ce qu’il en sera du corps des femmes… Ce n’est pas un hasard si la Marche Mondiale des Femmes 2015 avait pour thème : « Libérons nos corps, notre terre et nos territoires ». Tout se tient ! (CT)