LES FEMMES AURONT-ELLE LA PATIENCE D’ATTENDRE ?

LES FEMMES AURONT-ELLE LA PATIENCE D’ATTENDRE ?

par Joce-Lyne Biron

Le 26 janvier dernier a eu lieu, au Centre des services diocésains, à Québec, une soirée où l’on a discuté de la place de la femme dans la société et dans l’Eglise.

L’Office de pastorale sociale, â qui revient l’initiative de cette rencontre, avait invité Pauline Rois, ministre d’Etat à la Condition féminine, et Jacques Racine, professeur à la faculté de théologie de l’université Laval (aurait-il été si dangereux de donner la parole à une femme ?).

Devant un auditoire d’environ cent cinquante personnes – en très grande majorité des femmes -, Pauline Marois a traité du problème de l’égalité entre :femmes et hommes dans la société québécoise, du respect des différences, de l’autonomie financière, affective, psychologique et sociale, du droit au travail, la syndicalisation, aux congés de maternité et parentaux, et aux services de garde.

Elle a, de plus, souligné le rôle joué par les femmes dans la militance en vue d’une meilleure qualité de la vie. Elle a, enfin, présenté le féminisme non pas comme le rejet de certaines valeurs, mais comme une recherche de l’égalité et de la reconnaissance des personnes.

Quant à Jacques Racine, après avoir fait un survol des inégalités dont sont victimes les femmes dans l’Eglise – malgré les ouvertures pratiquées par Jésus – il a remis en question certaines pratiques qui ont cours au sein de l’Eglise. Qu’est-il advenu de la tradition de l’Eglise – qui a été constituée majoritairement par des hommes -, de la foi en Jésus Christ qui est venu apporter la liberté aux hommes et aux femmes, liberté qui est un élément de la Bonne nouvelle ?

Pour Jacques Racine, s’il y a de l’espoir, c’est parce que l’Eglise, ce n’est pas d’abord la hiérarchie patriarcale, mais le peuple de Dieu en marche. Le mouvement des femmes dans la société ne peut pas ne pas se refléter – au moins lentement – â l’intérieur des structures épaisses et empoussiérées de l’Eglise.

Les temps ont changé, l’Eglise est forcée de changer, ne serait­ce que parce qu’elle ne peut plus se reproduire, la relève ne venant pas. Et pourtant les facultés de théologie sont loin d’être désertes ; elles sont même fréquentées par autant de femmes que d’hommes. Quelle place l’Eglise fait-elle à toutes ces femmes diplômées ? Il faudra bien qu’elle accepte de remettre en question sa conception des rapports hommes-femmes, clerc laïcs {pouvoirs du prêtre célibataire, etc.) et qu’elle révise ses pratiques si elle veut susciter des communautés responsables. Enfin, la recherche théologique devra aussi être bousculée, car les femmes ont à révéler une dimension de la foi que les théologiens (mâles) et l’Eglise n’ont pas su dire.

La place de la femme est trop souvent accordée « au compte-gouttes » ou encore pour prendre la relève ••• quand les célibataires masculins ne répondent plus à l’appel comme c’est le cas pour les religieuses du Nord-Ouest québécois Serait ce que l’exemple a déserté nos villes et que le vent de la liberté ne souffle que dans l’absolue nécessité ?

J’ose dire que, bientôt, ce sera nécessité partout ••• Les femmes auront-elles la patience d’attendre ?