LUTTES DANS LA FOI

LUTTES DANS LA FOI

Déjà en 1975, le vent souffle dans les voiles. Le programme du Mouvement des Femmes Chrétiennes vise à promouvoir l’engagement politique de la femme chrétienne :

– à reconnaître la vraie politique, celle qui lutte pour la justice et qui admet que « c’est l’affaire des femmes ».

– à orienter son éducation et son engagement dans ce domaine, pour mieux réclamer ses droits comme personne et comme femme.

A Montréal, notre action s’aventure plus loin en participant au dossier « La Femme, un agent de changement dans l’Église », réflexion et recherche qui sont accompagnées d’une enquête sociologique. Notre champ de bataille, alors, c’est la guerre aux préjugés. Notre foi invite à la justice, à la solidarité, au respect des personnes. Nous essayons d’identifier les situations difficiles que vivent des femmes, et de les comprendre.

Pour y arriver adéquatement nous organisons des sessions intensives sur différents thèmes qui encadrent des situations vécues, ainsi : l’épouse du prêtre marié, les femmes séparées-divorcées, la place de la femme dans la société et l’Eglise, l’avortement.

Dans ces lieux de rencontre, les participantes apprennent à ne pas juger, à analyser les causes plus que les conséquences, S penser des projets préventifs. Ici on découvre l’importance des lois gouvernementales et des services sociaux qui permettent d’aider suffisamment les personnes impliquées et de prévenir le pire. Il s’agit de promouvoir des moyens efficaces. Notre affiliation S la F.F.Q. nous aide en ce sens, c’est une source d’information.

Dès 1976, le M.F.C. s’attaque à l’image qu’on présente de la femme dans les mass-médias : sexisme, violence, femme-objet, etc. Les femmes deviennent attentives à ce qui se passe, construisent une saine critique, interpellent les auteur-e-s de télé-romans, les journaux, la télé, etc. plusieurs groupes deviennent de plus en plus responsables. Par la suite, les membres ont voulu devenir plus autonomes face à la publicité, combattre le gaspillage, se charger de leur propre santé, connaître leur corps, en tenir compte, etc.

Mieux encore, au plan de l’apprentissage à l’autonomie, les femmes ont appris à se dire, à écouter l’autre, à prendre leur place dans la famille et ailleurs. Cet effort de prise en charge de soi par soi s’est propagé de l’Est 3 l’Ouest du pays dans les 22 diocèses où est présent le M.F.C. (de l’Alberta aux Maritimes). Cette année, notre programme d’action veut identifier les situations insatisfaisantes que vivent les femmes en temps de crise économique, chercher avec elles comment s’ajuster aux situations nouvelles, souvent problématiques, qui sont parachutées par« -ci par-là : les jeunes qui reviennent au foyer après une longue absence, le ou les parents pourvoyeurs illimités, les rôles interchangés du père et de la mère, le manque d’argent, l’exiguïté des logis, la surcharge des tâches pour la mère lorsqu’il n’y a pas de co-responsabilité..,

Les équipes actives rencontrent les femmes de leur quartier, elles réfléchissent ensemble et pensent des projets. A Montréal, nous sommes peu nombreuses mais nous offrons des sessions intensives de deux jours et demi à celles qui, membres ou non, s’intéressent à notre programme ou à nos projets ; nous en profitons aussi pour regarder ensemble l’histoire des femmes québécoises dans la société et dans l’Eglise, pour retrouver les passages de l’Evangile où Jésus les a interpellées, pour prévoir des actions possibles.

Au niveau de nos convictions profondes, nous avons endossé les recommandations de VU.M.O.F.C. (Union mondiale des organisations féminines catholiques) au congrès international de Dar Es Salam en 1974.

Nous croyons à l’égalité fondamentale entre femmes et hommes, basée sur le message évangélique, conscientisation qui permet aux femmes de lutter contre l’injustice ; nous croyons au besoin impératif de formation et d’éducation pour l’action à tous les niveaux : socio-économique, culturel, politique, créativité, vie familiale, parenté responsable, ouverture à toutes à tous, qualité de vie améliorée.

Nous croyons, finalement, à une spiritualité basée sur la révision de vie éclairée par l’Evangile.

Le message du Christ a des exigences d’Amour, de libération pour tous les opprimés. Notre choix prédestiné va vers les plus démunies, celles qui sont abandonnées, rejetées, mal aimées, jugées, celles qui souffrent, les « mal portantes » quoi ! Nous n’avons pas toujours la possibilité de les accueillir personnellement mais nous les acceptons telles qu’elles sont ! Nous leur faisons une place dans notre coeur.

Quelques membres se sont impliquées comme personnes aidantes auprès des femmes violentées qui se réfugient en maison d’accueil… d’autres visitent les personnes âgées, malades ou handicapées, elles considèrent que les femmes ont besoin d’appui pour garder leur dignité de fille de Dieu. C’est une question de justice, de foi, de solidarité, de charité fraternelle. Toutes les femmes qui rejoignent nos équipes trouvent un groupe où se vit cette solidarité. Lutter signifie : vouloir aider les femmes coûte que coûte à grandir, à s’épanouir, à prendre leur place : notre foi, c’est d’accomplir ce geste à cause de Jésus Christ qui est intervenu maintes fois en faveur des femmes et qui a insiste sur l’importance de la justice pour tous. C’est notre mission d’Eglise.

Marie Thérèse ROY-OI.IVIER

groupe Marie-Eve