MY GRANDFATHER’S BLESSINGS

MY GRANDFATHER’S BLESSINGS Stories of Strenght, Refuge and Belonging by Rachel Naomi Remen, m.d. Riverhead Books, New York, 2000, 381 p.

Marie Gratton, Myriam

Si vous avez assisté au colloque de L’autre Parole du mois d’août dernier ou lu le numéro portant sur le  fondamentalisme, vous connaissez déjà  le grand-père de Rachel Naomi, le rabbin Ziskind. Je vous avais alors présenté ce personnage qui avait revu et corrigé l’histoire d’Ève à l’usage de sa petite-fille, affectueusement appelée par lui Neshume-le, Douce petite âme.

Si vous lisez anglais, n’hésitez pas à renouer connaissance avec ces deux êtres attachants. J’avais été profondément touchée par le premier livre de Madame Remen, Kitchen Table Wisdom, Stories that Heal. Le second, que je vous présente ici, possède les mêmes qualités que j’avais tant appréciées dans le premier. Un langage simple, dépourvu de tout jargon, scientifique ou non, et une pensée remplie d’une sagesse, née dans la réflexion et le silence, entretenue et nourrie au contact des autres, au cœur de l’action.

My Grandfather’s Blessings, rappelle, bien sûr, l’influence précoce et déterminante que le rabbin Ziskind a eue sur l’auteure, mais traite surtout des expériences en tous genres que Rachel Naomi Remen a connues tout au long de sa vie, aussi bien intime que professionnelle. Frappée dès  l’adolescence par une maladie incurable, elle a su surmonter une foule d’obstacles à force de courage et de détermination. Devenue médecin, elle s’est d’abord spécialisée en pédiatrie, puis a choisi de  se consacrer au soin des malades atteints de cancer. Elle est née, a grandi, a reçu sa formation à New York et y a exercé sa profession durant de longues années, avant de s’installer en Californie pour « pratiquer la médecine autrement ». Il s’agit en fait d’une approche qui se concentre d’abord sur la personne avant de s’attaquer à sa maladie. Les maux de l’âme, s’ils ne sont pas nécessairement des déclencheurs des maladies du corps, en accroissent souvent les symptômes et en compliquent la guérison. Ce livre nous parle aussi du pouvoir libérateur et curatif des mots, d’abord quand ils se prêtent à l’expression de la vérité de l’être, mais plus encore quand ils sont non seulement entendus, mais écoutés.

My Grandfather’s Blessings est une ode à la vie.  Il nous faut apprendre à tirer parti de tout, de nos épreuves comme de nos joies, de nos erreurs comme de nos bons coups, de nos échecs comme de nos succès. Pourquoi ? Parce que tout est grâce. Tout est bénédiction.  Et la bénédiction suprême est de s’en convaincre… Évidemment ! En six chapitres et une centaine de courts récits, nous apprenons à reconnaître que tout est grâce pour qui sait « recevoir les bénédictions », « devenir pour les autres une bénédiction », « trouver la force et chercher refuge », « tisser un réseau de bénédictions », « sceller une alliance avec la vie », « restaurer le monde  ». Mais comment réussir à réaliser tout cela ? En puisant à la source infiniment féconde de la compassion pour toute créature et en développant une spiritualité des petits gestes, je l’ai compris encore une fois avec une joie profonde. Juive d’origine, ayant été élevée par des parents agnostiques, sensible non seulement à la tradition bouddhiste et à la mystique orientale, mais respectueuse aussi  de la tradition chrétienne et catholique,  Rachel Naomi Remen nous entraîne à travers ses récits au cœur de sa vie personnelle et familiale, de ses expériences comme médecin et comme thérapeute. J’ai eu, une fois ou l’autre, au long des pages, la tentation de lui reprocher un goût très américain pour les histoires avec un happy ending. Mais il m’est apparu en définitive plus facile de résister à cette tentation-là qu’à la force de persuasion qui habite cette femme remarquable. Il me semble que vous auriez plaisir et profit à partager sa vision du monde.

Le texte qui m’a le plus marquée s’intitule « Pearl of wisdom ». Les huîtres sont tendres et vulnérables, nous rappelle Rachel, le sable qui s’infiltre dans leur coquille les irrite, mais ne les durcit pas. Patiemment, certaines, mais pas toutes, en font une perle… La perle, c’est la réponse de l’huître à la souffrance. La sagesse, comme la perle, a son prix.