NOUVELLES RECHERCHES SUR LE CORPS DE LA FEMME

NOUVELLES RECHERCHES SUR LE CORPS DE LA FEMME

Diane Marleau, Déborah

Parler de la question du corps de la femme en 2007, c’est aussi dire que les femmes, en tant qu’êtres humains à part entière, ont plus que jamais cette capacité de pouvoir se positionner dans tout leur être comme de véritables sujets. Mais pour y arriver, elles ont à relever ce défi vital d’apprendre à mieux se connaître elles-mêmes à tous les niveaux incluant l’aspect biophysiologique de leur être.

Mieux comprendre son corps, c’est lui donner la chance de se déployer dans sa totalité pour ne faire qu’un avec sa spiritualité et son affectivité. C’est se donner le moyen de vivre debout en tant que personne libre et responsable, capable d’une prise de parole et d’action.  Au fil des années, plusieurs  femmes ont contribué à favoriser l’épanouissement et la libération des femmes.  En ce qui concerne le sujet du corps de la femme, même si la recherche s’est accélérée ces dernières années, il faut dire qu’on est parti de loin.

Dans l’univers francophone, la psychanalyste Françoise Dolto (1909-1988) a pour sa part, rappelé qu’avant 1960, la sexualité féminine n’avait été traitée que par des hommes et ceci d’une manière plus théorique que clinique. Quand cette année-là, elle a elle-même fait une intervention sur la sexualité féminine, en tant que clinicienne lors d’un Congrès de la Société française de la psychanalyse, Lacan lui avait dit qu’elle était culottée, sans lui préciser malgré son insistance, s’il s’inscrivait ou non, en faux sur ce qu’elle avait dit. Cette confidence elle nous la fait dans son livre Sexualité féminine paru en 1982.

En apportant ses propres visions de la sexualité chez la femme, Françoise Dolto s’est elle-même positionnée comme sujet pour faire surgir une nouvelle réalité non perçue encore par ses collègues masculins. Elle collaborait à sa manière à faire surgir une vérité libératrice pour les femmes. Françoise Dolto a reçu de nombreuses femmes en consultation dont plusieurs étaient les mères des enfants qu’elle traitait. Son œuvre sur le féminin mérite considération et continue à être l’objet de recherches par ses contemporains. Avis aux personnes intéressées !

Par ailleurs, d’autres femmes ont aussi pris la parole au sujet du corps de la femme selon leur propre champ d’expertise.  En 2005, la neuropsychiatre américaine, Louann Brizendine, publiait un livre portant sur le cerveau féminin The Female Brain. On y retrouve une foule de données nous permettant de mieux comprendre le corps des femmes dans sa spécificité par rapport à celui des hommes. En voici quelques-unes, tout à fait étonnantes, glanées ici et là dans son ouvrage.

Si plus de 99 % du code génétique mâle et femelle est exactement le même, le 1 % qui nous différencie influence grandement chacune des cellules de notre corps. On peut en noter des répercussions dans les nerfs qui enregistrent le plaisir et la souffrance jusqu’aux neurones qui transmettent la perception, les pensées, les sentiments et les émotions.

Même si les cerveaux mâles sont plus larges d’environ 9 % que ceux des femmes, les femmes et les hommes ont exactement le même nombre de cellules cervicales. Chez les femmes, les cellules sont seulement plus densément tassées à l’intérieur de la cavité crânienne. Dire qu’au 19e siècle, des scientifiques croyaient que la grosseur du cerveau des hommes  signifiait que les hommes avaient plus de capacité mentale que les femmes. Quelle aberration !

Reconnaître la spécificité féminine ne s’est pas fait rapidement quand on considère que durant une grande partie du 20e siècle, la plupart des scientifiques assumaient que les femmes étaient essentiellement des petits hommes, neurologiquement parlant excepté pour ce qui était de leurs fonctions reproductives.

Ce n’est pas avant les années 1990 que les chercheurs ont commencé à s’intéresser à la physiologie féminine, à leur neuroanatomie ou à leur psychologie en tant que distincte de celle des hommes. Quand l’auteure a elle-même fait ses études dans les années 1970 à Yale, Berkeley et Harvard, à peu près rien n’était dit des différences biologiques ou  neurologiques entre les hommes et les femmes en dehors de la grossesse.

Dans la clinique pour femmes qu’elle a fondée en 1994 au département de l’Université de Californie à San Francisco, Louann Brizendine a découvert que « les effets neurologiques massifs des hormones de la femme sur les différentes étapes de sa vie » sont capitaux et qu’ils « forgent ses désirs, ses valeurs et la façon dont elle perçoit la réalité. »

D’autre part, elle souligne qu’une nouvelle science du cerveau est venue  récemment transformer notre perception des différences neurologiques de base entre les hommes et les femmes. Auparavant les scientifiques ne pouvaient explorer ces différences qu’en disséquant des cerveaux de cadavres ou en examinant les symptômes d’individus ayant subi des lésions au cerveau.

Ces dernières années, une révolution complète s’est opérée dans la recherche grâce aux avancées en génétique et en technologie d’imagerie non invasive du cerveau. De nouveaux outils tels la tomographie d’émission positron et l’imagerie de résonance magnétique permettent de voir ce qui se passe à l’intérieur du cerveau en temps réel – quand, par exemple, une personne est en train de produire des mots, récupérer des souvenirs, noter des expressions faciales, établir un état de confiance, tomber en amour, écouter des cris de bébé et ressentir la dépression, la peur et l’anxiété.

Ces recherches ont, entre autres, permis de constater que les hommes et les femmes utilisent différents endroits et circuits du cerveau pour résoudre des problèmes, activer le langage, expérimenter et entreposer la même émotion forte. Hommes et femmes utilisent également des endroits différents du cerveau pour travailler des problèmes mathématiques.

Généralement parlant, les femmes peuvent se souvenir des plus petits détails de leur premier rendez-vous et de leurs plus grandes disputes pendant que les maris s’en souviennent difficilement. Ceci s’explique par la structure et la chimie du cerveau.

Parmi d’autres détails intéressants tirés du livre de Louann Brizendine, on apprend qu’une femme utilise environ 20,000 mots par jour alors qu’un homme en utilise environ 7,000.

Quant à la sexualité, on note que dans la tranche d’âge des 20 à 30 ans, 85 % des hommes pensent au sexe chaque 52 secondes alors que les femmes de cet âge y pensent environ une fois par jour, ou de 3 à 4 fois lors de leurs jours plus fertiles. Les centres reliés au sexe dans le cerveau mâle sont actuellement environ deux fois plus larges que les structures parallèles dans le cerveau de la femme.

D’autre part, une femme saisit mieux ce que les gens ressentent alors que les hommes ne peuvent noter une émotion que si la personne pleure ou fait des menaces de violence physique. Pour expliquer ces différences dans la gestion des émotions, l’auteure compare la femme à une autoroute à quatre voies pendant que l’homme pourrait plutôt être comparé à un sentier de campagne.

La recherche de Louann Brizendine fournit encore bien d’autres renseignements permettant à la femme de mieux situer et s’approprier son corps à toutes les étapes de sa vie – l’adolescence, la maternité, la ménopause… On constate à la lecture de ce livre que les besoins des femmes pour fonctionner à leur plein potentiel ainsi que les talents innés de leur cerveau viennent à peine d’être clarifiés scientifiquement. L’auteure nous fait remarquer que les femmes viennent d’acquérir au 21e siècle, les mêmes ressources dont les hommes bénéficiaient déjà à l’époque d’Aristote, de Socrate et de Platon pour poursuivre des recherches intellectuelles et scientifiques.

Elle en déduit qu’une révolution de la conscience au sujet de la réalité biologique de la femme va transformer la société humaine.

Il y aurait encore beaucoup à faire ressortir sur le contenu de cet ouvrage. Cependant, même si tout n’est pas encore dit par rapport au cerveau féminin ou même masculin et ses conséquences sur le corps, il est évident que la femme a maintenant plus que jamais les moyens d’émerger comme sujet de sa vie.

Espérons que les quelques informations relevées ici pourront contribuer à stimuler, encore plus, les chrétiennes féministes dans la poursuite d’une quête de libération jamais terminée pour devenir sujet actif de leur vie – des sujets éveillés capables aussi d’une attention toujours plus ouverte à cette Force plus grande que soi qui nous habite.