Qu’est-ce qu’une spiritualité féministe ?

Qu’est-ce qu’une spiritualité féministe ?

Trois regards sur la spiritualité féministe. Afin de poursuivre les échanges abordés la veille, trois des nôtres présentent à tour de rôle différents aspects de la spiritualité féministe.1er exposé : Qu’est-ce qu’une spiritualité féministe ?

Pour parler de spiritualité féministe, il faut d’abord partir de la conscience féministe, à savoir d’une prise de conscience émotionnelle/mentale de plus en plus profonde de nos expériences de vie comme femmes. Toutes les femmes sont « socialisées » dans une société patriarcale, de quelque manière… ; en conséquence, il est nécessaire d’aller à la racine de nos réalités sociales et personnelles pour en dévoiler les forces et les structures d’oppression ; et, enfin, être déterminées à entrer dans un processus de changement personnel d’abord et puis, social.

C’est un processus d’être/devenir consciente de soi et de son environnement etc, comme femme. Ce processus féministe n’est pas linéaire, mais à partir de notre centre, il suit les méandres de notre évolution, en forme de spirale, laissant de l’espace à des reculs et à des avancées, à des errements et à des moments forts… Ce processus  permet ainsi d’assumer notre identité personnelle et « de genre », d’être une femme,
une personne humaine à part entière. C’est important de se voir ainsi, en processus. C’est ce qui nous autorise à vivre de manière créatrice au milieu de l’oppression, ou encore aux prises avec les effets de notre socialisation, c’est-à-dire aux prises avec nos modèles et nos structures de comportements aliénants.

Ce « devenir soi-même » féministe constitue en somme ce qu’on peut appeler un processus de conversion qui consiste à se débarrasser de la « fausse conscience » patriarcale, à se démarquer des manières androcentriques de voir la réalité, le monde… et surtout à renoncer à la dévaluation ou à la mésestime de son être de femme… C’est finalement sortir d’une conscience aliénée pour se centrer sur ses propres expériences de femme.

La conscience féministe comme lieu d’un « devenir soi-même » permet ainsi de voir le lien qui existe entre le personnel et le social (ou le politique) et peut donner lieu à une solidarité ou une sororité considérée comme un élément d’intégration très important dans son cheminement personnel.

Dans une spiritualité féministe, le « cheminement spirituel » est intégré dans — ou même participe à — ce processus féministe de « devenir soi-même ». D’où le travail nécessaire de réinterprétation de la théologie féministe pour nommer, à partir de nos expériences de femmes, notre rapport au sacré, au divin, à dieue, de manière à pouvoir nous approprier notre propre chemin spirituel comme femmes.

LOUISE MELANÇON, MYRIAM